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PASCAL GARNIER |
La Théorie Du PandaAux éditions ZULMAVisitez leur site |
3242Lectures depuisLe lundi 8 Mars 2010
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Une lecture de |
Débarqué un beau soir dans une petite ville de Bretagne, venant on ne sait d’où, Gabriel va s’attirer tout de suite la sympathie des habitants locaux par de petits gestes anodins pourtant dénués de toute accroche particulière de reconnaissance. Il aime faire plaisir, rendre service, un tempérament inné, sans calcul et besoin de contre partie. Par exemple, le premier soir il entre dans un bar mais le patron, José, pour une fois ne peut assurer la restauration : sa femme vient d’être hospitalisée. Gabriel se contente d’un reste de ragoût de morue et d’un verre de viner verte, quoiqu’il eut préféré autre chose, mais c’est dans sa nature. Il ne veut pas déranger, contrarier. Il s’installe dans un hôtel proche du restaurant, séduit sans le vouloir la jeune réceptionniste, s’improvise cuisinier chez José, rend de petits services, devient le compagnon idéal, l’ami proche, le tonton gâteau, le soutien, l’épaule fragile mais efficace dans les situations difficiles. Sans vouloir se rendre indispensable à tout prix, il est présent quand quelqu’un a besoin d’appui, d’aide, d’amitié, de réconfort, d’une simple parole aimable, d’un geste complaisant et gratuit. Mais derrière toute cette bienveillance, ce don de soi, ne se cache-t-il point autre chose, dont lui-même aurait besoin, aurait eu nécessité dans une vie antérieure, se projetant vers les autres comme il eut aimé que l’on s’intéressa à lui ? Pascal Garnier, livre une nouvelle fois un roman atypique, tendre et amer, noir et humaniste, en décalage avec une mouvance actuelle qui voudrait faire rimer solitaire et solidaire mais n’y arrive pas. Pascal Garnier conçoit les deux dans une sorte de communion athée, parce que l’homme peut se montrer bon sans calcul de profit immédiat ou même lointain. En fait il regarde notre microcosme comme le Panda trônant sur l’étagère du bar de José, panda gagné lors d’une fête foraine et abandonné dans une poubelle, récupéré par hasard et depuis regardant avec placidité les aléas de la vie quotidienne, sans juger ni émettre quelque remontrance ou appréciation désagréable. Pascal Garnier, un auteur rare, pétri de sensibilité, de talent et qui manque de reconnaissance de la part d’un lectorat alléché par les grosses machines éditoriales préfabriquées.
De passage dans une petite ville bretonne, Gabriel s’installe dans le premier hôtel venu. Il remarque la brune réceptionniste Madeleine, ni belle, ni laide. Il ne tarde pas à sympathiser avec José, patron du bar-restaurant Le Faro. Portugais d’origine, il a épousé Marie, actuellement hospitalisée pour un kyste. Gabriel aime cuisiner des mets fins, pour le plaisir. L’occasion pour José et lui d’éviter des soirées en solitaires. Quand Gabriel gagne un gros panda à la fête foraine, le jouet finit sur le comptoir chez José. Il fait la connaissance de Françoise, la belle-mère de son ami, et des deux enfants du couple. Le cas de Marie apparaît plus grave qu’annoncé, au grand désespoir de José. Madeleine est attirée par ce voyageur hors norme. Acceptant de sortir avec elle, Gabriel en est conscient, mais n’est pas prêt pour une relation sexuelle. C’est un saxophone qui met en contact Gabriel avec ses voisins à l’hôtel. Drôle de couple, visiblement paumé, surtout la maladive Rita. Marco, lui, enrage contre son vieux père qui ne veut pas l’aider financièrement. En ville, Gabriel croise des gens qui ont tous leur vécu : une veuve de corniaud à l’église, un monsieur sur un banc détestant les oiseaux, un cordonnier vendant le meilleurs lacets du monde. Au décès soudain de son père, Marco doit hériter. Aussi laisse-t-il en plan Rita dans leur chambre d’hôtel. Madeleine va accueillir la jeune femme chez elle. Formée par le hasard, une improbable famille regroupe Gabriel, Madeleine, Rita et José. Ils passent de bons moments ensemble, de plus pénibles aussi. Car le cas de Marie ne s’améliore pas. À la fois chaleureux et distant, Gabriel masque ses propres souvenirs, ses malheurs passés. Sa compagne Blandine, leur fille Juliette, des amis tels son copain Roland ou le SDF Simon. Si, comme le pense Rita, Gabriel est un ange, il n’a jamais fait de miracles. Pour Marco, les choses ne se passent pas si bien, non plus. Il est prêt à renouer avec Rita. Ces quelques moments de bonheur pour les amis de Gabriel n’ont rien de définitif… Certes, nous sommes peut-être en Bretagne. Une scène se passe à l’Île de Batz, d’ailleurs. Mais c’est dans un décor incertain qu’évolue cet errant qu’est Gabriel. Toutefois, il ne sort pas exactement du néant. Comme ces anonymes qu’il croise, il a ses secrets, porte une lourde douleur. Si l’ambiance est fantomatique, les personnages sont clairement dessinés. Ce n’est pas l’amitié qui réunit ici ces protagonistes, c’est leur sombre destin. Car il existe des aspects criminels dans cette histoire. Des allusions amusées aussi, tel le cordonnier Cachoudas issu de “Les fantômes du chapelier”, de Simenon. Sourire encore, avec une marchande de produits italiens à l’accent germanique. Ce qui offre un semblant de légèreté à ce noir suspense d’une belle fluidité narrative. Il est temps de redécouvrir l’œuvre du regretté Pascal Garnier. |
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