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RYAN DAVID JAHN |
De Bons VoisinsAux éditions ACTES N OIRS |
1594Lectures depuisLe vendredi 13 Janvier 2012
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Une lecture de |
À New York, Kat est une jolie brune de vingt-huit ans. Le 13 mars 1964 à quatre heures du matin, elle ferme le bar de nuit où elle travaille. Cette jeune femme volontaire rentre chez elle en voiture, à quelques minutes de là. Ayant garé sa Studebaker sur le parking de son immeuble, Kat traverse la cour quand elle est poignardée par un inconnu. Plusieurs voisins sont éveillés à cette heure. Ils se rendent compte de l’agression. Seul Patrick, dix-neuf ans, intervient vaguement. Le quidam s’enfuit. Chacun des habitants pensant que quelqu’un d’autre a déjà téléphoné à la police, personne ne vient en aide à Kat. Il est vrai que tous ont des préoccupations qu’ils estiment plus importantes. Convoqué pour l’armée, Patrick se demande qui va se charger à sa place de sa mère, gravement souffrante. L’infirmière blanche Erin a envoyé son mari noir Frank vérifier si l’accident qu’elle vient de causer a des conséquences mortelles. Diane fait une scène de ménage à son époux Larry, rentré si tardivement de sa soirée au bowling, peut-être resté chez sa maîtresse. Un autre couple de voisins s’essaie à l’échangisme, au risque pour le mari de confondre sexe et sentiments. Quant au solitaire et suicidaire Thomas, il se prépare à une mort propre. Son compréhensif ami Christopher s’invite chez lui. Cette vie de famille idéale dont il parle souvent, Thomas lui avoue que c’est un mensonge. Dans le quartier, surviennent d’autres évènements tandis que Kat attend en vain du secours, faiblissant peu à peu. Ancien enseignant, M.Vacanti a un sérieux accident de voiture. Quand arrive l’ambulancier David, il reconnaît la victime. Le policier Alan Kees fait sa ronde dans son véhicule de service. Lui qui se prend pour un bon flic, il en profite pour gérer ses combines, qu’un maître-chanteur met en péril. Il va régler le problème à sa manière, violente. Lorsque Frank, le mari d’Erin, a pu vérifier les dégâts que sa femme a causé, il est prêt à rentrer. Mais il est entraîné dans une sale affaire, où un Noir a peu de chances de se voir innocenté. William, l’agresseur de Kat, est passé chez lui. Toutefois, il a encore besoin de sortir. Dans l’immeuble, les voisins ont oublié Kat, qui garde encore quelques forces… Environ deux heures, c’est le temps que dure cette histoire. Une agression qui ne perturbe guère la brochette de voisins passifs, dont nous suivons les petits tracas et les cas de conscience personnels. Malgré ces vraies ou fausses raisons, ces gens sont tous fautifs de ne pas intervenir. Que ce roman s’inspire d’un faits divers de l’époque, ce n’est pas tant ce qui importe. Car il s’agit ici d’une fiction, d’un habile chassé-croisé de personnages, d’une mécanique idéalement huilée. Chacun vit égoïstement ces minutes si longues pour la pauvre Kat, blessée qui ne désespère pourtant pas. Nous sommes dans le contexte de l’Amérique des années 1960. Certes, les mœurs sexuelles sont moins libres que de nos jours, et le flic Alan est un ripou de la pire espèce, par exemple, mais l’auteur n’abuse pas des clichés. Au contraire, il restitue une ambiance aussi sombre que cette fin de nuit agitée. On en oublie les rouages du récit criminel, pour apprécier la psychologie profonde rendant crédibles les protagonistes. Le sort de Kat n’est pas le seul suspense alimentant cette intrigue aux ramifications entremêlées. Un roman impeccable ! |
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