le petit vieux des batignolles de Emile GABORIAU


Le Petit Vieux Des Batignolles GABORIAU76

EMILE GABORIAU

Le Petit Vieux Des Batignolles


Aux éditions LIANA LEVI


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Le samedi 26 Septembre 2009

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Emile GABORIAU




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Lorsqu’il décède en 1873, à l’âge de 41 ans, Emile Gaboriau ne pensait certes pas que le genre littéraire qu’il avait, sinon créé, mais défini en le balisant, en le mettant sur des rails que bien d’autres après lui allaient emprunter, il ne pensait certes pas que ce qu’il appelait alors le roman judiciaire obtiendrait un formidable engouement auprès du public et favoriserait la naissance d’émules nombreux et variés. Le roman policier est né véritablement sous la plume de Gaboriau, et Conan Doyle, reprenant le système de déduction logique par l’examen d’indices, ou Simenon s’attachant plus particulièrement aux personnages et à l’atmosphère, lui insuffleront une vitalité jamais démentie, malgré les avis de mauvais augures qui prédisent sa mort tous les dix ans. Le petit vieux des Batignolles est sans conteste, avec le Crime d’Orcival du même Gaboriau, le prototype même du roman policier. Débarrassé des lourdeurs, des explications à rallonges, dégraissé des retours en arrière et des considérations parfois ennuyeuses sur le passé des protagonistes, délesté des nombreuses digressions, peut-être jugées indispensables à l’époque puisque les romans étaient d’abord publiés en feuilletons, Le Petit vieux des Batignolles n’a rien perdu de sa fraîcheur, de sa verve, de son allant.

Dans le quartier des Batignolles, un petit vieux a été assassiné. Il gît dans une mare de sang. Sur le parquet, écrites à l’aide de son sang, mal formées mais lisibles, s’offrent à la vue des policiers cinq lettres : MONIS. Sans aucun doute cela signifie que le nom du coupable commence par ces deux syllabes. Justement la concierge, la portière comme on appelait à l’époque les dignes représentantes de cette profession, la concierge confirme que le soir même du crime Monistrol, le neveu du petit vieux, est venu rendre visite à la victime. D’ailleurs le présumé coupable avoue son forfait. Cependant Méchinet, l’enquêteur reste sceptique quant à la validité de cette inscription et à l’identité du coupable.

Le narrateur, jeune carabin, va suivre l’enquête menée par l’inspecteur Méchinet, en apportant sa pierre à l’édifice. Il aide à la recherche d’indices, soulevant parfois une objection sur la façon de procéder de Méchinet, ou dévoilant une zone d’ombre grâce à sa naïveté. Cela ne rappelle-t-il point un certain docteur Watson ? Conan Doyle, il ne le cachait point, s’était justement inspiré de l’œuvre de Gaboriau qu’il avait lue et appréciée pour créer ses personnages.

Collection Piccolo ; Editions Liana Lévi
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CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER
Paris, 19e siècle. Étudiant en médecine, Godeuil a sympathisé avec le voisin qui l’intriguait tant, Monsieur Méchinet. Cet homme semblant mener une vie agitée s’avère être un policier. Ce jour-là, un crime ayant été découvert au 39 rue Lécluse, le duo se précipite sur les lieux. C’est un vieux monsieur aisé, ancien coiffeur, que l’on a poignardé dans son appartement. Traçant le début d’un nom avec son sang, la victime a désigné son assassin. Il s’agit de Monistrol, neveu et héritier du vieux monsieur. D’ailleurs, la concierge l’a vu arriver vers neuf heures et repartir à minuit. Pourtant, Godeuil remarque que la victime a écrit ces signes de la main gauche, ce qui parait improbable. En outre, l’étudiant diagnostique une mort immédiate du poignardé.

Pendant ce temps, Monistrol a été arrêté à son domicile. Tout de suite, il a admis son crime. Sa séduisante épouse Clara a eu beau protester de l’innocence de son mari, on a mis le suspect en cellule à la Préfecture. Godeuil offre au policier Méchinet un bon indice, un bouchon oublié qui servit à protéger la lame du poignard. La concierge témoigne que le vieux monsieur, bien que fort aimable, se refusait à avancer la moindre somme d’argent au couple Monistrol. Elle confirme avoir vu passer la silhouette du neveu, ainsi que son fidèle chien, le soir du meurtre. Méchinet et Godeuil se rendent ensuite au Quai des Orfèvres, où le suspect affirme toujours être coupable. Des aveux incertains, car il ignore visiblement tout des faits réels. À moins qu’il ne joue la comédie ?

Caroline Méchinet, l’épouse du policier, expose à son mari et à leur jeune voisin son opinion sur l’affaire. Pour elle, si Monistrol est bien le coupable, la belle Clara serait l’instigatrice du crime. Manquant d’expérience mais pas de réflexion, l’étudiant Godeuil reste convaincu de l’innocence du suspect. Il accompagne le policier dans le quartier où les Monistrol tiennent une modeste boutique. Rusant avec les commerçants du voisinage, M.Méchinet constate que Monistrol est estimé de tous. L’opinion sur sa femme Clara est plus mitigée, mais sans rumeur négative à son encontre. Mme Monistrol les reçoit quelque peu théâtralement dans sa boutique. Il se confirme que son mari n’a pas d’alibi pour la soirée du meurtre, tandis qu’elle possède plusieurs témoins. Godeuil se demande si le désespoir de la jeune femme est vraiment sincère. Le policier Méchinet doit se montrer subtil pour découvrir la piste déterminante…

Émile Gaboriau (1832-1873) fut un des précurseurs de la Littérature policière. “L’affaire Lerouge” et “Monsieur Lecoq” établirent quelques-unes des bases du roman d’énigme. Gaboriau était conscient de l’aspect ludique du mystère: “Le rôle du lecteur est de découvrir l’assassin. Le rôle de l’auteur est de dérouter le lecteur. Voilà toute ma science.” Écrit vers 1870, ce court roman apparaît aujourd’hui comme l’archétype du récit d’enquête. On peut y détecter beaucoup d’éléments dont se serviront plus tard d’autres romanciers, de Sherlock Holmes (le narrateur préfigure Watson) à Georges Simenon (personnages issus de la population-type, bourgeois ou petites gens). On a même un policier qui s’oppose à la version acceptée par sa hiérarchie, ce qui rappelle bon nombre de romans plus récents, parfois noirs. On devine que Gaboriau veut éviter certains effets trop faciles, courants dans le roman populaire d’alors. Nous avons ici l’ambiance parisienne de l’époque et une intrigue fort habile, avec toutes les hypothèses nous venant à l’esprit. Lire “Le petit vieux des Batignolles”, ce n’est pas seulement compléter sa culture-polar, c’est surtout une vrai plaisir de lecture.

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