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CLAUDE J. LEGRAND |
Les Créateurs De FuturAux éditions RIVIERE BLANCHEVisitez leur site |
998Lectures depuisLe samedi 30 Aout 2014
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Une lecture de |
Collection Blanche. Parution février 2005. 216 pages. 17,00€. N'avez-vous jamais ressenti avoir déjà vécu une situation ? Reporter photographe, Peter Mc Coy est en 1984 au Nicaragua, plongé au cœur des affrontements entre les Gouvernementaux Sandinistes et la Résistance Nationale surnommée les Contras. Malgré leur brassard, les reporters de guerre ne sont pas à l'abri de bavures, d'exactions, de coups de feux de la part des Gouvernementaux. C'est ainsi qu'impuissant Mc Coy assiste à l'exécution de son ami Jorge, un Brésilien, et de Flaherty l'Américain. Des meurtres perpétrés froidement et qu'il fixe sur des clichés, pensant être caché par les broussailles. Puis il s'enfuit dans la végétation en décomposition, est blessé à l'œil mais continue son chemin jusqu'au moment où une sorte d'énorme éclair le jette à terre. Lorsqu'il reprend ses esprits, McCoy pense être mort, mais une voix féminine lui parle doucement. Il a les yeux bandés. L'infirmière lui ôte doucement le pansement et un médecin militaire lui sourit, affirmant que ses yeux n'ont pas été touché. Rassuré Mc Coy est toutefois interloqué lorsque le toubib lui affirme avoir eu de la chance dans la déflagration du réservoir de kérosène. En quittant l'hôpital à bord d'un camion, il est étonné de ne pas rencontrer en cours de route de convoi militaire, de tank ou véhicule blindé. De plus, en farfouillant dans son sac il découvre à tâtons un appareil photo 645 Pentax, bel objet qu'il n'a jamais possédé. Puis il prend place dans un petit avion de ligne, appartenant une compagnie dont il n'a jamais entendu parler, direction Mexico via Guatemala City. Il survole une région où le crash d'un DC-8 s'est produit. Il ressent comme une impression de déjà vu, mais ne s'y attarde pas. D'autant que lorsqu'il demande à un ami de développer les pellicules, les photos ne représentent pas ce à quoi il était en droit de s'attendre. Pas trace des militaires, de l'exécution de Jorge, mais à la place, l'intérieur d'une boîte de nuit, El Paradisio, rasé par un tremblement de terre en 1972. Faux rétorque son interlocuteur, en 1972 aucun séisme n'a été à déplorer. Arrivé à Londres, Mc Coy n'a qu'une envie, retrouver son amie de cœur Lizbeth qu'il n'a pas vu depuis trop longtemps. Et il n'est pas près de la voir car celle-ci n'est plus caissière dans le magasin où elle officiait. De plus le directeur du personnel affirme ne l'avoir jamais eue comme employée. Chez elle c'est une vieille dame qui habite son logement, depuis cinq ans. Enfin il retrouve sa trace... dans un cimetière. Elle est décédée en 1969, à l'âge de neuf ans. Quelque chose ne tourne vraiment pas rond. D'autant qu'il est attaqué par deux individus, un Rouquin et un Noir, et à nouveau un gigantesque éclair le propulse dans l'inconscience. Comme dans le marécage nicaraguayen. Et lorsqu'il émerge, un rat le dévisage, une femme qui l'appelle Petah le traîne et il prononce son prénom comme s'il l'avait toujours connue : Dwina... Il est à Edimbourg, à une période qu'il lui est difficile de dater.
Reprenant le bon vieux principe des mondes parallèles, Claude J. Legrand nous entraîne dans une course échevelée à la suite de Peter Mc Coy, lequel peu à peu apprendra ce qui lui arrive. Il est lui tout en étant un autre, ce qui explique les impressions de déjà vu qu'il ressent en permanence. Et les scènes d'actions se suivent comme autant d'épisodes qui auraient pu être adaptés en bandes dessinées, le héros vivant plusieurs vies en des endroits et des périodes différents. En incrustation des personnages qu'il apprendra à connaître, à apprécier même pour certains, décident du sort de l'humanité, terrienne ou autre. Peter Mc Coy en est le jouet, le pantin. Claude J. Legrand ironise sur la profession de raconteur d'histoires dites de science-fiction : Certains manipulateurs de l'imaginaire se spécialisent dans une littérature pseudo-scientifique généralement insipide mais qui s'est beaucoup popularisée. Curieusement, la notion de Réalités Multiples, de ce qu'ils appellent les mondes parallèles, est fréquemment utilisée par les inventeurs des ces fictions. Ils ignorent naturellement à quel point leurs hypothèses sont proches de la vérité. Mais Claude J. Legrand n'a pas écrit une histoire insipide, au contraire. Un véritable maelström de scènes fortes, dangereuses, humoristiques, attendrissantes. Les psychiatres et les psychologues devraient lire ce roman, non point durant leurs moments de loisirs, mais bien dans un cadre professionnel, et ils trouveraient peut-être dans le comportement de certains de leurs patients une explication à leur bipolarité. |