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BRYAN GRULEY |
Starvation LakeAux éditions LE CHERCHE-MIDIVisitez leur site |
2763Lectures depuisLe mardi 19 Janvier 2010
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Une lecture de |
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Starvation Lake est une petite ville au nord de l’État du Michigan, en bordure du lac éponyme. Une région proche de la frontière canadienne, où les hivers sont particulièrement froids. Après avoir été employé dans un quotidien de Détroit, Gus Carpenter est revenu diriger le journal local de sa ville natale. Starvation a connu des périodes plus fastes, quand il était adolescent. Gus se souvient de l’époque où Jack Blackburn s’installa dans le secteur. Il entreprit de créer une solide équipe de hockey sur glace, dont il fut le coach incontesté. Après des débuts décevants, Blackburn parvint à motiver les “River Rats” qui gagnèrent bon nombre de compétitions. Dans l’équipe, il y avait Gus, son meilleur ami Soupy, l’arrogant Teddy Boynton, d’autres encore, qui vivent toujours ici. Leurs succès contribuèrent à la prospérité de Starvation. La marina du père de Soupy attirait les touristes. Patron du pub Enright’s, Q.G. des supporters du club de hockey, Francis Dufresne investissait dans l’immobilier. Blackburn était le héros de la région, admiré des jeunes joueurs comme de leurs parents. Ce n’est pas l’échec des “River Rats” en finale, qui entraîna le déclin relatif de la ville. Ce fut la mort accidentelle du coach Blackburn. Une nuit, sa motoneige coula avec lui dans le lac gelé. Léo, le régisseur du club, en fut témoin et tenta en vain de le sauver. On ne retrouva jamais son cadavre, ce qui n’est guère étonnant. Dix ans plus tard, certains évoquent encore de fumeuses hypothèses sur sa mort. Aujourd’hui, pour relancer Starvation Lake, Teddy Boynton veut investir dans une nouvelle marina. Il n’hésitera pas à causer du tort à Soupy, mal organisé et largement endetté, qui a hérité de celle de son défunt père. Gus Carpenter ne tient pas à aider Boynton grâce au journal, pour qu’il enfonce son ami Soupy. La motoneige du coach Blackburn est retrouvée par hasard. C’est bien la sienne, mais elle n’est pas dans le lac où il a disparu. Joanie, jeune collaboratrice de Gus qui possède un vrai talent de journaliste, mène immédiatement l’enquête. De son côté, Gus s’interroge, ressassant toute cette époque glorieuse. Le vieux Léo n’a jamais été très loquace. Il reste marqué par l’accident mortel du coach. Gus consulte les archives du journal, conscient que Blackburn avait caché des choses sur une partie de son passé. Le shérif Dingus Aho ne simplifie pas l’enquête du journaliste. La policière adjointe Darlene, qui fut l’amie de cœur de Gus, ne peut pas vraiment l’aider, mais reste protectrice. Tout à ses projets, Teddy Boynton n’a pas envie de voir resurgir cette histoire. Francis Dufresne ne s’y intéresse pas non plus. La mère de Gus ne lui donne pas un témoignage très complet sur ce qu’elle sait. Officieusement, le shérif donne à Gus la copie d’une curieuse reconnaissance de dette. Ni une preuve, ni même une piste à suivre. Soupy a déjà des ennuis à cause de ses problèmes financiers. Il en risque de bien pire, s’il est prouvé qu’il a été mêlé à la mort de Blackburn. Gus ne peut laisser tomber son seul véritable ami. Son enquête prend une tournure délicate, lui-même finissant par être pourchassé par les flics. Le décès de Léo est un déclencheur, Gus menant ses investigations jusqu’à Washington DC. Il finit par définir les rôles des principaux témoins de l’affaire, sordide dans les faits, cynique dans le bizness qu’elle générait… C’est la chronique d’une petite ville et de ses sombres secrets. Elle a bénéficié d’un essor et d’une prospérité, qui masquaient une réalité beaucoup moins reluisante. Alors adolescent, Gus Carpenter garde des souvenirs positifs de ce temps-là, et nous les raconte. Certains épisodes furent moins agréables sans doute. Si, désormais, il y a bien une malédiction sur cette ville, c’est le hockey qui en fut la cause. Aucun de ceux qui ont vécu ou connu les faits ne sont innocents. Gus doit ouvrir les yeux sur la vérité, mais il n’est jamais en position de force. C’est bien ce qui fait de lui un personnage assez attachant. L’auteur crée une ambiance troublante, où planent les non-dits, l’imprécision hypocrite des mémoires. C’est comme si la situation pouvait à tout moment basculer en défaveur de Gus (et de Soupy), alors qu’on le sent sur le bon chemin. Il convient de s’installer dans ce noir suspense, de se mêler à la vie des protagonistes, afin d’apprécier la saveur de ce très bon roman. |