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F.G. HAGHENBECK |
Martini ShootAux éditions DENOELVisitez leur site |
2264Lectures depuisLe mercredi 28 Decembre 2011
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Une lecture de |
Sunny Pascal est le fils d’une Mexicaine et d’un militaire américain. En Californie, cet amateur de surf a été employé dans l’équipe d‘un détective célèbre, avant de s’établir à son compte. Hollywood fait surtout appel à Sunny Pascal pour effacer les scandales causés par les frasques des stars. En 1963, il est engagé pour assurer la sécurité sur un film produit par Ray Stark, dont le tournage se passe au Mexique. Il s’agit d’une adaptation de la pièce de Tennessee Williams “La nuit de l’iguane”. Richard Burton, Ava Gardner, Deborah Kerr, et Sue Lyon en sont les interprètes, sous la direction de John Huston. À Puerto Vallarta, sur la côte Pacifique du Mexique, la plage de Mismayola a été investie par la production. Sunny Pascal débarque dans ce paysage encore préservé, où le tournage du film attire quantité de reporter. En effet, si elle ne tourne pas dans cette production, Liz Taylor y a rejoint son amant Richard Burton. Sunny Pascal ressent assez vite l’ambiance tendue qui règne ici. Après s’être bagarré avec une star mexicaine, Emilio Fernández (dit l’Indien), l’agent de sécurité sympathise avec lui autour du bar. Amateur de cocktails, il s’entend très bien avec le cynique gallois alcoolique qu’est Richard Burton. La prestigieuse Liz Taylor reste inaccessible au petit détective. La fascinante séductrice Ava Gardner est précédée par sa réputation de croqueuse d’hommes. La froide Deborah Kerr n’intéresse pas Sunny Pascal. Quant à la blonde Sue Lyon, chaperonnée par la cultivée Eva Martinei, l’éternelle Lolita écoute les chansons du moment en se faisant sauter par d’improbables fiancés. Cigare en bouche, ce cinéaste confirmé qu’est John Huston n’espère pas de récompense pour ce film. Une nuit, Eva Martinei est victime d’une agression, frôlant l’overdose de drogue, tandis qu’une jeune fille d’ici est violentée. Le policier local Quintero ne se donne pas la peine de pourchasser l’agresseur en fuite. Une pincée de dollars suffit à calmer ses soupçons envers les Américains. Peu après, c’est la bague de grande valeur appartenant à Liz Taylor qui est dérobée. Rendez-vous est pris avec les voleurs, pour échanger le bijou contre du fric. C’est un guet-apens organisé par l’agresseur d’Eva Martinei. Un truand mexicain est abattu à cette occasion. Le détective s’interroge de plus en plus sur ce vieil Américain aux airs de Père Noël, le nommé Billy Joe. Trop présent dans le décor, celui-là. C’est Bernabé Jurado, avocat marron, qui ouvre les yeux de Sunny Pascal sur ce qui se passe autour de ce fameux tournage… Il parait qu’une statue de John Huston a été érigée à Puerto Vallarta, où l’on a depuis tourné plusieurs films (avec Arnold Schwarzenegger, Kevin Costner). La véritable raison de cette production hollywoodienne n’est donc pas difficile à deviner. Néanmoins, ce roman nous donne le plaisir de côtoyer les stars de cette époque, décrits tels qu’on les imagine. Il est amusant de les visualiser en marge du tournage, surtout les actrices qui (hormis Deborah Kerr) ont fait fantasmer des générations de cinéphiles. Sans doute le public européen ne connaît pas vraiment l’Indien Emilio Fernández, mais ce fut une célébrité là-bas. Malgré son nom néerlandais, l’auteur est Mexicain. Il revendique son admiration pour Paco Ignacio Taïbo II et pour Raymond Chandler. Il est vrai que son héros n’est pas avare de réparties spirituelles, encaisse sans broncher les mauvais coups, et qu’une femme fatale l’attire. Au début de chaque chapitre, on nous donne la recette et l’histoire d’un cocktail ancestral. Aucun doute, ainsi placé sous le signe de l’alcool, c’est donc bien un hommage au traditionnel roman noir. |