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ROSLUND HELLSTROM |
La Fille Des SouterrainsAux éditions PRESSES DE LA CITEVisitez leur site |
572Lectures depuisLe jeudi 26 Octobre 2012
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Une lecture de |
Un vieux car rouge s’arrête en plein centre de Stockholm. Les jeunes passagers drogués sont débarqués sans ménagements. Quarante-trois enfants habillés de tenues bleues et jaunes sont laissés seuls dans le froid. Portant son bébé dans les bras, Nadja est la plus âgée, quinze ans. Les autres mômes et elle sont bientôt mis à l’abri au commissariat de Kronoberg. Le policier presque sexagénaire Ewert Grens et son adjoint Sven Sundkvist laissent rapidement leur collègue Mariana se charger de ces enfants étrangers. Ayant elle-même des origines roumaines, la jeune policière Mariana Hermansson comprend qu’il s’agit d’enfants des rues. Elle établit le contact non sans mal avec Nadja. Bien qu’on les nourrisse et qu’on les lave, cette troupe de gosse continue à craindre les uniformes qui les entourent. Tandis que s’aggrave le cas médical de son épouse, Ewert Grens va enquêter sur le meurtre d’une quadragénaire. Le cadavre de cette femme a été retrouvé dans les sous-sols de l’hôpital Sankt Göran. Elle est morte poignardée par une série de coups mortels. S’il lui manque des chairs, c’est qu’elle a été attaquée par des rats depuis son décès. Une odeur de feu de bois sur le corps, et des traces menant vers les tunnels de la ville, confirment qu’elle a séjourné dans les souterrains. Les réseaux sont si vastes, que même un chien dressé ne trouvera que peu d’indices. Grâce au badge de la quadragénaire, on découvrira son identité : Liz Pedersen. Si Sven se souvient vaguement d’elle, c’est qu’elle s’était adressée à la police. Deux ans et demi plus tôt, sa fille Jannike avait disparu à l’âge de quatorze ans. Difficile de chiffrer les quelques centaines de personnes vivant à dix-sept mètres sous le sol de la capitale suédoise. Voilà longtemps que, après un traitement en psychiatrie, Léo s’y est installé. Des petits larcins lui permettent de trouver le nécessaire pour lui et sa jeune compagne. Celle-ci ne sort qu’une fois par semaine, pour se procurer des médicaments. Le vieux Miller reste davantage proche de l’extérieur, rencontrant la diaconesse Sylvi, ancienne fille des rues. Ewert Grens, à la lecture du dossier, est convaincu que Jannike Pedersen est toujours vivante. Un agent d’Interpol confirme à Mariana plusieurs autres cas similaires d’enfants roumains abandonnés en Europe, pour un total de 194 gosses. Le trafic d’êtres humains engraisse parfois des organismes basés dans des paradis fiscaux, tandis que des bénévoles font ce qu’ils peuvent. À l’église Sankta Clara, le bedeau remarque une fille paumée, avant d’alerter la diaconesse Sylvi… La Suède donne l’image d’un pays harmonieux capable de résoudre ses problèmes sociaux, quels qu’ils soient. L’état traite officiellement peu les questions des sans-logis, des jeunes en fugue, ou de la prostitution de rue. Hypocrisie, selon le duo d’auteurs, car leur pays est aussi désarmé que les autres face à tout cela. Sans doute l’état suédois n’a-t-il pas davantage de réponse quant à l’immigration, dans de si déplorables conditions, de mineurs éloignés de leur pays. Sur ce point, il est vrai que la Roumanie est loin de se montrer exemplaire. Tel est le contexte miséreux qu’on nous décrit dans cette noire histoire, d’un réalisme frappant. Que ce soit dans les tunnels sous Stockholm ou dans la froidure de cette ville, on n’a pas de difficulté à visualiser ces sombres situations. L’empathie est flagrante, car le lecteur a le sentiment que personne n’a de véritable remède, qu’on n’en aurait pas non plus. Reste l’illusoire issue d’un nettoyage, provisoire. Quant à l’enquête sur le meurtre de la quadragénaire Liz, elle avance avec ses hypothèses et ses indices. En filigrane, l’état végétatif de l’épouse du policier Grens obscurcit sa réflexion. Plein de bonne volonté, son adjoint Sven essaie de progresser vers la vérité. Un roman passionnant, noir à souhaits, qui nous entraîne dans les secrètes profondeurs de la société suédoise et de notre monde actuel. |