Krakoen se fait une spécialité d’aller là où personne ne l’attend, et où peu vont… Son fondateur et animateur, Max Obione, a décidé une fois pour toutes que les seuls impératifs respectables étaient ceux de la création, de l’originalité et de la liberté. Il ne renâcle pas, toutefois, à férocement encadrer ces muses joyeuses par le constant souci de perfection d’un côté et un grand professionnalisme de l’autre.Ainsi en va-t-il pour l’ouvrage qui inaugure la collection « Noircitudes » : rencontre d’un artiste photographe et d’un écrivain de nouvelles.Format étrange, photo mystérieuse, texte incertain. La poésie s’extirpe néanmoins en gémissant de ces pages équivoques. On ressent cette échappée comme s’opposant à la volonté des auteurs se refusant à toute interprétation. Devant cette absence de concession, le lecteur doit créer lui-même le sens qu’il leur prête. La poésie nait alors, non pas de la volonté du photographe et de l’écrivain, mais de la nature même des pages.Max Obione nous a habitués à des textes ébouriffants, parfois bonhommes à la façon des tontons flingueurs. Ici, il flirte du côté de Bukowski, toutefois sans pose ostentatoire, sans prétention, en parfait accord avec une nature créative profondément noire.Les images d’Hugo Miserey clament une ville nocturne, dangereuse, mystérieuse. Fantomatiques, les silhouettes s’agitent dans des décors imprécis, où l’on n’a nulle envie de se risquer à les retrouver. Titre en retrait, ce « mine rien » aux format et titre modestes mérite une vraie mise en lumière.Cette collection associant deux regards fera bientôt la place à des plasticiens associés à d’autres auteurs. On attend avec curiosité ces nouvelles confrontations. Puissent-elles être aussi riches.
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