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DASHIELL HAMMETT |
InterrogatoiresAux éditions ALLIAVisitez leur site |
3589Lectures depuisLe lundi 3 Aout 2009
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Une lecture de |
Dans les années 1950, le maccarthysme et sa paranoïa anti-communiste créent aux Etats-Unis un climat dangereusement malsain. En ces temps de Guerre Froide, on accuse bon nombre d’intellectuels de sympathies pour la cause communiste. S’il se qualifie toujours d’écrivain, Dashiell Hammett n’a plus produit de romans ou nouvelles depuis fort longtemps. En 1946, il a été élu président du Congress of Civil Rights de New York, groupe ayant institué un fonds de cautionnement visant à faire libérer les militants de gauche arrêtés pour raisons politiques. Après que quatre d’entre eux se soient soustraits à l’obligation de comparaître devant un tribunal, Dashiell Hammett et d’autres administrateurs du Congress of Civil Rights furent convoqués en justice. Son témoignage, le 9 juillet 1951, constitue le premier interrogatoire de ce livre. Hammett refuse de répondre à toutes les questions concernant les quatre fugitifs, ainsi que sur son éventuel militantisme communiste. Il invoque le Cinquième Amendement de la Constitution américaine (qui permet à tout citoyen de ne pas témoigner, si la réponse peut lui porter préjudice). Les initiales DH figurent sur des documents de cautionnement. Hammett reconnaît le fait, sans admettre qu’il s’agit de sa signature. Quant à fournir les livres de compte de son association, il n’en est pas question. Dashiell Hammett va être condamné à six mois de prison (pour outrage à magistrat). Le deuxième interrogatoire intervient le 24 mars 1953, devant une sous-commission sénatoriale. Cette fois, on est dans le cadre de “la chasse aux sorcières”, sous l’égide de Joseph McCarthy, même s’il n’est pas présent. Dans ce document (nouveau, car disponible depuis 2003), Hammett témoigne de ses activités d’écrivain. On veut encore lui faire avouer des sympathies communistes, lui demandant si ses textes évoquent des questions sociales. Il cite sa nouvelle Night Shade, qui traite plutôt des problèmes raciaux entre Blancs et Noirs. Deux jours plus tard, le 26 mars 1953, Dashiell Hammett est entendu pour un troisième interrogatoire, cette fois en présence de McCarthy. L’une des principales questions est la suivante : est-ce ses droits d’auteurs ont partiellement servi à financer des activités communistes aux Etats-Unis. Sur le sujet, Hammett invoque toujours le Cinquième Amendement. Le sénateur McCarthy ne manque pas de l’interroger sur ses idées politiques. On appréciera les réponses (réfléchies) de Dashiell Hammett. Il faut se souvenir de la forme solennelle des procès et des auditions de ces commissions dirigées par Joseph McCarthy, telles que quelques documentaires nous les ont montrées. La froideur méprisante - voire ironique - des accusateurs, si sûrs d’incarner le patriotisme et la justice, est effrayant. Purs exemples du délit d’opinion, indignes d’une nation prétendant défendre la Liberté, qu’aucun complot subversif ne menaçait. Remarquable témoignage sur la personnalité du principal pilier du Roman noir, en un temps où le militantisme n’était pas une idée abstraite. Traduits et présentés par Natalie Beunat, ces “Interrogatoires” constituent un document extrêmement intéressant. |
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