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GISELE GUILLO |
Dans Les Ténèbres Du SoleilAux éditions DU PIERREGORDVisitez leur site |
1489Lectures depuisLe dimanche 11 Avril 2010
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Une lecture de |
1679, à Paris. En l’absence de son grand-père le duc, Pascaline de Lignol est un temps hébergée chez ses cousins, Jean Racine et son épouse. Cette blonde aux yeux bleus âgée de dix-huit ans attire fort le dramaturge, depuis peu élevé à la dignité d’historiographe du roi. La jeune fille aime les pièces jugées sulfureuses de Racine, tandis que l’auteur apprécie le charme et le caractère de Pascaline. Il est inévitable qu’ils deviennent amants, en cachette de l’épouse. Toutefois, Racine est contrarié par des lettres anonymes menaçantes reçues depuis peu. Il comprend qu’elles émanent d’un jaloux. En effet, il est détesté par un certain Valadon ¯auteur de théâtre, sans grand talent¯ qui le surveille de près. Espion du Père Labourdette, Valadon emploie le nommé Lescuyer, ancien militaire, pour des tâches subalternes. Dans ce royaume dirigé par Louvois et Colbert, les autorités ecclésiastiques complotent, veillant à conserver leur puissance. Lieutenant général de la police, Nicolas de la Reynie contrôle la sécurité de Paris, en ces temps où les malandrins de toutes sortes y sont très actifs. Il vient de découvrir des faits bien plus importants que cette basse délinquance. On a arrêté plusieurs empoisonneuses. Elles ont dénoncé leur clientèle, dont quelques proches de la Cour de Louis XIV. “L’affaire des poisons” exige du doigté, ce dont ne manque pas La Reynie. Celui-ci est avisé d’un autre dossier énigmatique. Un soir où il rejoignait la belle Pascaline, Racine a été impliqué dans un meurtre. Il n’a pas tué ce Lescuyer, qu’il ne connaît nullement. La Reynie dispose d’assez de détails pour supposer un coup monté. Il ne suspecte pas le célèbre dramaturge et historiographe. Néanmoins, Racine est interrogé au Châtelet, et risque d’être embastillé. Bientôt, on sème des rumeurs visant Racine et Pascaline, évoquant des méthodes utilisées par les protagonistes de “L’affaire des poisons”. Le jeune Baptiste Capparelli revient secrètement à Paris. Peintre dans l’atelier de Mignard, il fut mêlé à une sombre histoire et banni de la ville. Dangereuse situation que la sienne, s’il est repris. Pourtant, il est décidé à revoir Pascaline de Lignol, dont il fit naguère le portrait. Baptiste compte sur l’amitié de Simon, lui aussi employé de Mignard, qui l’aide à se cacher. Marton, servante de Pascaline, peut servir d’intermédiaire. Simon ne lui fait pas confiance, avec raison. Car ceux qui complotent contre la famille de Lignol, produisant calomnies et lettres truquées, utilisent tous les moyens. Au besoin, ils font supprimer leurs informateurs encombrants. De graves soupçons pesent sur Pascaline, dont La Reynie est informé. Mais Baptiste et Racine font tout pour la protéger… Grâce aux personnages comme aux ambiances à suspense, les polars de Gisèle Guillo sont plutôt réussis. Elle fait preuve d’une tonalité attrayante. Ici, c’est une très belle reconstitution historique qu’elle nous présente. Tout-puissant, Louis XIV avait plus d’ennemis que d’amis, y compris dans le clergé. On sait que les intrigues de Cour et divers complots étaient plus que fréquents. Quant à la vie quotidienne du peuple au temps du Roi-Soleil, elle s’avérait peu brillante, voire assez périlleuse. Racine, Pascaline et Baptiste, constituent le trio central de cette aventure. Plus encore, on doit s’intéresser à La Reynie. Contre criminels et délinquants, il utilisa sûrement les rudes procédés de l’époque. Malgré tout, son image n’est pas celle de la cruauté, mais de la saine justice. D’abord, il prit des mesures pour limiter la dangerosité des rues de Paris, pour le confort de tous. Surtout, c’est sans doute le premier enquêteur se basant sur des faits concrets, des éléments de culpabilité. L’auteur le montre tel un “homme de dossiers”, ce qu’il fut certainement, avec une efficacité rare. Il reste un des pivots de cette histoire, fort bien racontée. Un passionnant polar historique, tout simplement. |
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