A Grenoble, Roland Sapey est interrogé par le commissaire Granier. Il détaille la vie de Yossef Blumenthal. Pianiste de jazz, ce Juif hollandais fut envoyé dans les camps nazis. Il y tomba amoureux de Valaida Snow, une noire Américaine, trompettiste et chanteuse de jazz confirmée. Durement traité, Yossef perdit deux doigts. A Buchenwald, il remit en état un saxophone avec les moyens dont il disposait, et apprit à en jouer. A la libération des camps, toute sa famille avait été exterminée. Musicien doué et modeste, Yossef joua dans les clubs de St Germain des Prés, avec tous les grands noms du jazz. Plus tard, grâce à Sapey, il s’installa à Grenoble, sans jamais revoir Valaida.
Yossef Blumenthal a été assassiné quelques jours plus tôt. Son précieux saxo de Buchenwald n’est plus dans sa cachette. Ce ne sont pas ses agresseurs qui l’ont volé. Car, plus tard, les deux mêmes se sont attaqués à Sapey, cherchant l’instrument. Malgré la violence de ces types, il résista autant qu’il put. Quand l’occasion de les abattre se présenta, il n’hésita pas. Il se débarrassa des cadavres. Finalement, il éprouve le besoin de se confier à la police. Grand amateur de jazz, le commissaire Granier s’interroge. Se présentant comme victime, Sapey peut aussi bien être un mythomane ou un criminel retors. Après la garde à vue, Sapey est mis en prison. Le policier se documente, à la fois sur Valaida Snow et sur la douloureuse époque des camps nazis. Il rencontre à Paris le fils de Yossef, qui ne doute pas de la sincérité de Sapey...
Quand le devoir de mémoire s’associe à la passion du jazz… L’auteur milite contre l’oubli, qui permet le retour de toutes les formes de racisme. Il décrit la vérité des camps d’extermination, refuse la négation de l’horreur, alerte sur les dangereuses nostalgies. Il retrace un destin qui, s’il est fictif, n’en est pas moins crédible et réaliste. Quant à Valaida Snow, elle a vraiment été une figure du jazz. Faute de la connaître, on peut imaginer sa musique (forcément mélancolique) accompagnant ce récit. L’intrigue criminelle proprement dite ménage un bon suspense. Un roman utile contre les extrémismes, mais aussi une très belle histoire.
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