PASCAL GARNIER

Marc est un être quelque peu simplet. Il est enfermé dans une sorte de château, un asile d’aliénés, mais après tout, vivre là ou ailleurs… D’autant que depuis son accident, il voit flou, malgré ses lunettes aux verres en cul de bouteille. Il s’est enfermé dans une tour de silence. Il n’a rien à dire, ce qui ne l’empêche pas d’entendre, d’écouter. Les autres quelquefois, le plus souvent son petit transistor. Ses malheurs sont arrivés lorsqu’il est devenu riche. Il a gagné au loto et les faveurs d’une femme qui voulait gérer sa fortune nouvelle. Mais lui, il n’avait rien à faire des repas organisés chez lui, avec des invités de luxe. Il désirait rester simple ; aller dans un Lavomatic par exemple, regarder les tambours rouler et brasser le linge, pouvoir approcher des personnages simples comme lui, communiquer avec eux, les aider parfois même s’il commettait des bourdes. Il avait fait la connaissance d’une vieille dame, acariâtre, propriétaire d’un chien sur roulette. Ils se rencontraient le soir sur un banc. Et lorsque la vieille dame est morte, il a hérité du magot et du chien, boule de puanteur sur roller. Sa femme aujourd’hui est en prison et lui à l’asile, au calme, pris sous la coupe d’infirmières bienveillantes.