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JULIEN HEYLBROECK |
MerhabaAux éditions NAOHVisitez leur site |
1127Lectures depuisLe dimanche 11 Fevrier 2018
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Une lecture de |
Parution le 30 décembre 2017. 208 pages. 18,00€. Le livre que toutes les bonnes bibliothèques, municipales ou non, se devraient de proposer à leurs lecteurs. Être assistant social au sein d’une association, comme Asile et Fraternité, qui accompagne les migrants, les demandeurs d’asile, c’est être à l’écoute de ceux qui sont partis, qui ont fui leur patrie pour des raisons complexes, mais toutes valables. Thomas Czajkowski reçoit des familles, des hommes ou des femmes isolés, les aide à effectuer leurs démarches administratives, à trouver un foyer où ils pourront dormir, se nourrir, ou tout simplement à leur trouver un endroit où se reposer la nuit. La politique du nouveau préfet est de durcir les conditions d’accueil et d’intégration. On le sait les préfets sont les commis de l’Etat, et comme tout bon commis ils sont à la botte de ceux qui les nomment, les dirigent, avec l’espoir de gravir d’autres marches dans leur administration. Mais comme l’histoire se déroule en 2011, le contexte était en faveur de ce genre d’initiative. Cela n’a pas changé d’ailleurs depuis. En ce 22 février 2011, quelque part en France sur les bords de la Loire, Thomas est convoqué au commissariat de police. Ce n’est pas la première fois qu’il a des relations avec des policiers, mais ce jour-là c’est pour identifier le cadavre d’un migrant qui vient d’être découvert assassiné dans un squat situé dans un ancien supermarché. Il s’agit d’Adam Tesfay, un demandeur d’asile érythréen, que Thomas accompagnait. Le reste de la chambrée s’est éparpillé, trois hommes que Thomas connait bien et qu’il suit dans leur demande d’asile. Le préfet n’apprécie pas ce fait divers sanglant, et il n’en faudrait guère plus pour le conforter dans sa décision de faire évacuer le squat et de se débarrasser de ces individus jugés encombrants. Deux nouveaux cadavres sont retrouvés dans la Loire, égorgés. Seul le troisième des réfugiés qui occupaient le squat avec Adam Tesfay s’est évaporé dans la nature, introuvable. Mais Thomas est persuadé qu’il n’est pas coupable des forfaits, malgré les allégations des policiers. D’ailleurs le fuyard lui téléphone en pleine nuit, lui donnant rendez-vous là où ont été retrouvés ses anciens compagnons morts. Thomas est bien embêté car il a la garde de sa fille pour le week-end, mais il s’arrange avec son ex pour récupérer la gamine. Puis il part sur le lieu du rendez-vous et il est agressé par un individu qui s’enfuit. Enfin il découvre l’homme qui lui a téléphoné mais celui-ci est en mauvaise posture. Il a les deux poignets tailladés. Il peut lui confier qu’il ne s’est pas suicidé, qu’il s’agit d’un certain Habton, puis il décède. Peu après Thomas reçoit une enveloppe adressée à Adam Tesfay. Il l’ouvre et trouve à l’intérieur une clé USB contenant des fichiers et des photos. Il va devoir demander à un ami informaticien de l’aider à décrypter les fichiers qui sont protégés, mais sur les photos, qui représentent des personnages, il en reconnait quelques-uns. Cela sent mauvais, très mauvais. Et ses ennuis ne font que commencer, malgré l’aide apportée par un ami, un Tchétchène qui a du répondant musculairement et s’avère un combattant efficace.
Julien Heybroeck nous offre une plongée particulièrement nauséeuse dans l’univers, non pas des réfugiés, mais des édiles de la République. Les réfugiés, politiques ou non, fuyant leur pays à cause de la famine, des tensions liées à des guerres intestines, à un esclavagisme qui perdure dans certains pays, sont à plaindre. Pourtant en France, ils sont traqués comme des bêtes malfaisantes. Tous les migrants ne peuvent provenir de Norvège, comme le souhaiterait Donald Trump. Un roman terriblement d’actualité et si cette histoire est une fiction, nul doute que certains épisodes se sont déroulés réellement. Julien Heylbroeck est travailleur social, et donc il décrit avec réalisme l’univers dans lequel il est quotidiennement confronté. Mais pour autant l’auteur ne verse pas dans l’angélisme. Si tous les hommes politiques ou entrepreneurs ne sont pas pourris, tous les migrants ne sont pas blancs moralement. Des intermèdes nous invitent à nous rendre en Erythrée, à la découverte d’une dictature africaine et d’un esclavagisme moderne. Depuis le début des années 2000, l'Érythrée, toujours dirigé par Issaias Afewerki, adopte une attitude répressive et autoritaire envers sa population, notamment via son service militaire, qui provoque un mouvement d'émigration important et aboutit à plusieurs descriptions du pays comme une « prison à ciel ouvert ». (Source Wikipédia). Quant au titre, Merhaba, il signifie Bienvenue en Tigrinya, langue officielle de l’Erythrée. Une nouvelle, 14:00 – 14:40, salle 107, complète cet ouvrage.
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