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JOSEPH INCARDONA |
RemingtonAux éditions FAYARDVisitez leur site |
3870Lectures depuisLe mardi 1 Octobre 2008
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Une lecture de |
À 28 ans, Matteo Greco est agent de sécurité, semi-chômeur fauché, dans le Sud-Ouest. Bac+4, ce sportif pratique la boxe et entretient sa forme. Matteo est un passionné de Littérature. S’inspirant de faits-divers, il crée des nouvelles sur sa machine à écrire Remington. Chaque semaine, il participe à un atelier d’écriture animé par Daniel, qui publia autrefois deux romans. Il y côtoie Elsa Duvivier, 30 ans, qui élève seule son fils Hugo. Matteo s’avoue amoureux de cette jeune femme extravertie. Par ailleurs, il la croise parfois quand il surveille des soirées mondaines, où elle est serveuse. Ayant noté son attirance pour Elsa, Daniel prévient Matteo que c’est une fille à problèmes. Matteo a trouvé le moyen de progresser en écriture. Se basant sur un roman récent de Pierre Dubout, il le reprend en y ajoutant sa propre manière. Matteo se l’approprie, écrivant son roman à lui. Quand il lit un des livres de Daniel, il mesure que l’animateur avait un vrai talent. Malgré leurs différences, Elsa et Matteo deviennent amants. La jeune femme lui confie le manuscrit dont elle est l’auteur. Pas mal, sans doute, mais Matteo estime qu’il mérite des corrections, des retouches. Même s’ils ont des points communs cinéphiliques, Elsa trouve trop mièvre l’amour que lui porte Matteo. Pour le sexe, librement, oui. Mais la fade vie de couple n’intéresse pas Elsa. Entre son entraînement à la boxe et un contrat de cinq jours, comme chauffeur pour une comtesse italienne à Paris, il revisite largement le manuscrit. Il attend la réaction d’Elsa, qui reste injoignable. Il lit encore l’autre roman de Daniel, tout aussi parfait. Au retour, Elsa lui fait savoir qu’elle est folle de rage, à cause des retouches sur son roman. Matteo suppose qu’elle est devenue la maîtresse de Daniel. Une nuit, Elsa agresse avec violence Matteo en pleine rue. Plus tard, il apprend que le manuscrit remanié d’Elsa a trouvé un éditeur. Ne plus penser à elle, accepter un job de vigile en hypermarché, tenter un combat de boxe de haut niveau : voilà le moyen de tourner la page. Pourtant, il reste des comptes à règler... Aucun doute n’est permis : il s’agit là d’un remarquable roman noir, dans la plus pure et la meilleure tradition. Certes, les références à la mythologie du genre sont présentes. Les six cent films (1966 à 1980) de Matteo en témoignent, autant que sa culture littéraire. Surtout, c’est un héros de chair et de sang, dans toute sa complexité, qui nous est présenté. Pas un de ces losers qui, fatalement, toucheront le fond. Ce qui l’anime, le sauve de la médiocrité du quotidien, c’est l’écriture. “Ce n’est pas la perspective de la gloire qui m’y faisait soudain penser, mais plutôt l’idée que l’on puisse obtenir quelque chose de concret à partir de son imagination. Il n’y a rien, et puis la phrase existe (…) Je ne voyais pas de meilleure façon de gagner sa vie” ; “La littérature fardée en pute était le symptôme d’un malaise social et personnel bien plus vaste (…) Le sacrifice, le travail, la réflexion, tout cela se dévaluait forcément”. Si l’écriture est le thème abordé en filigrane (“Je ne serai jamais Scorsese…”), le scénario et l’ambiance nous font partager une véritable tranche de vie, d’une juste précision. Une histoire de qualité supérieure. |
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