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HERVE JAOUEN |
Suite IrlandaiseAux éditions PRESSES DE LA CITEVisitez leur site |
1947Lectures depuisLe mardi 1 Octobre 2008
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Une lecture de |
Un couple de Bretons visitant l’Irlande serait-il impliqué dans une affaire judiciaire ? Comme chez Ken Bruen, cette verte contrée aurait-elle basculé dans la criminalité ? Non, bien que l’auteur soit un brillant romancier, il ne s’agit pas cette fois d’une fiction. Dans la belle tradition littéraire des journaux d’écrivains, Hervé Jaouen nous raconte depuis 1977 sa passion pour l'Irlande à travers plusieurs ouvrages : « Journal d'Irlande » (de 1977 à 1989), « Chroniques irlandaises » (de 1990 à 1995), ou « La cocaïne des tourbières »(2002). Il fait partager aux lecteurs ce qu'il vit, avec son épouse Annie, lors de leurs voyages dans ce pays. Voici donc une nouvelle époque de son journal. L’Irlande change. La population ne peut qu’accepter cette évolution. Craignant sans doute de ne plus trouver autant de personnages attachants ou insolites, et de lieux de pêche satisfaisants, Jaouen constate la modernisation. Avec sa coutumière lucidité, sans porter de jugement. Joséphine, qui les accueillait depuis dix-huit ans à Cushlough House va prendre une retraite méritée. Trouver d’autres farmhouses n’intéresse le couple que s’il y sent une ambiance amicale, sincèrement chaleureuse. Peut-être chez Mary Lydon ? À Ballrinrobe, le pub de J.J.Gannon où ils avaient leurs habitudes a été refait à neuf. Pas si mal. L’important est d’éviter le tourisme friqué, de traquer l’authenticité. Comme ce curé qui, en chaire, donne des prévisions météo. Ça n’existe sûrement qu’en Irlande. Oser l’expérience de gravir le Croagh Patrick, qui se mérite - ainsi que le vérifie Mme Jaouen. La pêche est toujours le prétexte de leur voyage. Même si certaines sortie, sur les lacs, en baie de Ballynalty ou sur la Cong River, s’avèrent parfois risquées. Même si truites et saumons se font rares. Même si les tarifs des droits de pêche frisent l’escroquerie (l’Irlande change). L’essentiel, c’est la population. Rencontrer des gens « je ne sais pas si c’est une question de chance. Plutôt une question de résonance magnétique entre l’Irlande et le voyageur. Mais bon, pour ne pas assassiner les rêves de ceux qui poursuivent les cerfs-volants avec des semelles de plombs, disons, oui, que la chance me sourit. » Les anecdotes (et la nouvelle) de leur ami Jim Robson, des piliers de bars plus ou moins calmes, le marché de Maam Cross, un couple nord-irlandais sympathique, de jeunes collégiennes en uniformes, et tant d’autres rencontres. Dont Jaouen s’inspire quelquefois dans ses romans irlandais, tel « Le testament des McGovern ». Hommages littéraires, aussi. À Guillevic, Anjela Duval, et à tous les poètes celtes admirables. À l’écrivain John MacGahern, dont le talent est reconnu par les Irlandais à son décès. Mais aussi au roman noir. « Le Galway que décrit Ken Bruen dans ses polars serait-il une réalité ? Un Galway hanté par une population de marginaux, alcooliques, junkies, trafiquants en tous genres, au milieu desquels son personnage Jack Taylor ex-flic viré de la Garda, consommateur lui-même d’un tas de substances vénéneuses, mène des enquêtes déjantées (…) Le roman noir est un roman de légère anticipation. » On aura compris qu’il ne s’agit nullement de souvenirs tourisques, mais bien d’une œuvre littéraire. On aime la tonalité fluide, amusée, lucide ou tendre d’Hervé Jaouen. C’est aussi passionnant que ses romans. |
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