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THIERRY JONQUET |
La Bête Et La BelleAux éditions FOLIOVisitez leur site |
3170Lectures depuisLe mercredi 16 Septembre 2009
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Une lecture de |
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Ce roman, construit à partir d’un fait divers, a eu les honneurs d’être le numéro 2000 de la Série Noire, ce qui mettait sous les projecteurs un jeune (à l’époque) auteur français débutant dans le redoutable métier d’écrivain engagé, humaniste et social. L’intrigue se révèle simple, mais pourtant efficace : L’association entre Léon, un vieux clochard, moche, sale, et le personnage principal, surnommé le Coupable, professeur dans un C.E.S., est mal vue par la femme de ce dernier. Un jour le Coupable annonce à son ami Léon qu’il s’est débarrassé de sa légitime prénommée Irène et a caché son cadavre dans le congélateur. Bientôt cet appartement, dont toutes les pièces sont envahies par un immense circuit de trains électriques et où vivent deux êtres dérangés mentalement, peu ou prou, cet appartement va devenir progressivement un entrepôt d’ordures ménagères, de sacs à poubelles en plastiques, pleins, que le Coupable entasse d’abord sur le congélateur, puis tout autour, condamnant peu à peu l’accès des pièces de l’appartement. Cette histoire n’est pas misérabiliste, mais c’est une histoire de misérables, dans le sens hugolien, comme aimait à le déclarer Robert Soulat qui avait succédé à Marcel Duhamel à la tête de la Série Noire. Or si cette histoire, comme je l’ai déjà écrit, prenait sa substance dans un fait-divers, elle s’est répétée par la suite. Comme quoi, la réalité rejoint la fiction, et inversement.
N°2000. Parution 1985. 160 pages. Réédition mai 1995. Nombreuses autres rééditions disponibles que le site de la Série Noire. Le numéro 2000 de la Série Noire : un numéro... impérissable ! Dans un petit cimetière de Normandie le commissaire Gabelou surveille l'exhumation du cercueil du Gamin. Le médecin légiste qui l'accompagne ne peut déterminer avec certitude si la mort a été accidentelle ou le fait du Coupable. De loin l'Emmerdeur, agent d'une compagnie d'assurances, assiste à cette étrange cérémonie. Une énigme qui s'ajoute à celles du Commis Boucher et de la Vieille. De retour à Paris Gabelou s'enferme dans son bureau avec Léon, le Clodo, l'ami du Coupable. Etrange affaire que celle du Coupable et que doit démêler Gabelou. Le Coupable était instituteur à Altay, ville champignon de la banlieue. Malgré sa jeunesse, c'est un homme effacé, maniaque, propre, prônant les vieux principes de la scolarité. Irène, sa femme, ne lui accorde ses faveurs qu'une fois par an, étant beaucoup plus sensible aux charmes de ses collègues de l'Education nationale. Le Coupable possède une passion : les maquettes de train. Un jour la coupe déborde. Irène se moque une fois de plus du Coupable qui a encore loupé le concours d'Inspecteur, alors qu'il n'avait pas le temps de le préparer, obligé de faire des heures supplémentaires en garderies, en cours particuliers, afin de satisfaire ses goûts dispendieux. Il tue Irène et cache son corps dans le congélateur. Puis il entasse les sacs poubelle dessus. Bientôt tout l'appartement est envahi de sacs de détritus. Seul le vestibule est épargné. Le Coupable et Léon sont obligés de ramper sous une sorte de tunnel, des planches supportant les sacs qui s'amoncellent dans toutes les pièces. Tout cela Gabelou l'apprend par des cassettes que le Coupable enregistrait, un journal parlé, ce qui lui laissait les mains libres pour monter les maquettes. Léon pense qu'il sait tout mais il s'enferme dans son mutisme. Dans ses enregistrements le Coupable avoue être le meurtrier de la Vieille, une voisine, et avoir mis en scène un suicide au gaz. Mais pour Gabelou il ne s'agit pas d'une preuve tangible, concrète. Il écoute les cassettes, les réécoute. La deuxième victime est le Commis Boucher qui se rend à l'appartement du Coupable. Peu de temps après, alors qu'il roulait à vélo, il est victime d'un accident de voiture. Le Coupable se vante d'en être à l'origine, mais les premiers rapports démontrent qu'il n'a pu provoquer l'accident avec son véhicule. L'Emmerdeur parvient à prouver que c'était possible. Ensuite le Gamin qui voulait rendre des outils empruntés au Coupable se faufile sur le balcon. Il décède en tombant d'un wagon alors qu'il rejoignait Paris. Le Coupable se vante d'avoir éliminé ces intrus car ils pouvaient raconter ce qu'ils étaient sensés avoir vu. Les mauvaises odeurs envahissent l'appartement, les sacs éclatent et un jus noirâtre s'en échappe.
Si dans Mygale (cf SN1949) Thierry Jonquet mettait en scène une vengeance que l'on pourrait qualifier d'extérieure, dans La bête et la belle il nous livre une histoire tout aussi intimiste et dont le thème est toujours la vengeance, intérieure cette fois. C'est une histoire de misérables dans le sens de Victor Hugo, ce n'est pas une histoire de misérabilisme. De même que dans les Misérables, il y a une miséricorde. (Robert Soulat). Avec Didier Daeninckx, Joseph Bialot, Jean-Paul Demure, Marie et Joseph, Thierry Jonquet fait partie de la relève de la Série Noire. Robert Soulat à l'occasion de la sortie du numéro 2000 avouait qu'il avait le vertige devant cette prolifération d'auteurs français de talent et se demandait si un jour il n'y aurait pas plus d'auteurs français à la Série Noire que de lecteurs.
Citation : Rester propre, c'est ne pas avoir besoin des autres, ne rien quémander, subvenir soi-même à ses besoins.
Curiosité : Thierry Jonquet déclare, toujours à l'occasion de la parution de ce livre et des quarante ans de la Série Noire, que cette histoire est issue d'un fait divers. Il a travaillé dans ce genre de collège et de ville de banlieue sordide. De nombreux cas de rétention d'ordures existent, et leurs auteurs en général sont des gens d'apparence respectable.
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