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SERGE JANOUIN-BENANTI |
Petits Meurtres En AnjouAux éditions GESTE EDITIONSVisitez leur site |
1814Lectures depuisLe samedi 11 Avril 2015
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Une lecture de |
Collection affaires criminelle. 200 pages.16,00€. Anjou ? Feu... des projecteurs ! La douceur angevine n'est plus à vanter. Son Cabernet, sa douceur de vivre, ses sites touristiques... et ses petits meurtres qui ne sont pas pires que dans d'autres provinces françaises. Serge Janouin-Benanti, un habitué de ces historiettes narrées avec vivacité continue sa plongées dans les affaires criminelles qui ont défrayé la chronique provinciale en leur temps. Mais Serge Janouin-Benanti ne se contente pas de relater ces affaires criminelles fort diverses en une narration journalistique impersonnelle, comme peuvent le faire des chroniqueurs judiciaires. Non, parfois il écrit à la première personne, le narrateur étant celui qui est incriminé, et le récit n'en prend que plus de force, le personnage se dévoilant mentalement et psychiquement.
Tel parait pauvre qui est fort riche. A Pellouailles-les-vignes, les meurtres de Marie Lecomte et de son père Etienne n'ont eu pour les enquêteurs et les voisins, qu'un seul mobile : s'approprier l'argent qu'Etienne détenait et dont il se vantait. Leurs voisins proches sont soupçonnés mais leurs dénégations plaident relativement en leur faveur. Tant qu'un indice sérieux et probant n'est pas trouvé, ils sont innocents. Toutefois les gendarmes persévèrent dans leur enquête.
Touche pas à mes jouets. Pierre Dubray, bientôt quadragénaire, a quasiment perdu toute sa famille. La plupart de ses frères et sœurs et surtout sa mère, deux ans auparavant. Son père est décédé aussi, il y a longtemps. A quinze ans il est entré comme apprenti chez un tisserand, et cela lui plaisait bien. Au début. A vingt ans, il a eu besoin de s'émanciper et de voir du pays. Alors il a quitté son Anjou natal et il est entré dans l'armée, rempilant plusieurs fois. Et puis l'âge venant il a ressenti le désir, le besoin de fonder un foyer et d'avoir des enfants. Louable décision, mais ce n'est peut-être pas la Poirier qui lui aurait fallu comme femme.
L'épouse idéale. Marie-Louise, dix-huit printemps, est ravissante, elle le sait, et de plus comme elle est gourmande de la vie, elle possède un appétit sexuel difficile à rassasier. Son dernier amant en date, l'officiel pour ne pas dire le principal, est un quinquagénaire avancé fort bien pourvu, surtout côté portefeuille. Or afin de pouvoir disposer de Marie-Louise sans problème son amant lui propose d'épouser son fils, lui offrant une épicerie dans la corbeille de mariage. Pour Marie-Louise, le marché est honnête, mais le fiston n'est pas attiré par les femmes. Il préfère aller à la pêche avec ses amis.
Les disparus des levées de la Loire. Depuis deux ans, cinq disparitions inquiétantes se produites et les gendarmes ne possèdent aucun indice tangible à se mettre sous la main. Les disparus, tous des hommes, avaient en commun de revenir d'un marché aux bestiaux, ayant vendu à bon prix des animaux, et s'étaient arrêtés à la taverne de Maître Gaultier, montrant inconsidérément leurs bourses garnies. Toutefois, le dernier en date était parti avec deux chevaux, qui eux n'étaient pas promis à la vente, et les équidés eux-aussi se sont fait la malle. Peut-être se sont-ils noyés dans la Loire toute proche.
La femme au miroir. Anne est belle, très belle, sa mère n'arrêtait pas de le répéter. Depuis, sa mère est morte, et Anne est en prison. Tout ça parce que sa mère l'a toujours considérée comme une poupée, multipliant les exhibitions dans les concours. Nombre de mères inscrivant leurs gamines à des parodies de Miss devraient s'inquiéter de l'avenir de leur progéniture. Anne a toujours suivi les conseils de sa génitrice dont celui-ci : Un mari c'est pour l'argent, pour la bagatelle, si tu n'es pas contente, te prive pas, va voir ailleurs. Et Anne a suivi scrupuleusement cet avis, le soir même de ses noces.
Amour fou, fou. L'amour vous prend par le cœur à n'importe quel âge. Par exemple entre Joseph, dix-sept ans, et Félicité, soixante-quinze as. Il est vrai que Félicité est resté une accorte femme, douce et pimpante, gardant des enfants afin de s'occuper. Seulement Félicité qui a été mariée pendant plus de cinquante ans et heureuse en ménage, ne fait pas attention aux yeux de merlin frit de Joseph, tandis que l'adolescent ne sait comment lui prouver son amour.
Mon talent. Le narrateur vit depuis quelque temps sur l'île de Guernesey, et il s'ennuie, car il ne peut exercer ce pour quoi il a été condamné. Il n'a rien fait de mal, sauf gruger des paysans en sillonnant l'Anjou. C'est un escroc, d'accord, mais si j'étais banquier, je ferai pire et on trouverai ça normal.
Complot à l'Ecole royale de cavalerie de Saumur. En ce mois de juin 1831, quelques sous-officiers et officiers de la prestigieuse école militaire se réunissent afin de débattre de l'action à venir. Ils sont farouchement royalistes et n'acceptent pas Louis-Philippe, fils du bâtard Philippe-Egalité, et ils redoutent une nouvelle République. Ils prônent l'insurrection en s'alliant aux Vendéens et à la Duchesse de Berry, complotant afin de mettre sur le trône les roi Henri V. La garnison est commandée par le Baron de Morell que l'on retrouve dans l'histoire suivante.
Méfiez-vous des jeunes filles. Marie a seize ans, mais déjà des visées amoureuses. Elle est laide, tandis que sa mère est belle et accapare tous les regards. Marie est la fille du baron de Morell, dont nous avons fait furtivement la connaissance dans l'épisode précédent, et Madame de Morell organise souvent des soirées, au cours desquelles se pressent officiers de l'Ecole de cavalerie de Saumur. Elle s'installe au piano et chante pour la plus grande joie des oreilles de ses invités. Lors d'une de ces soirées dansantes, Marie remarque un fort bel homme, Emile de la Roncière, fils du comte du même nom mais panier percé. Elle en tombe amoureuse mais l'officier ne daigne pas s'intéresser à elle. C'en est trop pour une jeune fille qui a tout à apprendre de la vie et de ses mystères.
Enfin, La souveraineté du peuple nous entraîne dans un domaine politique. Avocat à la renommée naissante, Alexandre Ledru-Rollin est un Républicain socialiste convaincu fortement opposé à Louis-Philippe. Sa première tentative de devenir député a avorté mais deux ans plus tard, sur la demande du maire du Mans, il se porte candidat afin de succéder au député local qui vient de décéder. Sa déclaration en public, véritable profession de foi en faveur des intellectuels, artisans, commerçants et ouvriers, dénonçant les misères qui assaillent les classes pauvres. Evidemment ce discours n'a pas l'heur de plaire au gouvernement.
Toutes ces historiettes, ancrées dans le XIXe siècle, sont réellement puisées dans les faits-divers de l'époque, et l'on s'aperçoit que les motivations des meurtriers ou simplement des criminels considérés comme tels à tort ou à raison, sont de toutes les époques, éternelles. De nos jours, les mêmes faits se produisent, dans des conditions différentes, mais les desseins sont les mêmes. De mêmes que leur origine, la jalousie financière ou amoureuse, l'arrogance, l'envie de trouver l'âme sœur à des fins bassement matérielles. Et en politique, il en va de même. On ne refait pas l'histoire, elle se refait toute seule. Des histoires simples narrées avec vivacité, légèreté, représentatives d'une province à la douceur légendaire mais qui cache en sein quelques noirceurs révélatrices de l'âme humaine. |
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