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SERGE JANOUIN-BENANTI |
Les Empoisonneurs. 13 Affaires CriminellesAux éditions DU BOUT DE LA RUEVisitez leur site |
3613Lectures depuisLe dimanche 12 Fevrier 2012
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Une lecture de |
De tout temps, le poison fut l’arme criminelle la plus usitée dans toutes les couches de la société. Et les motifs pour l’employer ne manquent pas. La jalousie, la haine, l’orgueil, la cupidité, la luxure, la passion, la vengeance, l’envie, la concupiscence… Si le plus souvent cette arme fatale est considérée comme un argument féminin, les hommes n’ont pas eu de scrupules à s’en servir. Et puis avouons-le, le poison, contrairement à l’arme à feu, l’arme blanche et l’objet contondant, dont l’emploi ne se traduit que par violence, brutalité, immédiateté, le poison relève de « l’art scénique ! ». Le trio magique et tragicomique du vaudeville, cher à nos boulevardiers, est la composante principale des histoires que nous narre Serge Janouin-Benanti, lequel s’appuie sur des faits réels qui se sont déroulés au cours du XIXème et début XXème siècle dans ce que l’on pourrait appeler la France profonde, et même en Belgique. Trio du mari, de la femme et de la maitresse ou de l’amant. La femme délaissée par son mari et qui espère trouver auprès d’une âme masculine charitable la jouissance charnelle dont elle est dépourvue est un personnage plus fréquent que l’on pourrait croire. Malgré les idées reçues selon lesquelles les femmes sont fidèles, n’attachent aucune envie à l’amour physique, et que les hommes sont volages, butinant plus facilement comme les abeilles à gauche, à droite, sans que cela soit répréhensible. Prenons un exemple significatif qui pourrait être amusant si la mort n’en était pas la résultante tragique. Dans Mais je n’ai rien fait, moi ! le protagoniste principal est un prêtre de province. Son prédécesseur, possédant la réputation de chaud lapin, a été muté dans une autre paroisse, et le docteur du village le met en garde. Le médicastre avait reçu des lettres anonymes mettant en cause sa femme et deux de ses amies, l’informant qu’il était cocu. Il ne veut pas croire en son infortune, d’ailleurs pour réfréner les ardeurs supposées de son épouse, il l’honore deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche. Il est bien conscient que la femme de trente ans qui s’ennuie est bien la pire des tentations que peut croiser un homme dans sa vie de pécheur. Un peu naïf le brave docteur qui court par monts et par vaux, sa sacoche à la main, soignant ses malades. Quant au curé il subit les assauts de l’épouse en manque et n’y résiste guère. Mais sa bonne, que rien ne gratouille, que rien ne chatouille, est une fouineuse, une bavarde, et ne trouve rien mieux que s’adonner au chantage lorsque son employeur de curé veut la renvoyer dans ses foyers. Evidemment, où serait le charme sinon, homicide est perpétré, mais ce n’est pas forcément le coupable qui est arrêté. Dans Les gâteaux empoisonnés de Tarbes, le défunt n’était pas la cible désignée. Auguste Borromée est employé à la Poste de Tarbes, il travaille de nuit et sa besogne, qu’il partage avec deux autres collègues, lui laisse un peu de temps libre. Il est curieux et gourmand. Aussi en déballant un paquet qui l’intrigue il découvre de petits gâteaux tarbais fabriqués par la pâtisserie la plus cotée de la ville. Malgré le nombre restreint de douceurs, il ne peut s’empêcher d’en dérober une qu’il partage avec ses compagnons, en s’octroyant le plus gros morceau et la cerise qui orne le dessus. Une désillusion pour les trois hommes pour qui la réputation de la pâtisserie est surfaite. Les gâteaux sont amers et ils ressentent peu après des douleurs. Mon bon droit met en scène un jeune homme qui désire ardemment devenir pharmacien. Il est employé dans une officine, mais le potard n’apprécie pas son travail. Il ne manque pas de le rabaisser devant les autres apprentis, et de plus il lui reproche un manque dans la caisse de 75 centimes. Il ne l’accuse pas ouvertement de vol, mais de négligence surtout. Pourtant Fernand Leborre est persuadé que s’il apprenait le métier d’apothicaire chez un autre patron, son avenir serait tout tracé. Il ne se rend pas compte qu’en réalité il n’est qu’un mégalomane, un peu niais, maladroit, ayant de grosses difficultés pour étudier. Pourtant il est persuadé qu’il est un chimiste de renom en devenir. Au travers de ces trois histoires, vous pouvez vous faire une opinion de la richesse des chroniques que nous délivre Serge Janouin-Benanti dont il s’est fait spécialité. Des histoires qui nous entraînent dans un univers peut-être désuet, car aujourd’hui la violence et les meurtres sont plus l’apanage de truands ou de personnes qui utilisent volontiers des méthodes plus radicales et rapides même si parfois l’empoisonnement défraie la chronique. L’auteur explore la psychologie des personnages et privilégie les descriptions des mœurs dans une époque qui ne bénéficiait pas des avancées technologiques et scientifiques que nous possédons actuellement. De plus ce genre d’ouvrage est un puits sans fond duquel les auteurs de romans policiers peuvent haler à satiété des idées à développer.
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