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BRUNO JACQUIN |
GaleuxAux éditions CAIRNVisitez leur site |
2005Lectures depuisLe mercredi 26 Juillet 2017
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Une lecture de |
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Collection du Noir au Sud. Parution le 11 mai 2017. 272 pages. 11,00€. Le GAL, l'égout... Mais c'est quoi ça, le GAL, demande Inès, âgée de vingt-deux ans. Elle n'a pas connu cette organisation qui pour combattre l'ETA, s'est comportée comme une faction mafieuse. L'ETA, Euskadi Ta Askatasuna qui signifie Pays basque et liberté, elle connaît. Trop bien même, car son père fut la victime d'un règlement de compte entre ettaras, entre membres de l'ETA. Elle n'avait que deux ans. C'était en 1985. Sa mère étant morte à la naissance, ce sont ses grands-parents maternels qui l'ont élevée. Surtout son grand-père, Papou, car Nanou, sa grand-mère victime d'un AVC, dommage collatéral de la mort de son fils, est aphasique depuis cette époque. Elle s'est réfugiée dans la peinture. Vingt ans plus tard, Mai 2005. Casimiro Pozuelo et sa femme habitent Cergy-Pontoise, Inès fréquentant l'université préparant une licence d'histoire, mais ils retournent souvent lors des vacances à Bassussary, leur maison du Pays Basque. Et alors qu'en cette fin d'année scolaire elle s'amuse dans un club de Cergy en compagnie de son amie Amaia, elle reçoit un message de sa grand-mère indiquant qu'il est arrivé quelque chose à Papou. Si elle parle avec difficulté, Nanou peut au moins tapoter sur son téléphone. Le grand-père est à l'hôpital de Bordeaux, victime d'un attentat, et son pronostic vital est engagé. Mais ce qui inquiète le plus Inès, ce sont les renseignements qui lui sont fournis notamment par les policiers. Papou a reçu deux balles dont une dans la mâchoire, et s'il vit c'est par miracle. Sur sa voiture un message sibyllin a été tagué : Galeux. D'où la question qu'Inès se pose et dont elle aura des éléments de réponse par un jeune lieutenant de Bayonne, et quelques autres personnes de son entourage, dont la voisine de ses grands-parents et mère d'Amaia. L'affaire est couverte par un policier de l'Antiterrorisme, un nommé Chaloyard qu'elle rencontre un peu trop souvent sur sa route. Elle a connu lors d'une soirée en compagnie d'Amaia, à Bordeaux, un jeune Basque du nom de Mikel. Ils se retrouvent de temps à autre, surtout lorsqu'elle est à Bassussary. Mais lui aussi a connu une enfance difficile, mouvementée, par la mort de son père. Mikel doit s'envoler pour l'Argentine et elle tente de le joindre, sans résultat. Il ne répond pas à ses messages et lors de ses connexions sur Skype. Elle va apprendre incidemment qu'il est au Venezuela, et comme ce sont les vacances, elle se rend directement sur place où elle sait qu'elle pourra obtenir des renseignements sur son passé, et celui de son grand-père, par un ancien activiste basque qui s'est réfugié et construit une nouvelle vie près de Caracas.
Si l'intrigue repose essentiellement sur les recherches d'Inès, concernant son grand-père et le rôle que celui-ci aurait pu être amené dans l'attentat contre son père vingt ans auparavant, sur ses désillusions, ses appréhensions, ses doutes, ses suspicions, sa colère, sa rancœur, l'auteur se penche sur les exactions et agissements malsains, délétères, voire inhumains de la part du GAL. Il ne prend pas partie sur les revendications d'Ettarra, sur les attentats provoqués par les indépendantistes basques, surtout espagnols, mais met en exergue les violences perpétrées par les Galeux. Des membres d'une organisation officiellement officieuse espagnole, composée de membres des services spéciaux espagnols, de la Guardia Civil et de la Police nationale. Ceux-ci recourraient eux-mêmes aux services de criminels de droit commun pour leurs opérations, des mercenaires, des fascistes, de franquistes, à laquelle se sont joints d'anciens membres de l'OAS, et des policiers français qui agissaient en toute impunité. Si le gouvernement français de l'époque avait officiellement dénoncé et condamné les incursions des policiers espagnols sur le territoire français, il ne faut pas oublier que Felipe Gonzáles était socialiste, tout comme le président de la République Française, et qu'ils étaient amis. Et que le rôle de Mitterrand dans cette affaire n'est pas clairement défini. Il existe les versions officielles et celles qui prêtent à interprétations soulevant de nombreuses questions sur son hypocrisie qui s'était manifestée à maintes reprises, durant le conflit de la Seconde Guerre Mondiale par exemple, et bien après. Possédant une formation d'avocat et fin diseur il savait se dépêtrer des situations ambigües. On ne va pas refaire l'histoire même si certains peuvent être choqués par ces propos. Or on connait le comportement de certains hommes politiques qui se revendiquent toujours du mitterrandisme, ou pas. Les bavures existent, elles ont été prouvées, et si l'auteur les met en exergue, il ne porte pas de jugement tranché, surtout sur les ettarra. Il faut savoir faire la différence entre terroristes, ceux qui entretiennent la terreur par leurs actions illégales dans un pays qui n'est pas le leur, et les indépendantistes qui revendiquent leur liberté. Ainsi peut-on, selon le parti dans lequel on se place, affirmer que les Résistants étaient des terroristes, cela dépend du point de vue de tout un chacun. Mais les frontières déplacées au gré des guerres, les compromis scindant un pays en deux, rejetant de part et d'autre la population, n'ont jamais amené à un régime de paix. Il n'est pas besoin d'aller en Afrique, avec les rivalités ethniques dues à de petits arrangements coloniaux, pour en fournir des exemples concrets. Et tout dernièrement les soulèvements, les guerres fratricides en Europe Centrale montrent l'évidence de ces propos qui dépassent largement le thème de ce roman. Quoi que... Et ceux qui sont considérés comme des séparatistes sont en réalité des ré-unionistes, désirant reforger leur pays scindé en deux par des frontières non naturelles. Au delà de l'histoire, c'est l'Histoire que Bruno Jacquin nous propose de visiter ou revisiter.
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