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FRANCOIS JOLY |
L'homme Au MégotAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
939Lectures depuisLe lundi 28 Septembre 2015
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Une lecture de |
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N°2247. Parution novembre 1990. 224 pages. Il fait un tabac ! A quelques semaines d'intervalle, des voyous récemment sortis de prison sont assassinés en différents points du territoire français. D'abord à Lyon, un homme qui fut condamné pour le viol d'une adolescente. Puis à Marseille un souteneur sadique. Dans le Jura, où des frères célibataires se défoulaient en pillant et violant. Des exécutions sans lien apparent, du moins pour la police et pour les journalistes, car pour Curveillé qui découvre par hasard la relation d'un des faits-divers, il s'agit bel et bien du même personnage qui s'adonne à cette chasse d'un genre nouveau. Manie ou signature ? Le tueur a écrasé dans l'une des douilles un mégot de cigarette. Et cette façon de procéder pour le moins bizarre renvoie Curveillé vingt-six ans en arrière, en pleine guerre d'Algérie. Celui qui assassine et signe ainsi ses crimes ne peut être que l'un de ses anciens camarades, l'un de ses anciens compagnons d'arme. En compagnie de Morizio, homme de main de Saryan le marchand d'armes, Curveillé se lance sur les traces de cet ami perdu de vue. Pas pour le livrer à la police, non, mais pour le comprendre, le raisonner, l'exhorter à cesser ce petit jeu. Et puis il y a toujours un moment où l'action, juste ou non, se retourne contre son auteur et Curveillé arrivera à point nommé. Dans la douleur.
Curveillé, le lecteur fidèle de la Série Noire a fait sa connaissance dans Be-Bop à Lola, roman paru sous le numéro 2180. Un premier roman qui m'avait laissé sur une bonne impression. Impression favorable que ne dément point L'homme au mégot. Curveillé n'est pas un surhomme, il a simplement traversé de dures épreuves et il essaie de s'en sortir. Et lorsqu'il s'agit d'un camarade, même perdu de vue depuis longtemps, il se sent investi d'une mission. Ce qui dénote de sa part un manque d'égoïsme. En toile de fond la guerre d'Algérie, cette guerre peu glorieuse et qui entache l'honneur de la France et de ses militaires. Et puis le Jazz imprègne ce récit, un jazz éclectique, dépendant de l'humeur du moment. Un roman qui ne peut laisser indifférent, et François Joly, avec Jacques Syreigeol dans un registre différent mais complémentaire, parle de la guerre d'Algérie avec sobriété, justesse et réalisme. Depuis quelques temps (fin des années 1980), relater des faits de guerre, l'attitude des uns et des autres, voire les dénoncer, n'est plus un tabou, et les petits Français à l'instar des Américains qui exorcisent le drame vietnamien, osent écrire sur ce sujet sensible. |