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JEAN CLAUDE IZZO |
Total KhéopsAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
2866Lectures depuisLe samedi 27 Septembre 2003
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Une lecture de |
J. C. Izzo est un écrivain important dans l’univers des amateurs de polars. Avec sa trilogie des « aventures » de Montale, il a atteint un statut que d’autres avec 10 ou 100 fois plus de romans n'ont fait que caresser. Aujourd’hui encore, quatre ans après sa disparition, les étagères des libraires croulent sous le poids des multiples exemplaires de ces trois ouvrages, éclipsant ses autres écrits. Jusqu’à l’acteur le plus populaire du cinéma français qui, après avoir incarné les personnages de Manchette sur le grand écran, se glisse dans la peau de Montale, pour le personnifier sur l’écran de TF1. Total Kheops est le premier volet des aventures de l’inspecteur Montale. Et on comprend le choc qu’ont du éprouver les lecteurs marseillais à la découverte de ce livre. Marseille, longtemps montré du doigt, détrônait la capitale et ses arrondissements si chers à Léo Malet. La cité phocéenne, dans toute sa réalité, sa diversité, sa complexité, est enfin dévoilée, loin des « pagnolades » et autre folklore… Du vieux port aux quartiers Nord, des maffieux à tendance nazie aux enfants perdus trop mal sortis du Panier, la ville est scrutée sans complaisance mais avec amour et respect. Loin du whodunit, Total Kheops développe la logique du noir à tendance hard-boiled. Prenant comme prétexte une sombre histoire de succession maffieuse qui se conclut à coup de flingue, J C Izzo promène son héros dans la ville mais aussi, et surtout, dans ses souvenirs, ses déceptions et ses regrets. A chacun de ses pas, devant chaque façade délabrée ou en rénovation, au seuil de chaque ruelle, à l’ombre des platanes de la place des Sept Coins, Montale se souvient et les images de son passé assaillent son esprit et minent son moral. Mais, ces souvenirs d’immigré italien, J.C. Izzo n’en vaut aucun de joyeux, ni même de léger. Il les choisit tous au rayon du malheur, marqués par le sceau de l’échec ou de la mort. Tant et si bien qu’au fil des pages, face à tant de malheur, la tristesse et avec elle l’humanisme ne peut qu’envahir le lecteur. Certains reprochent à J.C. Izzo d’avoir développé, dans ses trois polars, une philosophie de cabanon, en référence au fait que Montale ne retrouve la quiétude qu’une fois regagné son cabanon du fond du Goulde. Reproche fondé ou non? A chacun de juger. Toujours est-il, qu’il convient de remarquer qu’il attribue au bien et au mal des territoires géographiques résultant de l’évolution historique. Le bien aurait été chassé de la ville et plus particulièrement de ses plus vieux quartiers, au fil du temps, au rythme où grandissait Montale, pour n’avoir plus comme refuge qu’un vieux cabanon en front de mer. Simplification abusive d’une réalité beaucoup plus complexe? Peut-être, mais simplification qui fonctionne à merveille dans ce genre de littérature.
N° 2370. Première parution 1995. Diverses rééditions. Rien à voir avec le DJ du groupe IAM, quoi que... Au départ, ils étaient trois amis. D'enfance. Qui se sont connus brutalement, à cause d'une fille. A l'arrivée il ne reste plus que Fabio, le flic. Et malgré le chemin différent qu'ils ont pris, l'un du côté de la loi, les deux autres vers les eaux fangeuses de la truanderie, reste l'amitié, même ci celle-ci est restée sous l'éteignoir durant quelques années. Le catalyseur s'appelle Lole, qui l'égérie de nos trois compères. Et c'est pour elle et pour Manu et Ugo que Fabio va s'atteler à une charge pour laquelle il n'est pas réellement conditionné. Il ne fait pas partie de la gloriole des flics de la Crim. Ce n'est qu'un policier parmi tant d'autres, affecté à la Surveillance de Secteurs, et dont la mission est de faire régner l'ordre dans les banlieues. Et s'il est devenu fonctionnaire de police, c'est un peu à la suite d'un pari avec lui-même, d'une profession de foi. Avec Manu et Ugo, dans son adolescence, il pillait les tiroirs caisses des pharmaciens, une façon comme une autre de se faire de l'argent de poche, pour eux qui étaient démunis. A la suite d'une bavure, il s'était promis que si la victime s'en sortait, il se faisait curé, dans le cas contraire il devenait flic. Le potard s'en était sorti, paralysé. C'est comme ça que l'avenir s'impose à vous. Parallèlement aux meurtres de ses copains d'enfance, à trois mois d'intervalle, la fille d'un ressortissant algérien, pour qui il entretient un estime certaine, disparaît. Elle est retrouvée assassinée, violée. Ce n'est plus une affaire de flic mais une vengeance personnelle qui le conduit. Dans la cité phocéenne, qui n'est pas celle décrite par Pagnol, loin de là, même si les relents de pastis et les odeurs du port traquent toujours les touristes, un homme va s'ériger contre les enquêteurs officiels et les truands qui mènent la danse. La Canebière n'est plus ce qu'elle était et c'est du côté des banlieues, de la zone, du béton, de la mixité des races qu'il faut s'investir.
Jean Claude Izzo, encore un nouveau à la Série Noire - qui depuis quelques temps reluque de plus en plus vers les auteurs francophones, ce qui en soit est porteur d'espoir pour nos écrivains en herbe - Jean Claude Izzo nous offre un roman à l'atmosphère goodisienne. Un livre dans lequel l'enquête compte moins que la description des personnages qui y gravitent. Un témoignage sur l'évolution d'une cité qui n'est plus confinée à son port et à la sardine qui en a bouché l'entrée, mais à l'écoute de ceux qui au cours de leur migration espéraient y trouver un foyer et des jeunes veulent se faire entendre et reconnaître en tant qu'êtres humains. Mon point faible étant la citation qui fait mouche, en voici une à se mettre sous la dent: Les claques, c'est les carambars du pauvre. |
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