Gueule de fer de Pierre HANOT


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PIERRE HANOT

Gueule De Fer


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Le mardi 10 Octobre 2017

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Pierre HANOT




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Le boxeur Eugène Criqui, un de nos grands champions. Gégène de Ménilmuche, c’était pas un gabarit impressionnant. N’empêche que le petit gars de Belleville né en 1893, qui avait débuté dans la vie comme arpète tourneur ajusteur à treize ans, il avait la boxe dans le sang. Champion de France poids-mouche en 1912, c’était pas rien. Ça le plaçait parmi les pros dans sa catégorie. Mais le noble art pugilistique céda la priorité à d’autres combats, ceux de la Guerre de 1914-1918. On s’y attendait, alors les soldats patriotes se voyaient déjà repoussant les boches jusqu’à Berlin. Dans un premier temps, Eugène fut entraîneur pour les militaires impréparés, que la boxe était censée endurcir.

Ça lui procura un délai à l’arrière du Front, mais Gégène restait une forte tête, et puis le conflit réclamait de la chair-à-canons. Il rejoignit en première ligne son ami Antonin Marcinel, un intello pacifiste pétri de contradictions, et les autres poilus pataugeant dans la boue des tranchées avec les rats. Avec ses communiqués officiels positifs, l’état-major était bien loin des sinistres réalités du terrain. Aucun des soldats embourbés ne manquait de courage, ou plutôt d’instinct de survie. Ce n’étaient pas des mauviettes, ces types-là. Néanmoins, beaucoup passèrent de vie à trépas. En 1915, Eugène frôla la mort… une formule qui ne reflète pas l’insupportable situation.

Blessé gravement à la mâchoire, on le rafistolera aussi proprement que possible. Malgré sa face ravagée, Eugène va retrouver figure humaine et pouvoir progressivement parler de nouveau. Grâce à des médecins, autant que par son volontarisme de sportif. À force de remise en forme, Eugène récupère son niveau physique. En 1917, la sale guerre est finie pour lui : la boucherie, il lui a donné sa part. Retour à la boxe, avec sa gueule cassée, sa mâchoire métallique et sa musculation à peu près requinquée. N’en déplaise aux fâcheux, revoilà le champion. D’octobre 1917 à septembre 1920, Eugène lamine ses adversaires, la plupart avant la limite. La force est en lui, poings de granit et mental d’airain.

Luce, sa fiancée, elle devra l’attendre ou l’oublier. Eugène n’a jamais trop su y faire avec les femmes, il l’admet. Il part pour de victorieux combats de boxe en Australie. Eugène a soif de revanche, de prouver que son destin est sur le ring, et que le titre mondial est un objectif à portée de mains. À Paris ou ailleurs, le puncheur ne fait qu’une bouchée de tous les autres. Durant sa carrière, il totalisera cent victoires bien nettes sur cent trente-deux combat. En juin 1923, c’est en Amérique qu’Eugène Criqui va devenir une sorte de demi-dieu. Certes, le boxeur Johnny Kilbane était déclinant, mais Gégène n’a pas volé son titre de champion du monde des poids-plume. Un vrai événement pour des Français…

(Extrait) “Après cette intervention, ils lui ont déballé le paquet-cadeau et dépiauté de ses bandages, il a dû affronter l’épreuve du miroir. Le reflet dans la glace, ce n’était pas lui, un crapaud, gonflé, tubéreux, de guingois, une caricature.

Jet de l’éponge, adieu la vie, adieu la boxe. Il a pensé au suicide, réussir ce que les boches avaient loupé. Seul réconfort, la confraternité qui s’est instaurée avec ses camarades les plus amochés.

Au stand des monstres de foire, dans le cénacle des gueules cassées, au sommet de l’échelle des abominations, les cicatrices hideuses recouvrent le souvenir d’un œil, d’un nez, d’une arcade, d’un pariétal, d’un pan complet de visage. A contrario, les éclopés, les manchots et les culs-de-jatte peuvent toujours cacher leurs moignons sous leurs vêtements. Hors concours, il y a cependant les maboules, les fêlés du ciboulot traumatisés par les combats…”

Il fut un temps où la gloire se méritait, par le talent ou par l’obstination. Par une capacité inouïe à surmonter les plus terribles obstacles. Des personnages tels qu’Eugène Criqui en fournissent un magnifique exemple. Rendre hommage à des gens exceptionnels, ayant marqué leur époque, c’est absolument légitime. Encore faut-il restituer bien davantage que leur parcours glorieux. Ici, c’est en dessinant un portrait vivant de ce boxeur que l’on peut mesurer quelles furent les marches de son destin. Ce n’est pas un freluquet, ce jeune parigot issu d’un milieu populaire. Sûrement pas un prétentieux, non plus. Un esprit de gagnant, dirait-on de lui aujourd’hui. On imagine la force de caractère qu’il lui a fallu pour dépasser les épreuves mortifères, pour ne jamais renoncer et redevenir le meilleur.

Dans ses romans, Pierre Hanot a prouvé son inventivité, sa fantaisie. On peut lui faire confiance quand, au-delà des péripéties, il s’agit de transmettre le vécu autant que la psychologie des protagonistes. Cette fois, présentant un sportif ayant réellement existé, il nous fait partager avec justesse le sort singulier d’Eugène Criqui. S’il y eut des boxeurs hargneux, agressifs, violents, celui-ci est plus proche des passionnés de leur sport, à la démarche sincère. En outre, cette reconstitution respecte la mémoire des Poilus, nos aïeux valeureux. Même si tout cela remonte à plus ou moins cent ans, c’est notre Histoire. Les rappels du passé ne sont jamais inutiles, surtout quand ils sont servis par un auteur tel que l’excellent Pierre Hanot.

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