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MARY HIGGINS CLARK |
Noir Comme La MerAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
1355Lectures depuisLe jeudi 11 Mai 2017
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Une lecture de |
Au départ de New York, la Castle Lines organise la croisière inaugurale du paquebot Queen Charlotte. Un voyage de cinq jours va transporter les passagers jusqu’à Southampton, en Grande-Bretagne. La riche clientèle bénéficiera de cabines d’un grand luxe, d’une ambiance raffinée et de conférences passionnantes. Parmi ces passagers, on trouve le vieux couple aisé Willy et Alvirah, peu coutumiers des dépenses fastueuses, mais aussi Anna DeMille qui a gagné cette croisière grâce à une tombola locale. Il y a également l’avocat Ted Cavanaugh, présent pour une mission précise, et le professeur Longworth, un retraité, conférencier expert sur Shakespeare. Ainsi que Célia Kilbride, gemmologue âgée de vingt-huit ans, qui fera des conférences sur sa spécialité, les pierres précieuses. Malgré le charme du voyage, Célia est vivement contrariée. Son ex-fiancé Steven s’est révélé un escroc, qui a détourné les placements financiers de Célia et de ses amis. S’il a été arrêté, ça risque de continuer à nuire à la réputation de la jeune femme, employée par un grand joaillier new-yorkais. Par son avocat, Célia apprend que Steven va vite contre-attaquer en l’accusant d’être sa complice. Dès son retour aux États-Unis, elle sera obligée de témoigner auprès du FBI. Heureusement à bord, elle rencontre des personnes qui lui remontent le moral. Par exemple Alvirah et Willy, Anna et un certain Devon Michaelson, veuf depuis peu. Sans oublier celle qui apparaît la plus fortunée des passagers de cette croisière inaugurale : lady Emily Haywood, quatre-vingt-six ans. Lady Em ne voyage pas seule. Elle est assistée par sa dame de compagnie, à ses côtés depuis vingt ans, la sexagénaire Brenda Martin : une femme imposante, pas corpulente mais musclée, aux cheveux cours et grisonnants. Roger Pearson et son épouse Yvette font également partie de l’entourage de lady Em. Roger est le comptable qui gère depuis des années l’argent de la vieille dame. Sans doute ne serait-il pas inutile d’effectuer un audit sur les comptes de Lady Em. Yvette semble moins inquiète sur l’avenir que Roger. Si la vieille dame possède beaucoup de bijoux, l’un n’a pas de prix : le collier de Cléopâtre. Elle l’a pris avec elle cette fois, avant de le céder à une institution. Ted Cavanaugh est là pour tenter de la convaincre de rendre ce joyau à son pays d’origine, l’Égypte. Lady Emily n’ignore pas la malédiction liée au collier : “Quiconque emportera ce collier en mer ne regagnera jamais le rivage”. Mais elle est trop âgée pour s’arrêter à ces sornettes. Pour le commandant Fairfax et pour Gregory Morrison, propriétaire du navire, l’essentiel est qu’aucun incident ne vienne troubler la traversée jusqu’à Southampton. Quand un des passagers tombe involontairement ou pas dans l’océan, on continue le voyage. Sa veuve est-elle aussi choquée qu’elle l’affiche ? Au matin du quatrième jour, le cadavre de lady Em est découvert dans sa cabine. Malgré la consigne de silence imposée à ceux qui sont au courant, l’affaire est bientôt diffusée sur les sites internet d’information. Et ce ne sont pas les coupables potentiels qui manquent… (Extrait) “Elle se sentait soudain exténuée. J’ai l’impression que je vais enfin pouvoir dormir, se dit-elle en s’assoupissant. Environ trois heures plus tard, elle fut brusquement réveillée par la sensation d’une présence dans sa chambre. Dans le clair de lune, une silhouette s’avançait vers son lit. "Qui êtes-vous ? Sortez !" cria-t-elle avant de sentir quelque chose de doux s’abattre sur elle et lui couvrir le visage. "Je ne peux pas respirer, j’étouffe…" tenta-t-elle de protester. Elle essaya désespérement de repousser le poids qui la suffoquait, mais elle n’en eut pas la force. Alors qu’elle perdait conscience, son ultime pensée fut que la malédiction du collier de Cléopâtre s’était finalement accomplie.” Parmi les "unités de lieu" en mouvement, le train a souvent servi aux auteurs de romans à suspense, mais un navire permet autant de présenter un monde clos. En témoignent, pour n’en citer que deux, “Mort sur le Nil” d’Agatha Christie ou “Visages de rechange” d’Erle Stanley Gardner (dans la série Perry Mason). C’est donc avec un classicisme parfait que Mary Higgins Clark – romancière chevronnée, s’il en est – nous invite ici à suivre cette croisière, sur un paquebot encore plus luxueux que le Titanic. Pas vraiment un épisode de "La croisière s’amuse", car le crime et la mort rôdent à bord du bateau. L’inestimable collier de lady Emily Haywood attire des convoitises. Encore que l’assassin venu voler l’objet soit arrivé trop tard ! L’intrigue évoque bien d’autres méfaits, en parallèle du meurtre. Probablement Mary Higgins Clark est-elle un peu trop optimiste sur la survie dans l’océan Atlantique pour quelqu’un tombé à l’eau de dix-huit mètres de hauteur. Ainsi va la fiction, avec certaines conventions, donc nous accepterons cette version des faits. Pour le reste, l’auteure connaît sans doute fort bien les milieux huppés qu’elle décrit. Les protagonistes sont ainsi absolument crédibles. Quant à la construction du récit, par des chapitres courts sur six journées, on peut compter sur l’expérience incontestable de la romancière. Il ne nous reste plus qu’à traquer le ou les coupables, dans cette histoire de bon aloi. |
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