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CARL HIAASEN |
Mauvais CoucheurAux éditions DES DEUX-TERRESVisitez leur site |
850Lectures depuisLe samedi 7 Juin 2014
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Une lecture de |
Bad monkey - 2013- Traduction de Yves Sarda Une pêche miraculeuse... Partir au gros et ramener dans son filet un morceau conséquent et inattendu, voilà qui pourrait faire plaisir à un couple de vacanciers. Seulement accroché à l'hameçon il s'agit d'un bras humain. Comble de l'humour, noir, un majeur est dressé comme un ultime défi à la mort. Andrew Yancy, inspecteur à la police de Key West a été mis à pied pour une vilaine affaire. Il a sodomisé le mari de sa petite amie Bonnie, avec l'embout d'un aspirateur portable. De plus cet incident a été réalisé en public. Il a bien essayé de se défendre, d'argumenter, mais les témoins avaient pris des vidéos avec leur appareil photo. Depuis il est en congé forcé. Toutefois le Shérif Summer lui demande de convoyer le bras repêché jusqu'à Miami afin qu'il soit analysé par le médecin légiste Rosa Campesino. Mais celle-ci ne peut garder le membre dans son frigo et comme son retour est indésirable à Key West, il faut bien en faire quelque chose. Aussi Yancy décide de placer ce membre encombrant dans son congélateur avec accroché, comme une pancarte, un mystère à éclaircir. Une trace blanche sur le poignet, la partie non bronzée par le soleil, laisse à penser que l'individu possédait une montre de prestige. D'ailleurs la marque est rapidement identifiée. Mais s'il s'agissait d'un crime crapuleux, pourquoi l'indélicat n'a-t-il pas subtilisé l'alliance en platine ? Yancy est mécontent. Son voisin a fait construire une maison qui dépasse les normes autorisées, occultant les couchers de soleil et empêchant les daims de s'ébattre dans le jardin contigu. Cette maison, qui n'est pas terminée, est destinée à la revente, son actuel propriétaire espérant voir tomber dans son escarcelle une plus-value conséquente. Alors, Yancy s'échine à contrecarrer les espoirs d'Evan Shook en sabotant les visites des éventuels acquéreurs par tous les moyens. Et Yancy n'en a pas fini avec Bonnie. Un inspecteur du FBI lui apprend qu'en réalité cette gente personne répond au nom de Plover Chase et qu'elle est recherchée pour avoir suborné un de ses étudiants lorsqu'elle enseignait dans l'Oklahoma. Yancy est réaffecté à la brigade des Cafards, il faut bien qu'il justifie son salaire. Alors il visite les cuisines et relève les violations en tout genre concernant l'hygiène, et son carnet est vite rempli malgré les pots de vin proposés par les gérants en infraction. Mais cela a une incidence sur son appétit, car il croit voir de petits insectes grouillants dans les plats qui lui sont proposés par la suite. Et bien évidemment il maigrit. Le bras orphelin possède maintenant un nom, et l'inhumation peut avoir lieu. La fille du défunt affirme que sa belle-mère est à l'origine de l'assassinat de son père, excluant catégoriquement le suicide. D'ailleurs elle a vu Eve échanger les anneaux, récupérant celui en platine et mettant une alliance de moindre valeur à la place. Yancy décide prendre l'enquête à son compte lorsque le matelot qui était sur le bateau de pêche des touriste est assassiné, son portefeuille dérobé, devant sa copine du moment. Le marin était en possession d'une somme d'argent conséquente et payait des tournées générales sans barguigner. Et Yancy est vraiment en colère lorsque lui-même échappe à un tueur, attifé de la même façon que celui qui a expédié le matelot au pays de ses ancêtres. Un poncho rouge, ce qui de la part d'un meurtrier est pour le moins voyant. Eve, la femme du défunt, si elle est éplorée, ce serait de la frime car elle a un ami, un amant, n'ayons pas peur des mots, et elle est partie aux Bahamas. Or son amant est un fieffé filou qui a grugé la sécurité sociale ainsi que ses clients, en leur vendant sur papier du matériel médical, dont des fauteuils roulants électriques haut de gamme.
Sur l'île d'Andros, aux Bahamas, Neville est lui aussi en pétard. Sa demi-sœur a cédé à un promoteur immobilier américain, un certain Christopher, le terrain sur lequel était la maison de son père. Lui aussi s'ingénie à récupérer son bien, refusant l'argent issu de la vente. Il demande à une prêtresse vaudou, Reine Dragon, de jeter un sort sur le spoliateur. Il sillonne l'île à vélo en compagnie de son singe qui lui fait bien des misères, lui griffant la patinoire à poux qui lui sert de crâne. Dring, le singe capucin, irritable, irascible que son nouveau maître, Neville, a affublé d'une couche-culotte afin d'éviter les envois spontanés de déjection envers les personnes qui ne lui plaisent pas. Juste retour des lancers de cacahouètes zoologiques ? Dring a joué comme suppléant dans Pirates des Caraïbes, mais son caractère frondeur lui a coûté sa place de vedette. Neville cumule les petits et gros malheurs. Reine Dragon, qui se déplace à l'aide d'un fauteuil roulant électrique échoue dans son entreprise de jeteuse de sorts.
Récapitulons sous forme d'inventaire... à la Prévert : Un bras baladeur, Une alliance transformiste, Des cannes à pêche, Un capucin à la fourrure mitée, Un ouragan érotique, Des blattes qui donnent le cafard, Une vieille prêtresse vaudou lubrique, Deux agents du FBI parodie des Blues Brothers, Un agent immobilier mobile, Un voisin qui ne participera pas à la fête du même nom, Pas de raton laveur mais des rats culinaires...
Il existe un cousinage littéraire entre Carl Hiaasen et Donald Westlake dans le traitement de leurs intrigues et leur façon de les narrer. Ce roman décalé est à ranger dans la catégorie humour loufoque, férocement drôle, joyeusement macabre, dans une débauche de situations improbables ou guère crédibles, mais qui aborde toutefois des problèmes de société qui ne sont pas l'apanage exclusif de la corruption, de l'affairisme et des problèmes liés à l'économie immobilière américaine. Certaines scènes hautes en couleurs ont un côté extravagant, décrites avec mordant. Elles m'ont fait penser, toutes proportions gardées à des dessins animés dans le style de Tex Avery mais également parfois à des avatars de bandes dessinées dans le genre Pieds Nickelés assaisonnées à la sauce super-héros. La cape rouge, portée par le meurtrier, voir ci-dessus, peut-être. Et pour parodier la publicité d'un Grand Magasin parisien, à chaque instant il se passe quelque chose. Le lecteur ne s'ennuie à aucun moment, car cette intrigue luxuriante semble partir dans tous les sens, au gré de l'inspiration immédiate de l'auteur, alors qu'au contraire tout est millimétré.
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