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JAMES HOLIN |
Un Zéro Avant La VirguleAux éditions RAVET-ANCEAUVisitez leur site |
1177Lectures depuisLe vendredi 4 Juin 2016
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Une lecture de |
Après un premier roman « Sacré temps de chien », James Holin propose aux amateurs de polar un nouvel ouvrage.
À Deauville, le festival du film américain ouvre bientôt ses portes. Cinéphiles, stars et politiques préparent ce rendez-vous incontournable. Pourtant, le capitaine Arnaud Serano n’a pas la tête aux réjouissances. Il enquête sur l’assassinat par empoisonnement de Jean- Guy Bougival, comptable du musée de la sculpture contemporaine. Un meurtre qui a lieu alors que les finances de l’établissement sont contrôlées par Eglantine de Tournevire, magistrate à la Cour des comptes. Simple coïncidence ? Peu à peu, Tournevire sort le nez des chiffres et se prend au jeu de l’enquête aux côtés de Serano. Sur le tapis rouge du festival s’étalent ambitions, magouilles et trahisons. Pour Eglantine et Arnaud, les mauvais comptes font les bons ennemis
Collection Polars en Nord. N°211. Parution 14 juin 2016. 280 pages. 14,00€. Version numérique 10,99€. Les bons comptes font les bons amis, les bons contes aussi... Quinquagénaire chauve mais regard pétillant, Lacroix est flatté lorsqu'il apprend par le président de la Chambre régionale des comptes de Normandie qu'il pourrait devenir président de la première section. Une place qu'il brigue depuis de nombreuses années, mais l'occasion ne s'était pas encore présentée. Mais auparavant Lacroix doit réaliser un petit contrôle, tout ce qu'il y a de plus anodin, au musée de la Sculpture contemporaine de Deauville. Un musée original situé en plein air, selon le président. Seule contrariété ressentie par Lacroix, il sera associé à Eglantine de Tournevire, magistrate à la Cour des comptes. Et Lacroix est bien obligé d'accepter cette collaboratrice qu'il n'apprécie guère. Mais pour le président c'est indispensable, car la directrice de ce musée particulier, Isabelle Bokor, est candidate aux élections régionales sur la liste du maire de Deauville, Koutousov, ancien secrétaire d'état au logement et sculpteur mammaire. Eglantine de Tournevire est fâchée avec la ponctualité et c'est régulièrement en retard qu'elle se présente à ses rendez-vous. Faudra que Lacroix s'y habitue. Pour l'heure, il rejoindra Deauville en train tandis qu'Eglantine partira de Rouen installée confortablement dans sa Morgan. Et bien entendu ils ne coucheront pas ensemble. Je veux dire qu'ils ne partageront pas le même hôtel. Lacroix possède un portefeuille en peau de hérisson, Eglantine ne lésinant pas sur les dépenses grâce son héritage. Dans le train, Lacroix fait la connaissance d'un homme bizarre, un incruste qui ne se départ jamais de son mouchoir parfumé à la menthe poivrée, et qui justement se rend à l'inauguration d'une statue réalisée par le père du maire Koutouzov. Une abomination qui va être célébrée grâce à l'amour filial. Enfin rendez-vous est pris avec madame Bokor, et effectivement elle en a un, un entretien au cours duquel Eglantine démontre ses connaissances en art plastique. Madame Bokor présente aux deux envoyés spéciaux Jean-Guy Bougival, l'agent comptable qui devrait leur faciliter dans leurs recherches et vérifications. Eglantine de Tournevire qui ne manque pas d'à-propos en profite pour demander la possibilité d'assister à l'inauguration. Requête acceptée par madame Bokor avec dédain. Au cours de cette cérémonie, Bougival avale son bulletin de naissance. Les premières constatations sont effectuées par Koutousov, maire et mammologue tout en étant toubib. Un empoisonnement ne fait aucun doute, mais la substance est inconnue.
Le capitaine Arnaud Serano est débordé par les événements car il doit assurer la sécurité des citoyens Deauvillais, le festival du Film américain devant ouvrir dans peu de temps. Un invité de marque doit être reçu avec les honneurs et il serait dommage qu'un incident quelconque plombe cette festivité annuelle. Mais le préfet de la Perruchole le tanne. En plus de son boulot il doit enquêter sur le décès prématuré et suspect de Bougival. Alors la sécurité sera assurée par un militaire et son petit détachement en plus de la municipale. Eglantine va s'immiscer dans cette enquête qui la passionne, la change de son quotidien de femme récemment divorcée. Une enquête piquante pour Eglantine d'autant qu'apparemment quelqu'un lui en veut. Elle habite sur les bords de Seine, une imposante maison située sur la colline, et reporte son affection sur son chat et son cheval. Seulement son cheval est la victime collatérale de cette affaire.
Passons directement aux remarques qui fâchent, on en sera débarrassé et on pourra s'étendre plus longuement sur la partie positive du roman. Il manque toutefois un peu de maîtrise, à moins que ce soit de la faute des correcteurs, dans l'appellation des noms d'habitants. On écrit des Caennais et non Cannais, par exemple. Et je tiens à préciser que dorénavant l'emploi de mots anglais est désormais taxé à la douane puisque la Grande-Bretagne est sortie de l'Union Européenne et doit donc posséder un visa pour s'introduire dans la langue française. Donc, désolé, mais il serait plutôt convenable de ne pas employer le mot Hipster, celui-ci désignant à l'origine de jeunes blancs amateurs de jazz qui adoptaient le style vestimentaire et fréquentaient des musiciens afro-américains. De même il existe un mot français pour désigner un Bodyguard, qui est Garde du corps. Je sais je suis pointilleux et on ne me refera pas. Mon côté vieux ronchon.
Mais en dehors de ce qui ne sont que de petits défauts, il est à signaler de belles pages, et parfois un humour presque britannique (ça c'est permis), un peu à la façon de P.G. Wodehouse. Un roman qui allie humour et sérieux. Des scènes très cinématographiques sont disséminées et par exemple j'ai relevé celle de la baleine échouée dans l'estuaire de la Touque, encombrant le passage. Et bien évidemment tandis que certains préconisent une solution radicale, d'autres tentent de sauver ce cétacé perdu et gonflé. Ou encore lors de la cérémonie d'hommage rendu au comédien Hollywoodien, John Baltimore. Paul Hector Flambard, dit PHB, le grand intello de la rue de Valois, l'agrégé de philo peine à jouir, l'énarque pisse-vinaigre qui citait du Péguy, s'invite dans la manifestation et tente de porter sur lui tous les regards. On reconnaîtra dans PHB un certain supposé intellectuel dans ce penseur, auteur, éditorialiste, vedette de télévision, philosophe, visionnaire, homme de médias, de lettres et de cinéma, moraliste (j'en passe volontairement) dont il ne manque que la modestie. pas facile mettre un nom sur ce personnage issu du réel ? Avec sa crinière poivre et sel, ses chemises blanches ouvertes sur son persil, ses costumes sur mesure super 13's bleu nuit et ses souliers vernis, cette description devrait vous aider. A part les deux ou trois petits défauts cités précédemment et qu'il sera facile de corriger par la suite, l'auteur nous propose un roman jubilatoire qui joue avec les mots et les chiffres, car il ne faut pas oublier que nos deux envoyés de la cour des comptes sont là surtout pour travailler et éplucher les factures, les recettes et les dépenses de ce musée de la sculpture contemporaine avec en toile de fond ce festival du film américain annuel. Et se glisse dans l'intrigue un léger ingrédient nommé fantastique qui donne son piquant à cette histoire. Quant aux différents personnages qui évoluent dans ce roman, ils sont pour la plupart atypiques, ce qui permet des descriptions et des mises en scène particulièrement réjouissantes.
Monsieur Serano, comment trouvez-vous Deauville ? Sympa mais pluvieux. On a de la chance quand l'été tombe un week-end. |
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