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CRAIG JOHNSON |
MolossesAux éditions GALLMEISTERVisitez leur site |
1938Lectures depuisLe samedi 8 Mars 2014
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Une lecture de |
Aaahhh ! soupir de bonheur, d’aise, en ouvrant les premières pages de ce roman. Surtout ne pas lire la quatrième, entrer tout doucement dans cette nouvelle aventure de Walt Longmire. Et là, paf, se rendre compte que d’avoir vu les deux saisons de la série « Longmire » a tout perturbé. Non pas que cette série, écrite à partir des personnages et de l’univers de Craig Johnson ne soit excellente, mais elle a, en quelque sorte, pollué, envahi la lecture et il faut revenir à celles qui avaient précédé, liées à la seule imagination de lecteur. Une fois cette remise en ordre effectué, c’est à nouveau tout bonheur de se glisser dans les pas de Walt, qui ronchonne tant et plus à l’idée du mariage de Cady, sa fille, qu’organise Standing Bear… C’est l’hiver au Wyoming, et pas un hiver de chochotte. La nuit, la température tourne en dessous des -40° (Celsius…) et le vent vous découpe aussi surement en tranche qu’un couteau indien. Walt, amené à régler un conflit de voisinage, a priori sans gravité, en arrive à rechercher le propriétaire d’un pouce retrouvé dans une casse automobile. Il y aura finalement des morts, dans cette étrange affaire où l’intuition joue un rôle non négligeable, et l’amour aussi, quand bien même les protagonistes atteignent allégrement les soixante–dix hivers. Un cru solide, peut-être pas tout à fait aussi charpenté que « Little Bird », mon préféré de la série, mais qui vous donne à nouveau la dimension d’un personnage et d’un monde dont la description ne perd pas en saveur, bien au contraire, au fil des parutions. L’écriture continue de couler sereinement, et la traduction reste à la hauteur. Craig Johnson, avec cette série « Longmire » est en train de prendre une place conséquente dans le paysage littéraire noir. Son héros, chaleureux et ronchon, humain, doté de défauts et de qualités ordinaires est profondément attachant. L’épaisseur des personnages, la description d’un mode de vie loin, loin, des rues agités de LA ou de Manhattan… C’est un bol d’oxygène. Les situations racontées dépeignent les restes de l’Ouest américain mythique : sans angélisme, et même teinté de pas mal de pessimisme, mais avec une profonde humanité qui l’emporte sur le côté sombre de l’époque. Merci Craig !
Shérif du comté d'Absaroka, dans le Wyoming, Walt Longmire a une vie quotidienne assez chargée. Ce qui, en ce mois de février glacial, lui laisse peu de temps pour s'occuper de sa santé, malgré les séquelles de précédentes affaires. La préparation du mariage de sa fille Cady, avocate à Philadelphie, n'est pas le principal. D'autant que son ami Henry Standing Bear lui donne un coup de main, tout en effectuant des réparations au bureau de police. Victoria Moretti, la mordante adjointe de Longmire, est obsédée par l'achat d'une maison. C'est le cas de son autre assistant, Santiago Saizarbitoria, dit Sancho ou Le Basque, qui inquiète surtout le shérif. Époux de Marie, père d'un bébé, il a été marqué par la violence des dernières enquêtes. Saizarbitoria n'est pas loin de démissionner. Walt va consulter son ex-mentor, l'ancien shérif Lucian Connally, pour savoir comment s'y prendre avec Sancho. La famille Stewart est propriétaire d'une casse automobile et d'une déchetterie dans les environs. Ce terrain est sous la garde de Butch et Sundance, deux chiens sans pitié pour les intrus. Le vieux Geo Stewart, soixante-douze ans, est un sympathique casse-cou qui vivote dans ce décor boueux enneigé. Son petit-fils Duane, vingt-et-un ans, habite aussi là avec sa compagne Gina. Suite à quelques chocs, on a dû hospitaliser Geo, mais il n'est pas du genre à se plaire entouré de médecins. Il vaut mieux qu'il surveille ses biens, car il est en conflit avec Ozzie Dobbs Junior. Celui-ci a lancé un programme immobilier dans le meilleur site du secteur. Pour attirer les clients, il faudrait que disparaissent la casse auto et la déchetterie des Stewart. La tension monte entre les deux parties, et il ne serait pas mauvais que Walt Longmire réussisse à amadouer Ozzie Junior, agressif envers Geo. Veuve, Betty Dobbs fut autrefois enseignante, le shérif s'en souvient fort bien. Sans doute est-il préférable que son fils Ozzie ignore la relation sentimentale existant entre Betty Dobbs et Geo. L'adjointe Vic résume ça ainsi : “Putain de merde ! La Fille de la Révolution américaine, membre de l'association féminine PEO, figurant dans le Who's Who, la grande dame de Redhills Rancho Arroyo "chtoupe" le ferrailleur. ¯ Je crois qu'il préfère qu'on l'appelle Ingénieur du site municipal de dépôt, tri et récupération des déchets.” En effet, la réaction d'Ozzie risque d'être fatale à Geo. À moins qu'il ne décède d'une autre cause. Le shérif confie à son adjoint Le Basque une enquête inutile, mais qui l'occupera. On a trouvé un doigt coupé, un pouce, dans la décharge de Geo. Pas grand mystère, finalement, car le nommé Felix Polk réclame ce doigt auprès de l'hôpital, puis du bureau de police. Walt Longmire n'accorde pas grande confiance à Duane, le petit-fils de Geo. Le shérif est intrigué par les sous-sols de leur demeure, soi-disant infestés de serpents. Il y fait une découverte qui peut entraîner de gros ennuis au peu fiable Duane. Ayant rencontré Felix Polk, Walt laisse son adjoint peaufiner le dossier, en fait pas si inutilement. Incarcéré à la prison locale, Ozzie parvient à s'enfuir peu vêtu et pieds nus. Le shérif et son équipe le pourchassent, mais le retrouveront-ils suffisamment vite ?… Avec “Molosses”, Craig Johnson nous proposait la sixième aventure du shérif d'Absaroka. Comme point central, l'auteur semble s'être inspiré de l'entreprise d'un véritable ferrailleur pittoresque du Wyoming. En fait, on n'est pas loin de penser que tous les protagonistes de cette histoire seraient la version livresque de personnages existants. Car c'est bien dans le quotidien de ce comté rural qu'évolue Walt Longmire. Bienveillant et humaniste, attentif et débonnaire tant qu'on n'enfreint pas sérieusement la Loi, ce shérif-là n'a pas pour mission première de sanctionner, mais plutôt de prévenir et de limiter les problèmes. Jauger les témoignages, ne pas tout gober quand chacun montre sa meilleure facette, voilà son rôle. Parfois, quand malgré tout la situation se durcit inévitablement, Walt intervient. Côté équipe de policiers, la narquoise Vic se manifeste toujours, mais la "gestion du personnel" concerne davantage Sancho, autrement dit Santiago Saizarbitoria. Walt réalise ses tourments de jeune père de famille, qui hésite à s'exposer désormais. Le shérif prend le thé avec l'épouse du Basque pour mesurer le bien-fondé d'une démission. Le SSPT, Syndrome de Stress et Pétoche sur le Terrain, amènera-t-il la fin de la carrière de policier pour Sancho ? S'il reste davantage dans l'ombre Henry Standing Bear, l'ami Amérindien du shérif, n'est pas loin. Outre une description réaliste des gens et des lieux, l'intrigue et son suspense s'harmonisent toujours avec une belle part d'humour dans le récit. Excellent. |
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