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PASCAL JAHOUEL |
Un Temps De ChienAux éditions LAJOUANIEVisitez leur site |
1349Lectures depuisLe vendredi 25 Septembre 2015
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Une lecture de |
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Début janvier frisquet dans la région de Rouen. Grimé façon Madame Doubtfire, le policier Lejeune (dit BHL) sermonne vigoureusement un petit délinquant qui a cru que l'agression de vieilles dames était un sport autorisé. Il ne devrait pas recommencer de sitôt, Jorge, le jeune Lusitanien d'origine, s'il a un brin de jugeote. L'irascible commissaire Chassevent invite ensuite Lejeune à une autre mission. Un quidam nommé Tudor Lupu est mort chez lui, à cause d'émanations toxiques de monoxyde de carbone. Pour le lieutenant de police, une autopsie ne saurait nuire, juste histoire d'être affirmatif sur l'asphyxie. Jadis champion international roumain de hand-ball, Lupu avait glissé entraîneur de son sport en France, avant de tomber gardien de gymnase alcoolo. Ce qui explique mal son compte en banque, fort bien garni en comparaison de son salaire à temps partiel. Puis c'est un proxénète roumain de Paris, Laslo Rotaru, qui prend un pruneau direct dans le citron à Rouen, laissant deux jeunes putes en guise de veuves éplorées. Pas sûr que le flic-cador parigot envoyé sur place, bien vite surnommé la Fistule, soit plus avancé que le menu fretin policier local du commissaire Chassevent. Avec sa collègue Clarisse, Lejeune explore les éventuelles sources occultes de revenus de Tudor Lupu. La mafia sportive du coin et la bourgeoisie du cru pratiquent une diplomatique omerta. Lejeune progresse sur la piste des agressions de vieilles dames, réitérées par le jeune portos Jorge qui semble n'avoir pas compris la leçon précédente. La lycéenne Tania Malarce serait l'égérie d'une bande nihiliste commettant ces actes répréhensibles. Le fossé générationnel entre l'instigatrice et le flic, bienveillant de nature, se fait néanmoins sentir. Ainsi donc, Tudor Lupu jouait au poker dans un clandé aseptisé avec la gentry provinciale étriquée ? Ses partenaires déclarent qu'il lâchait plus de fric qu'il n'en ramassait dans ces parties. Monique, la pin-up décatie du groupe, vamp sexagénaire, n'a guère de révélations à offrir à l'enquêteur, juste une chevauchée sexuelle. Le commissaire Chassevent s'étant entiché de l'affaire, il ne reste plus à Lejeune et à son collègue Justin qu'à secouer le banquier de Lupu. Côté sécurité des dames âgées, la hiérarchie et la préfecture exigent la "tolérance zéro". Lejeune n'a pas l'intention de servir de punching-ball pour alpaguer le duo : ça risque de chauffer pour Tania et Jorge, d'autant que le môme est asthmatique. Démanteler un réseau parfaitement illégal, telle est la solution pour désembrouiller tout ça. "Alea jacta est", comme on dit en patois rouennais… Il y a des auteurs dont on regrette qu'ils écrivent ou publient peu, car on prend un grand plaisir à lire leurs œuvres. C'est le cas de l'excellent Pascal Jahouel. Son héros Bertrand-Hilaire Lejeune avait réjouit ses lecteurs dans trois précédentes aventures (Archi mortel, La gigue des cailleras, Dix de derche) parues chez Krakoen. On est carrément heureux de le retrouver pour cette nouvelle enquête. Son hygiène laisse encore à désirer, il n'aime toujours pas les diktats de ses chefs, il n'a guère envie de mettre des ados derrière les barreaux, et il ne craint pas de brusquer des témoins pas assez coopératifs, surtout s'ils s'affichent hautains. Un non-conformisme sympathique émane de ce personnage. Conformément à la tradition, deux enquêtes se chevauchent. Ont-elles un point commun ou l'auteur choisit-il un dénouement alternatif ? On le découvrira. Au-delà du suspense, on ne peut qu'adorer la tonalité amusée du récit, le langage enjoué à tendance argotique. Et de bien belles descriptions, tel le marivaudage d'un couple : “Ils sont visiblement dans les starting-blocks pour une amourette parjure. Manifestement lui est partant pour un adultère final avant l'échouage dans la sénescence et la déchéance libidinale. Le bastion est prenable. Elle, fausse prude, n'a visiblement rien contre l'idée d'une partie de gambettes en l'air extraconjugale. Son petit manège séducteur, qui consiste à le bouffer des yeux et à s'esclaffer à la moindre de ses pitrerie, en est le gage.” Un polar rythmé par ses péripéties agitées autant que par une narration souriante et inspirée, voilà ce que nous propose Pascal Jahouel dans “Un temps de chien”. Délicieuse comédie à suspense, pour un régal de lecture. |
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