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HUBERT HUERTAS |
Terminus PondicheryAux éditions PRESSES DE LA CITEVisitez leur site |
1830Lectures depuisLe jeudi 13 Juillet 2006
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Une lecture de |
Possession française, Pondichéry était encore un des comptoirs de l’Inde… En 1948, naissent le même jour trois enfants. Sandjiv Moreau est le fils du médecin-chef français de l’hôpital, colonial alcoolique, et de sa pieuse épouse. Kanda-Koumarane est celui du médecin adjoint, Indien militant, et de sa femme Devika, insatisfaite de sa propre vie. Anandita est la nièce de Nanda, "ambulancier cyclomobile". Stérile, cet intouchable a adopté le bébé peu désiré par sa famille. Nanda devient le précepteur des trois bambins. Il les a placés sous la protection du dieu Ganesh, emblème de son cyclopousse. La transition vers l’indépendance de Pondichéry, ce sont huit années d’une situation politique incertaine. Chaque habitant devra choisir, rester Indien ou quitter le pays : "l’Option" les obsède. Les enfants grandissent ensemble sous l’œil de Nanda. Grâce à ses innocentes manigances, il réussit à faire accepter Anandita à l’école chrétienne. Si la fillette utilise un langage très cru, elle apprécie quand même sœur Gilberte. Nanda profite de la scolarisation de sa "presque-fille" pour apprendre à lire. Curieux par nature, il s’avère un boulimique de lecture. Sachant écrire, il entreprend de rédiger ses mémoires. Tandis que leurs pères dérivent vers les excès politisés ou éthyliques, les deux garçons sont maintenant amoureux d’Anandita. Pour la conquérir, l’un et l’autre deviennent musiciens. Nanda, lui, finit par satisfaire les désirs intimes de Devika, la mère de Kanda-K. Quand vient l’indépendance, les enfants se séparent. Anandita se réfugie dans l’austérité religieuse. Nanda sombre dans une misère qu’il attribue à la revanche des Dieux. Mais l'aventure d'Anandita, Sandjiv et Kanda-K. connaît encore une belle étape, quand il deviennent les "Beatles of Pondichéry". Ensuite, la vie prendra pour chacun une tournure différente... "Terminus Pondichéry" : ce titre pourrait suggérer une histoire un peu mièvre au ton compassé, sur la fin d’une époque bénie. Au contraire, ce roman sous le signe du choix, de "l’Option", est animé d’une vivacité pétillante et empreint d’une belle ironie. Ici, les héros refusent le "raisonnable" : Nanda ne veut pas être un simple intouchable, Devika n’accepte pas d’apparaître comme une Indienne traditionnelle, le docteur Moreau est incapable de partir, etc. Surtout, leur destin à tous n’est pas figé dans ce récit qui n’a rien de linéaire. Ce qui apporte une forme de suspense, quant à leur avenir. Autre question énigmatique : Anandita est-elle encore en vie ? Basé sur les souvenirs de Nanda, l’attachant cyclopousse, c’est un singulier roman que nous propose Hubert Huertas. |