Née à Bordeaux en 1904, Gabrielle Benzac vit une prime enfance heureuse. Comme dans tant de familles, la première Guerre Mondiale marque une grave rupture chez les Benzac. On est longtemps sans nouvelles du père, prisonnier en Allemagne. La mère est employée à l’hôpital. La jeune Gabrielle montre qu’elle ne manque pas de caractère. De retour chez lui, le père est un homme brisé, traumatisé par les horribles images du conflit. Atteint par la grippe espagnole, il est soigné par son épouse et sa fille. Celles-ci rivalisent pour être la plus présente. Les querelles entre Gabrielle et sa mère sont fréquentes.
Dès son plus jeune âge, Gabrielle s’est intéressée aux grands procès de l’époque : celui de Raoul Villain, l’assassin de Jean Jaurès ; mais surtout ceux de femmes criminelles, telles Marie Lasvand ou, plus tard, Violette Nozière. On condamne rarement les femmes, même Germaine Berthon, auteur d’un crime politique. Les poisons fascinent Gabrielle, depuis qu’un de ses professeurs lui a parlé des dangers du colchique. Son amant Stéphane ne lui inspire nulle grande passion. Mais ce préparateur en pharmacie va lui en apprendre davantage sur les poisons.
Gabrielle s’est mariée à dix-huit ans avec un ouvrier des Chemins de fer, souvent absent pour des chantiers éloignés. Ils ont deux enfants. A la mort du père de Gabrielle, les relations entre sa mère et elle périclitent. Bientôt la jeune femme prend pour amant un ouvrier Algérien. Prévenue par une amie, la mère de Gabrielle menace d’en parler à son mari. Sa fille prétend avoir rompu...
L’auteur s’intéresse ici tout autant au contexte de cette période (1910-1940), qu’au destin de Gabrielle Benzac. Il est vrai que l’entre-deux-guerres fut riche en évènements politiques, historiques et judiciaires. Cet aspect du récit permet de situer le cas particulier de Gabrielle. Egoïste, capricieuse, détestant sa mère, cocufiant son mari, celle-ci n’est pas un personnage attachant, trop sûre que rien ne lui résiste. Néanmoins, on suit avec un certain plaisir le parcours qui fait d’elle une meurtrière. Ces romans s’inspirant de faits réels sont à la fois vivants et documentés, ce qui les rend fort agréables à lire.
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