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CHARLIE HUSTON |
Pour La Place Du MortAux éditions SEUILVisitez leur site |
2156Lectures depuisLe samedi 11 Septembre 2010
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Une lecture de |
Durant l’été 1984, un groupe de copains passionnés de vélo dans une petite ville de Californie. Le plus mûr, c’est Paul Cheney, qui a bientôt l’âge de s’engager dans l’armée. Sans doute une façon de fuir son père, lequel a raté sa carrière universitaire ainsi que sa vie de couple et l’éducation de son fils. Pour Paul, tout ce qui n’est pas du punk-rock violent n’est que “musique de pédé”. D’origine mexicaine, son ami Hector est aussi un adepte du punk à peine moins extrême. Les frères Whelan complètent le groupe. George est l’aîné, ado intrépide et un peu fainéant. Brillant élève à l’esprit matheux, son jeune frère Andy passe pour une mauviette parmi eux. Il est sûrement pus fort en jeux de stratégie que dans une véritable bagarre. Ils sont les fils de Cindy et Bob Whelan. Ouvrier du bâtiment, ce dernier se comporte en père de famille responsable. Sa sœur Amy, infirmière, écoule des médicaments dérobés pour se faire un peu plus de fric. Quand le vélo du petit Andy est volé, il n’est pas difficile d’identifier le coupable. Timo Arroyo est le jeune frère de Francisco et Ramon. Authentiques voyous, ces deux-là ont terrorisé leurs enseignants, et sont aujourd’hui mêlés à toute sorte de trafics. Ramon a même fait un séjour en prison. Francisco, l’aîné, frime dans son Impala, tel un petit chef de bande. Timo est déjà un des dealers du lycée. Quand Georges, Andy, Paul et Hector viennent récupérer chez Francisco le vélo volé, l’affrontement est inévitable. Ayant réussi à éloigner les Arroyo, le groupe cambriole leur maison. Outre l’argent, ils découvrent un labo de drogue. Paul s’empare de cinq cent grammes de Crystal Meth. Il préfèrerait vendre le lot, au lieu de le dealer, ce qui rapporterait plus d’un seul coup. Excités par les pilules d’amphétamines, les quatre volent quelques objets précieux chez un voisin. Plus facile qu’un job d’été, d’autant qu’ils ont une piste pour fourguer tout ça. Jeff Loller est un adulte de la génération du père de George et Andy. Combinard, il accepte de jouer les intermédiaires. Son ami Geezer est un caïd qui bosse pour la mafia d’Oakland. Celui-ci paie bien les objets volés, affirmant qu’il est prêt à enrôler les jeunes sur d’autres cambriolages. Le Crystal Meth aussi, Geezer peut le fourguer. Dénoncés par Paul, les Arroyo ont été arrêtés. Ils sortent bientôt, car Geezer se charge de leur caution. Le trio de Latinos a bien l’intention de retrouver ses cinq cents grammes de Chrystal Meth, qui appartiennent de fait à Geezer et à ceux d’Oakland. “La maison qui craint” va servir de piège. Geezer soupçonne Amy Whelan de vouloir le doubler sur son propre trafic. Jeff se doute que le caïd prépare un sale coup. Face à de pareils allumés, l’affaire risque de se terminer par un carnage. Cette nuit-là, ne voyant pas les ados rentrer, Bob Whelan se souvient qu’il n’a pas toujours été un honnête citoyen… Coup de cœur pour ce remarquable roman noir, aux multiples qualités. D’abord, ce groupe de copains, aux tempéraments si différents, apparaît parfaitement crédible. S’ils ont en commun le plaisir du vélo et le goût du fric facile, c’est surtout le manque de repères qui les caractérise. Ils confondent expériences excitantes et petite délinquance, sans mesurer les risques. Pour autant, le récit n’est absolument pas moralisateur, bien au contraire. D’ailleurs, ils ne sont pas la première génération à se comporter ainsi, on le verra. Se déroulant voilà un quart de siècle environ, l’ambiance de cette histoire reconstitue avec justesse l’époque des années 1980. Sur le plan musical, les partisans du punk-rock haïssaient la variété, même de bon niveau. Le Crystal Meth (méthamphétamine) fut sans doute la première drogue de synthèse commercialisée partout à travers le monde, aux effets plus ravageurs que les drogues traditionnelles. Soulignons quand même la part souriante de ce roman. Avec, notamment, le personnage de Geezer, qui cherche toujours un vocabulaire approprié : “Approprié ! T’as pigé une fois de plus. Merde alors, t’as avalé un dictionnaire ou quoi ? Bon, vous avez compris, les garçons ? C’est approprié dans votre situation.” Construite et racontée avec habileté, cette tragi-comédie est un véritable régal. |
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