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VIVIANE JANOUIN-BENANTI |
Le Grenier Magique. L'inimaginable Crime De Châteauroux.Aux éditions GESTE EDITIONSVisitez leur site |
1549Lectures depuisLe lundi 3 Janvier 2017
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Une lecture de |
Parution le 30 août 2016. 280 pages. 16,00€. Ma grand-mère a un grenier plein de toiles d'araignée ; mais dans les coffres de bois on y trouve des merveilles... (Claude CLEMENT) Mais dans le grenier évoqué dans ce roman, inspiré de faits réels, ce ne sont pas forcément la présence de jouets qui incite l'abbé Henri Tissier à inviter la jeune Clémence à s'y rendre. Tout commence en 1853, lorsque le curé Georges, de la paroisse de Saint-Maur près de Châteauroux, tombe malade. Il a monté un mur, un beau mur tout le monde l'affirme, sous la pluie, et depuis il tousse à rendre l'âme et ne peut plus se lever. Sa bonne Marie est désolée, d'autant que le médecin n'arrive pas à juguler la maladie. Le jeune abbé Henri Tissier est chargé par l'évêché de le suppléer dans ses tâches sacerdotales. Il est beau, charmant, affable, l'abbé Tissier et si les paroissiens se désolent de l'agonie du curé Georges, ils acceptent avec plaisir son remplaçant. Le curé Georges demande à l'abbé d'aller voir Denise Mesure, la femme du garde-champêtre. Elle a la réputation de s'y connaître en plantes médicinales et elle pourrait peut-être lui préparer des potions susceptibles de l'aider à le soulager. Lors de sa visite à cette dame Mesure, dont l'habitation est sise non loin de la forêt, l'abbé Tissier remarque la jeune Clémence, neuf ans. La gamine est elle aussi impressionnée par cet abbé et lorsqu'elle se rend au catéchisme, elle n'a d'yeux et d'oreilles que pour lui. Clémence est tellement subjugué par cet abbé aux allures de dandy, que lorsqu'à la fin du catéchisme, en cachette des autres enfants, il lui propose de visiter le grenier magique, elle ne refuse pas. C'est l'engrenage infernal qui débute et durera des années. Clémence devient renfermée, parfois coléreuse, elle refuse même l'Eucharistie. Son père trop occupé à placer ses procès-verbaux ne se rend compte de rien. La mère, elle, se pose des questions, mais elle attribue ce changement d'humeur de sa fille à l'âge ingrat. Les parents confits en dévotion deviennent sourds et aveugles aux tourments de leur fille. Le curé Georges vit toujours, alité, et l'abbé Tissier reste à demeure. Personne ne s'aperçoit de la transformation physique et psychique de la gamine, tout juste ose-t-on proférer qu'elle est dérangée. Elle doit subir seule son esclavage.
Triste histoire de cette fillette qui à l'âge de neuf ans connaîtra le loup comme il était de bon ton de le dire dans les campagnes. Elle va bientôt vivre repliée sur elle, dépendante de cet abbé exigeant, autoritaire envers elle et affable envers ses paroissiens. Ce qui est le plus désolant dans cette affaire, c'est l'aveuglement des adultes, pour qui un homme de religion ne peut être que bon et aimant, dont les actes ne peuvent être contraires aux principes édictés par la charité chrétienne et dont la morale ne peut être prise en défaut. Seulement, aujourd'hui encore nous apprenons tous les jours, ou presque, que de telles dérives existent toujours. Et que l'impunité prévaut sauf lorsque la voix populaire se fait assourdissante. Une fois de plus Viviane Janouin-Bénanti emmène son lecteur dans une trouble affaire exhumée des archives provinciales. Au début on croit lire une histoire telle qu'aurait pu la narrer George Sand, champêtre, pastorale, voire bucolique, mais bien vite on entre dans le désarroi d'une gamine à cause de l'inconscience et le déni face aux comportements de religieux qui, après tout sont des hommes comme les autres avec leurs défauts. |