|
|
THIERRY JONQUET |
La Vigie Et Autres NouvellesAux éditions FOLIOVisitez leur site |
7480Lectures depuisLe mercredi 16 Septembre 2009
|
Une lecture de |
Auteur de romans noirs sociaux, à l’analyse profondément humaine et humaniste, Thierry Jonquet n’a que très peu abordé le genre de la nouvelle. Neuf ont été rassemblées lors d’une première édition aux éditions de l’Atalante, avec un avant-propos d’Hervé Delouche qui mettait l’accent sur les différentes facettes de ces histoires dans lesquelles l’humour n’était jamais bien loin. L’humour mais également les côtés sarcastique et caustique dont Thierry Jonquet usait volontiers. Neuf nouvelles plus ou moins longues, Automne paru dans Agenda noir des éditions Locus en 1986 fait à peine une demi page, qui recèlent comme une sorte de rage froide envers les travers de la société, même si cela est quelquefois englué dans une sorte de légèreté, de frivolité. Ainsi Trente sept annuités et demi, paru aux éditions du Dilettante en 1990, nous plonge dans les arcanes de l’Administration, le narrateur, qui pourrait être l’auteur, prenant pour se défouler un chef de service comme personnage principal. Mais c’est bien l’Administration dans son ensemble qui est dans le collimateur, témoins ces deux petits extraits : “ Dans certains recoins arriérés de la fonction publique, cette transhumance est régie par un code désuet qui emprunte au jargon ecclésiastique : on remplit des fiches de vœux. Les vœux se mettent en fiche voyez-vous. On fait ses vœux. Comme la nonne qui aspire à passer son existence au couvent. ” ou encore cette propension chère aux technocrates à faire compliquer quand on peut faire simple, le jargon administratif qui fleure bon le langage ampoulé proche d’un patois d’énarque snobinard et imbu de lui-même : ainsi au lieu de dire “ Il n’y a plus assez d’argent pour faire réparer la photocopieuse ”, le chef de service va s’exprimer ainsi : “Les dépassements budgétaires concernant le matériel de reprographie font en sorte que les procédures de maintenance des appareils susnommés semblent devoir être différés ”. Le témoin, paru dans Pages Noires (Gallimard) en 1996, est une savoureuse épître due à un jeune habitant une cité banlieusarde destinée à un journal et dénonçant les agissements des frères Lakdaoui, petites frappes locales qui font appliquer la loi, leur loi, dans les barres H.L.M. par tous les moyens, de préférence brutaux.Natalya, paru dans la revue Chorus en 1996 , met en scène, c’est le mot, un personnage considéré comme un espion, kidnappé par deux hommes de main commandés par une femme nommée Natalya. Mais l’esprit retors de Thierry Jonquet nous délivre un épilogue particulièrement réjouissant propre à dompter tous les fantasmes. La bataille des Buttes-Chaumont oscille entre S.F. et Polar. En l'an de grâce 2028, un héros à l'étrange personnalité narre la guerre livrée par Garry, grand maître à la préfecture de police de Paris, afin de bouter hors de la capitale tous les étrangers, de couleur ou non, tous les envahisseurs qui s'agglutinent de l'autre côté de la muraille de béton, tous les émigrés qui squattent depuis des décennies le nord de la Ville Lumière. Humour noir pour la description d'un avenir peut-être pas si imaginaire que cela, à prendre au second degré. Un ouvrage qui risque de ne pas figurer dans les bibliothèques de certaines municipalités à moins que cela leur donne des idées, ou les conforte, sur la meilleure manière de se débarrasser de personnages à l'origine ethnique pas assez gauloise et jugés indésirables. Ce court roman avait paru aux éditions de la Loupiote en 1997, associé à un texte de Francis Mizio et il n’a pas pris une ride. La Vigie, l’histoire d’un vieux poilu de 14/18 qui décède alors que la commémoration de l’armistice doit se dérouler en ce mois de novembre 1995 dans un petit village qui a connu de longs mois de souffrance, et laisse derrière lui un curieux héritage, a été publiée dans le Monde en août 1996 tandis que La colère d’Adolphe nous envoie dans un monde dit meilleur où se côtoient Beethoven, Homère, Mozart, quelques musiciens de jazz et Adolphe Sax. Cette nouvelle faisait partie du recueil de la Série Noire Les treize morts d’Albert Ayler daté de 1996 également. Quelques autres textes figurent dans ce spicilège mais ceux qui sont présentés ici devraient appâter le lecteur sans dévoiler outre mesure tous ces textes. |
Autres titres de |