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PASCAL JAHOUEL |
Un Temps De Chien !Aux éditions LAJOUANIEVisitez leur site |
1531Lectures depuisLe samedi 7 Novembre 2015
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Une lecture de |
Collection Roman policier mais pas que... Parution le 28 aout 2015. 240 pages. 18,00€. Un temps à ne pas mettre un policier dehors ! Mais que fait donc Bertrand Hilaire Lejeune, dit BHL, comme Bazar de l'Hôtel de Lille, attifé en femme par ce froid boréal qui glace les rues du centre ville de Rouen ? Depuis quelque temps, de vieilles dames se font choper leur sac à main en pleine rue, et d'après les témoins, les vauriens seraient des jeunes. Aussi le commissaire Chassevent a imaginé BHL patrouillant dans le quartier, habillé dans la tenue adéquate de la chèvre, et prenant ainsi sur le fait le ou les indélicats. Entre Chassevent et BHL, c'est je t'aime, moi non plus. Et le commissaire a infligé cette enquête à son subordonné comme on filerait une punition à un enfant pas sage. Mais bientôt une autre affaire va occuper BHL, malgré l'heure indue à laquelle Chassevent lui confie le problème. Il est dix-huit heure, l'heure de regagner ses pénates, et pourtant il doit se rendre à Iscampville, constater le décès d'un Roumain par inhalation de monoxyde de carbone. Pour BHL, malgré la mise en scène, il s'agit d'un meurtre. La soirée pépère qu'il s'était promise est fortement compromise, et pour se réconforter, il s'enfile quelques calvados derrière la cravate. Une façon comme une autre de fêter le premier samedi de l'an neuf. Toutefois, malgré les réticences de Chassevent, lequel préfère déguster béatement son whisky affalé dans son fauteuil, BHL continue son enquête sur la mort de Tudor Lupu, ne négligeant surtout pas l'aide que peuvent lui apporter Clarisse, agoraphobe se cantonnant dans un travail de recherches bureaucratiques, ou encore Justin son adjoint auquel il remonte souvent les bretelles. Par Clarisse, BHL apprend que le compte bancaire de Lupu était plus que confortablement approvisionné. Cinq cent mille euros, ce n'est pas une petite somme, même si Lupu fut vingt ans auparavant un joueur de hand-ball renommé et de haut niveau. Et comme dit Clarisse, qui lui rappelle qu'à cette époque, les forçats du ballon touchaient peanuts : Mais si, souviens-toi, c'était avant que les télés s'emparent du sport et le travestissent en un spectacle pour débiles d'où le bon gros flouze coule à flots. Donc Lupu était comblé financièrement mais il n'existait aucun signe extérieur de richesses. C'est ainsi que BHL oriente son enquête vers la municipalité qui l'employait à des travaux divers et comme entraîneur de l'équipe locale de hand-ball. Et notamment des conseillers municipaux prospères, qui sont tout ébaubis. Un autre Roumain est lui aussi retrouvé mort. Mais cette fois le meurtre ne fait aucun doute. Il y aurait-il corrélation entre les deux ? Un commissaire de Paris, vindicatif et arrogant, est dépêché sur place car l'homme n'était que de passage à Rouen, accompagné de prostituées. Du coup Chassevent se hausse du col devant la Fistule, c'est le surnom donné à ce policier imbu de sa personne, et relègue BHL au rôle de petit inspecteur de province ne sachant pas prendre de décisions. Pourtant BHL, pugnace, tenace, ne veut pas en rester là. Il appréhende un gamin, d'origine portugaise, le prenant sur le fait en train de chouraver un sac à main, fait connaissance de sa mère, une brave dame en manque d'affection, de la chef de bande, une gamine qui se déclare végétarienne et méphistophélique, plus quelques autres personnages hauts en couleur et va se trouver dans des situations plus ou moins plaisantes.
Roman ébouriffant, aussi bien dans sa construction, dans son style, dans les scènes parfois épiques qui se glissent dans la narration, dans les petites phrases chocs et dans la description des personnages, Un temps de chien ! fait penser, toutes proportions gardées Pascal Jahouel possédant son propre univers, à un ouvrage qu'auraient écrit en commun Frédéric Dard et San Antonio. Je sais ils ne faisaient qu'un mais leur approche littéraire était très différente. Dans un mélange de français châtié, à la limite trop fignolé, et d'argot plus ou moins récent, Pascal Jahouel a réussi la gageure d'un roman policier moderne écrit à l'ancienne et dont le style narratif fait parfois passer au second plan l'enquête. Ainsi si vous n'êtes jamais allé dans une jardinerie, ou si vous y aller de temps à autre les yeux fixés uniquement sur l'objet de vos désir, je vous conseille de suivre le parcours décrit par Pascal Jahouel, et vous découvrirez ce magasin avec un œil neuf et circonspect.
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