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THIERRY JONQUET |
Le Bal Des DébrisAux éditions LIBRIOVisitez leur site |
2893Lectures depuisLe lundi 17 Aout 2009
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Une lecture de |
Le métier de Frédéric consiste à pousser des chariots dans un hôpital pour vieux, entre le service de rééducation et celui d’ergothérapie. Entre sa compagne Jeanine, ardente syndicaliste, et son boulot auprès des patients déclinants, Frédéric mène une vie tranquille. Venu se faire soigner ici, Alphonse Lepointre n’est pas un client aussi diminué que les autres. Plombier zingueur depuis la Libération, le bonhomme de 65 ans fut précédemment truand. “La belle époque du Milieu, il a connu ça. Les tractions avant, les chapeaux mous… Son faible, c’était les coffres-forts. Puis la guerre est venue, et ça a mal tourné avec ses associés qui sont devenus des habitués de la rue Lauriston…” Lepointre voudrait trouver le moyen de s’enrichir, sur un dernier coup. L’idée séduit Frédéric. Ils sont servis par la chance, en s’apercevant que la chambre 9 du Bâtiment Nord est gardée par des vigiles. Mme veuve d’Artilan, la septuagénaire occupant cette chambre, ne serait-elle qu’une vieille cinglée paranoïaque ? Même en surveillant avec des jumelles, le duo ne remarque rien d’anormal. Un jour de grève, Frédéric a l’opportunité d’approcher Mme d’Artilan. Il constate qu’elle possède (et conserve dans sa chambre) une mallette de précieux bijoux, raison de la présence des vigiles. Armand, dit l’Archiviste, est un ami de Lepointre. Bien documenté, il confirme au duo que Marthe d’Artilan ayant claqué la fortune hérité de son mari, il lui reste ces fameux bijoux. Pour les revendre, Lepointre connaît un ami diamantaire d’Anvers, qui ne peut rien lui refuser. Lepointre et Frédéric mettent sur pied un plan de bataille méthodique. Un bal masqué et costumé est prévu le 12 décembre, organisé par la psy du service et le vieil animateur Max. Au soir du jour J, tous s’amusent dans le gymnase de l’hôpital. “La tendresse tombait sur tout ce petit monde, enveloppant les corps souffrants de sa grande aile protectrice. Hospice and love…” Le duo endosse des robes de bure pour passer inaperçus, direction la chambre 9. La veuve et le vigile viennent d’être abattus par un braqueur, qui a dérobé la fameuse mallette. Lepointre et Frédéric récupèrent l’objet, mais l’hôpital est vite cerné. Ils cachent la mallette aux bijoux dans un faux-plafond, avant que le commissaire Trottin n’intervienne. Le braqueur ayant pris une otage, un tireur d’élite va bientôt régler le problème. Les jours suivants, l’hôpital est en état de siège. Sortir les bijoux s’avère compliqué, d’autant que Lepointre ne sous-estime pas le commissaire Trottin. La complicité d’Armand sera utile au duo. Pourtant, c’est surtout Yannick Le Moêl, originaire du Morbihan, qui va beaucoup aider Frédéric et Lepointre… L’un des romans les plus savoureux de Thierry Jonquet, parmi les plus débridés, fut certainement “Le bal des débris” (Fleuve Noir 1984, Éd.Méreal 1998, réédition Librio). Il se sert du contexte hospitalier dans lequel il vécut quand il était ergothérapeute. Si la caricature est aussi chargée que réussie, l'auteur souligne par instants la détresse de ces lieux. Avant tout, c'est un festival de rebondissements que nous offre Jonquet dans ce très bon roman.
Frédéric travaille dans un mouroir ou plutôt dans un hospice gériatrique, l'expression est moins péjorative. Il pousse les chariots occupés par les invalides, s'occupe à diverses bricoles, enfin passe son temps de sept heures et demi jusqu'en début d'après-midi. Après il rentre chez lui où l'attend sa dulcinée, syndicaliste convaincue et farouche militante CGT. Une vie presque tranquille, pépère. "Voilà ma vie, me lever tôt le matin, traverser la banlieue riante sur ma mobylette..." Jusqu'au jour où Frédéric se lie avec Lepointre, un fracturé de la palette humérale, mais pas gaga du tout. Ce qui change l'ordinaire. La vie de Fred bascule lorsqu'il rencontre un peu brutalement un vigile qui surveille la chambre d'une pensionnaire. C'est louche, et la mallette attachée à une alarme pourrait bien renfermer un inestimable trésor. Lepointre, qui n'est à court ni de jactance ni d'idées, imagine illico le moyen de s'approprier le magot. Le larcin aura lieu pendant un bal masqué organisé pour distraire les cacochymes. Thierry Jonquet pratique l'humour noir, et le lecteur rit jaune. Deux couleurs bien connues. Il décrit de l'intérieur ces centres de gérontologie qu'il connait bien, non pas pour y avoir été pensionnaire, mais parce qu'il y a travaillé. Cependant par une sorte de pudeur, il préfère traiter par la dérision ce qui est pitoyable, et ça n'en prend que plus de force. Ce roman a d’abord été publié dans la collection Spécial Police n° 1848 du Fleuve Noir en 1984 puis a été réédité dans la collection Black Process des éditions Méréal en 1998. Mais il valait bien une réédition, ce qui n’est que justice faite aujourd’hui. |
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