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PIERRE JARDIN |
Agnès Et Les Vilains MessieursAux éditions LIBRAIRIE DES CHAMPS ELYSEES |
659Lectures depuisLe dimanche 13 Aout 2017
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Une lecture de |
Collection Espionnage Charles Exbrayat N°3. Parution juin 1963. 192 pages. Hommage (tardif) à Michel Durafour, homme politique et romancier, décédé le 27 juillet 2017. Les lectures de l'Oncle Paul étant un blog sérieux, il n'est pas question pour le scripteur de se dévoyer en rédigeant une chronique politique mais de garder la barre sous le vent de la littérature populaire. Aussi le propos n'est pas de rendre hommage à un politicien qui a œuvré sous différents ministères, qui a été maire de Saint-Etienne lors de l'apogée des Verts (quand même !) mais à un romancier qui a écrit de nombreux romans policiers et d'espionnage. Une carte de visite plus glorieuse que celle d'homme politique, et ceci ne s'adresse pas uniquement à Michel Durafour mais à tous ceux qui magouillent sous les ors de la République.
Fille d'un industriel ancien épicier qui a fait son beurre en inventant une crème dessert-minute, Agnès Lorin n'est âgée que de vingt ans mais elle sait déjà ce qu'elle veut. Surtout pas le mari que son père espère qu'elle épouse car elle a des vues sur Marc Bérard, représentant en machines agricoles. Du moins c'est ce qu'il lui a indiqué. Mais Marc Bérard n'exerce pas du tout ce métier. Il est agent secret et pour l'heure, il est en conversation avec son patron, au sujet de plans du Guyenne, la nouvelle fusée française. L'homme chargé de les transporter a été assassiné et bien entendu, les plans ont été dérobés. Et l'enquête confiée à Blaise Saron, un jeune agent, piétine. Bérard a connu Blaise un an auparavant et le jeune homme se réclamait d'une amitié entre leurs parents, bien des années auparavant. Et c'est ainsi qu'il est devenu agent secret, avec l'appui de Bérard. Le grand patron des Services secrets montre une lettre anonyme indiquant que les plans seront restitués contre une forte somme et que l'échange pourrait avoir lieu à l'Hôtel Athena à Rhodes. Il est également signifié qu'une place vacante de barman pourrait convenir à un collaborateur des Services Secrets. Comme Blaise est en charge de l'affaire, il sera envoyé sur place, après une rapide formation, mais Bérard n'est pas du tout d'accord. Il le signifie à son patron et va prendre des vacances... à Rhodes. Il en informe également Agnès lors d'une repas vespéral et en tête à tête, alors que celle-ci lui a réservé une petit surprise. Pour elle, c'était leur repas de fiançailles. A l'hôtel Athena, ou il est reçu par le directeur italien Pipardi, lequel ne semble guère intéressé par l'arrivée de nouveaux pensionnaires, il a la surprise de retrouver Alexis, un confrère espion russe qui doit se produire dans un club comme chanteur. Au cours du voyage il a fait la connaissance d'une charmante vieille dame, pas indigne mais presque, septuagénaire, et d'un professeur, archéologue syrien. Plus un couple d'amoureux, lui Irlandais, elle Espagnole du doux prénom d'Adoracion. Sans oublier les employés de l'hôtel, un Turc et un Grec, ce qui naturellement donne de l'ambiance sachant que les deux peuples n'entretiennent guère de relations amicales. Et Blaise qui semble à l'aide dans son rôle de barman, sans oublier Agnès qui arrive inopinément.
S'ensuit un chassé-croisé dans une réunion d'espions, déclarés ou non, de contrebandiers sans scrupules, de vrais faux amoureux, un ensemble de quiproquos alimentés par l'humeur versatile d'Agnès. Car la jeune fille, qui croit que son prétendu fiancé et Marc sont à Rhodes pour effectuer un cambriolage de banque, pique ses colères aussitôt éteintes pour redevenir la tendre fiancée, exerçant un chantage auprès de Bérard, devenant sans prévenir une tigresse. Elle fait un peu penser à l'héroïne caractérielle de Charles Exbrayat, Imogène McCarthery, mais sans sa propension à ingurgiter du whisky. Cette boisson est réservée à Mrs Galiday, l'Américaine septuagénaire, au caractère bien trempé. Les malentendus, les situations équivoques s'enchaînent avec un humour débridé qui n'a rien perdu de sa saveur, même si certains passages paraissent un peu longuets. Malgré son statut d'homme politique en devenir, car à l'époque où parait ce roman, Michel Durafour n'est que maire-adjoint de Saint-Etienne, depuis 1947 toutefois, et fut conseiller général du canton de Saint-Etienne Nord-Est. Parfois, il se permet quelques piques, concernant les communistes notamment, mais celles-ci sont rapidement contrebalancées, comme dans une conversation entre deux personnes honnêtes mais de confession politique différente.
Curiosité : Le copyright est attribué à Jean Claude Fiard, lui-même auteur dans la même collection de quelques romans dont Des raisons pour mourir et Quand chante le tambour, auteur dont on ne sait rien, sinon qu'il a également publié Une tombe sous les hévéas, dans la collection Vidocq N°1 aux éditions Cœur de Vey en 1959. D'après l'étude de Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret, Le Vrai visage du Masque paru aux éditions Futuropolis en 1984, Jean-Claude Fiard serait né à Montluçon, sans plus de précision. Alors erreur de l'éditeur ? Pierre Jardin alias Michel Durafour se cacherait-il sous le pseudonyme de Jean-Claude Fiard ? Ou le contraire ? Toutes les suppositions sont à envisager. |