le petit homme de l’opéra de Claude IZNER


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CLAUDE IZNER

Le Petit Homme De L’opéra


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Claude IZNER




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Collection Grands Détectives N°4345. Editions 10/18. Parution 20 mai 2010. 352 pages.

ISBN : 9782264049193

Il était un p’tit homme

Qui s’appelait Guilleri

Carabi…

Haut comme trois bottes empilées l’une sur l’autre, Melchior Chalumeau n’apprécie pas du tout se faire interpeller sous le sobriquet de Guilleri par les nombreux employés de l’Opéra Garnier, où il exerce, entre autres, la fonction d’avertisseur.

Malgré le mépris affiché, il leur rend de petits services, rémunérés bien entendu, et s’amuse à reluquer les petits rats (au fait, doit-on pour respecter l’écriture inclusive, écrire Les petites rattes de l’Opéra ?) dans leurs évolutions et dans les coulisses.

En cette fin mars 1897, une joyeuse petite troupe de fêtards composée d’Olga Vologda, la danseuse étoile, de quelques musiciens et habitués du foyer de la Danse, célèbrent le mariage de Maria Bugne avec Agénor Féralès. N’ayant pas été invité, mais étant toutefois présent, Melchior refuse la proposition d’Olga de se joindre à eux, préférant flâner dans les environs et ressasser un épisode ancien de sa vie tumultueuse.

Quelques membres de cette petite assemblée décident de faire du canotage sur un lac mais ils se dandinent dans l’embarcation et Tony Arcouet, le clarinettiste, tombe à l’eau. Elle est peu profonde et pourtant il se noie. Il sera suivi dans la tombe par d’autres participants à cette cérémonie les semaines suivantes, mais dans des conditions différentes. Olga, la danseuse étoile, est atteinte d’indisposition lors d’une représentation sur la scène de l’Opéra. Nul ne sait ce qui lui est arrivé, mais Melchior traîne dans les coulisses. D’ailleurs il est toujours non loin lors des incidents ou accidents qui déciment les compagnons d’Olga.

Victor Legris, qui délaisse la librairie Elzévir à cause sa passion pour la photographie, et Joseph Pignot qui est toujours débordé par les clients qui recherchent des incunables, sont sollicités par Eudoxie Maximova, une ancienne, disons connaissance de Kenji, le propriétaire associé, beau-père de l’un et père adoptif de l’autre, d’enquêter sur ces morts suspectes.

Tous les subterfuges leurs sont bons pour délaisser l’échoppe, voire leurs femmes enceintes respectives et se lancer sur les brisées du malfaisant qui distribue des petits cochons en pain d’épice mortifères. Leurs soupçons se portent sur Melchior, mais se référant à leurs anciennes enquêtes, ils se méfient des coïncidences. Melchior est le tueur idéal aux pains d’épice, mais comme le déclare Joseph :

Il est compromis jusqu’aux narines, exact, à moi aussi mon instinct le souffle. Mais je me souviens de nos déboires relatifs à des déductions hâtives, voire malavisées.

Cinq ou six suspects sérieux sont donc recensés mais il leur faut trier le bon grain de l’ivraie.

Sans qu’ils s’en doutent, les deux beaux-frères sont suivis dans leurs démarches par un inspecteur du Quai des Orfèvres, Augustin Valmy, ce qui a du bon et du moins bon.

Ce nouvel épisode de la saga des membres de la librairie Elzévir est semblable aux autres pour la construction mais pas pour l’intrigue. En effet cette intrigue est diluée dans les nombreux faits-divers qui se déroulent en cette année 1897, dans les nombreuses références souvent littéraires mais pas que, et dans la vie familiale et professionnelle de nos protagonistes et de leurs compagnes.

Mais le lecteur pourra visiter l’Opéra Garnier, assister à un concert spirituel et profane dans les Catacombes, à s’immerger dans la foire du Trône et se perdre dans les dédales des quartiers miséreux, aujourd’hui dénommés pudiquement quartiers défavorisés, assister à des séances du cinématographe, surtout Victor Legris qui est intéressé par les nouvelles techniques et les appareils adéquats, ou encore d’une pythonisse âgée mais toujours extra-lucide, dont le salon accueille quelques personnalités dont José-Maria de Heredia.

Le tout sur fond musical de Coppélia, d'Arthur Saint-Léon, sur un livret de Charles Nuitter, musique de Léo Delibes, d'après le conte d'Hoffmann L'Homme au sable, et de La Danse macabre de Saint-Saëns d'après le poème Égalité-Fraternité d'Henri Cazalis, tiré des Heures sombres, quatrième partie de son recueil L'Illusion paru en 1875.

Roman policier, roman historique, roman social, documentaire reflet d’une époque qui connu bon nombre de tragédies, dont l’incendie du Bazar de la charité, des rebondissements dans l’Affaire Dreyfus, et des nouvelles technologies, aussi nombreuses que celles d’aujourd’hui, le tout dans un environnement touristique en vélocipède en compagnie de Victor Legris, lorsqu’il est seul à se déplacer. Sans oublier l’humour qui se glisse parfois dans la narration.

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