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KEIGO HIGASHINO |
La Maison Où Je Suis Mort AutrefoisAux éditions ACTES N OIRS |
2096Lectures depuisLe jeudi 13 Mai 2010
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Une lecture de |
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Voilà longtemps que le narrateur, jeune universitaire, n’avait plus de nouvelles de son ex-petite amie, Sayaka. Celle-ci est aujourd’hui mariée à un homme d’affaires absent. Ils ont une fillette de trois ans, qu’elle rejette et maltraite. Elle pense que son mal-être est issu de sa prime enfance, dont elle ne garde aucun souvenir en mémoire. D’ailleurs, il n’existe pas de photo d’elle avant l’âge de cinq ans dans les albums de famille. Dans le sac de pêche de son défunt père, elle a découvert deux éléments énigmatiques : une clé à tête de lion et un plan conduisant à une maison isolée dans la montagne, près du lac de Matsubara. Sayaka demande à son ancien ami de l’aider à retrouver cette maison. Distant avec son propre passé, il hésite à l’accompagner. La détresse de Sayaka finit par le convaincre. Ils suivent l’itinéraire indiqué, depuis la gare desservant le lac de Matsubara jusqu’à une maison grise, close et semblant inoccupée. La clé à tête de lion permet d’ouvrir la discrète porte du sous-sol. Explorant les lieux, le couple constate que la porte d’entrée est fortement verrouillée. Ils remarquent que plusieurs pendules et montres sont arrêtée sur 11h10. Étrange demeure, qui parait avoir été habitée par une famille père, mère et fils. Tout est ici figé comme dans un décor, ce qui étonne le jeune universitaire. La vie aurait cessé en cette maison vingt-trois ans plus tôt, selon un indice qu’ils recueillent. Il est probable que le père de Sayaka venait y faire régulièrement le ménage. Dans la chambre du petit Yusuke, que le garçon semble avoir brusquement quittée, le couple découvre le journal intime du gamin. Il y évoque d’abord une vie familiale simple de bon élève. Toutefois, il recevait des cadeaux d’une personne que son père n’aimait pas du tout. Il cite encore sans détails une Mme Otai, sans doute la femme de ménage des parents. Sayaka ne peut affirmer avoir des souvenirs précis dans cette maison. Peut-être une scène où elle se cachait sous le piano ? Elle imagine aussi une porte qui donnait sur une pièce particulière, mais cette porte n’existe pas ici. Malgré son aspect quelque peu lugubre, le duo décide de passer la nuit dans cette curieuse demeure. Il y a bien un coffre-fort, qui recèle sans doute des indices, mais il faut en connaître le code. Le couple se plonge à nouveau dans le journal intime du petit Yusuke. Il y évoque les problèmes de santé de son père, qui meurt bientôt. Il parle aussi de la présence de “l’autre”, un homme se conduisant en tyran, usant de violence. Heureusement, il y a aussi le chat Chami et la petite fille de Mme Otai. Mais le journal s’arrête sans autre explication. Les hypothèses de Sayaka et de son ami se heurtent à beaucoup d’impossibilités… Heureuse surprise que ce roman enthousiasmant, et même fascinant. La quête d’identité, l’appel aux souvenirs, un thème qui a été souvent traité. Les secrets liés à une maison, également. Keigo Higashino fait preuve d’une rare maestria dans l’évolution du récit. L’histoire progresse en nous offrant des clés, des éléments de compréhension, mais en ajoutant des questions supplémentaires. S’agit-il de faux-semblants ? Le narrateur lui-même parle d’illusion, mais précise “Le terme illusion n’est peut-être pas le bon.” Entre la famille disparue, Sayaka et son ex-petit ami, c’est plutôt un jeu de miroirs dont les reflets nous renvoient des uns aux autres. Bien entendu, on peut penser que Sayaka a un véritable lien avec ces lieux, mais rien n’est aussi formel. En outre, la froideur de l’héroïne ne la rend pas attachante, pas si touchante. C’est une vérité très complexe que l’on recherche, pas la sympathie envers les personnages. Un suspense remarquable, certainement un des meilleurs de l’année 2010. |
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