les disparus de l'a16 de Maxime GILLIO


Les Disparus De L'a16 GILLIO84

MAXIME GILLIO

Les Disparus De L'a16


Aux éditions RAVET-ANCEAU - POLARS EN NORD

2523

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Le samedi 5 Decembre 2009

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Maxime GILLIO




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  
Un roman signé Virginia Valmain & Maxime Gillio.

Il était temps que Virginia Valmain, belle détective de 32 ans basée dans la région de Dunkerque, nous raconte ses exploits. Car la fougueuse enquêtrice est impliquée dans des affaires agitées. D’abord, il est nécessaire de présenter brièvement ses remarquables associés. Sa tante Mère-Grand est une corpulente lesbienne, spécialiste (entres autres) en informatique et en réparties vachardes. Quant à Lao-Tseu, comme son nom ne l’indique pas, c’est un géant Malien au QI faiblard mais aux muscles puissants. Deux énergumènes manquant un peu de distinction, mais plutôt efficaces. Afin de glaner quelques infos, Virginia fait aussi appel à David, beau gosse surnommé “Curly” pour des raisons intimes. En outre, la détective est proche du policier Adam Bathany, qui aimerait bien reconquérir son ancienne amante Virginia. Voilà pour la photo de groupe des protagonistes.

La jeune femme est engagée par l’épouse anglaise d’un des disparus de l’affaire Saint-Folquin. C’est dans ce village en bordure de l’A16 qu’ont disparu depuis six mois quatre hommes et une femme: Évelyne Maes, femme au foyer d’Angers; Raymond Tournier, cuisinier à Limoges; Brian Slatter, chauffeur routier anglais; Dirk Rummenigge, footballeur pro allemand; et Jos Vandewaele, citoyen belge. On ne voit guère de point commun entre eux. Peut-être que les fréquents changements de clubs du footeux allemand peuvent fournir une piste. Mais rien ne confirme réellement qu’il soit le pivot de l’affaire. À Saint-Folquin, l’ambiance est dantesque quand y débarquent en camping-car Virginia et ses amis. C’est particulièrement vrai à l’auberge des Dupuis, où ils font la connaissance de Silke. Cette journaliste allemande enquête (natürlich) sur le cas de son compatriote.

Florine Zoonekind, la maire du village, dont le visage s’orne de pustules et autres rebutants boutons, admet que ces disparitions ont dopé le commerce local. Mais elle ne sait rien de plus. La présence de la détective semble déranger, car le camping-car de Mère-Grand est vandalisé. Un détour par Angers lui fait découvrir la famille de nazes d’Évelyne Maes, père et enfants aussi écœurants de bêtise crasse. Chez la pieuse épouse du disparu belge, Virginia constate qu’il n’y est pas regretté. Sa cliente, la femme de l’Anglais, n’étant pas plus agréable, la détective en conclut que la plupart des disparus étaient mal mariés. Quand Lao-Tseu est agressé avec violence à Saint-Folquin, c’est encore un avertissement menaçant. Que l’arme, une clé à molette, provienne de chez le ferrailleur du village, beau-frère de Mme le maire, ne prouve sans doute rien.

Quand l’aubergiste Dupuis est assassiné, Virginia n’oublie pas que l’épouse du défunt le cocufie avec un discret amant, peut-être depuis plusieurs mois. David “Curly” serait bien avisé de s’interroger sur la belle journaliste Silke, devenue si câline avec lui. Quand réapparaît Évelyne Maes, celle-ci affirme avoir été séquestrée par des extra-terrestres, témoignage incertain mais fort précis. Après deux autres meurtres, Virginia va devoir démêler les nœuds de cette énigme, sachant qu’elle a probablement plusieurs adversaires distincts…

Un mot sur le duo signant ce roman : Virginia Valmain est la narratrice, tandis que Maxime Gillio rédige l’histoire. La pétulante héroïne (le qualificatif lui correspond idéalement) installe une complicité amusée avec le lecteur, un peu à la manière d’un San-Antonio. Outre ses pittoresques associés, auxquels une dose de vulgarité ne fait pas peur, Virginia est confrontée à une galerie de personnages hauts en couleur. (Formule sobre, qui évite de souligner qu’ils sont carrément déjantés, grotesques, etc.) Nous sommes ici dans une comédie à suspense, revendiquée comme telle. Néanmoins, exploiter une veine comique ne suffit pas pour captiver. Miss Virginia n’oublie pas de nous rappeler que nous somme dans un polar vrai de vrai, où la gaudriole doit laisser une large place à l’intrigue. C’est pourquoi elle nous présente une véritable affaire criminelle, avec ses mystères et une cascade de péripéties, sans oublier une pléiade de suspects et moult rebondissements. Une aventure dynamique et débridée, une enquête énergique. C’est tellement réjouissant que l’on en redemande !

Parmi les éléments souriants, on notera le passage (en guest-star) de Didier Daeninckx, ou cet extrait musical dans lequel Silke veut retenir David :

«— David, ne me quitte pas ! Moi ich t’offrirai des Perlen de pluie venues de Länder wo il ne pleut pas. On a vu souvent rejaillir le Feuer von un ancien volcan qu’on croyait zu vieux. Ich te promets le Salz au grüsse von mein bouche. Laisse-moi une dernière chance ! Ach, tu verras, tu verras, tout recommencera, tu verras, tu verras…

— Paroles ! Paroles ! Paroles !

— Nein, ne m’abandonne pas ! Comme quand meine Mutter sortait der Abend et qu’elle me laissait allein mit mein désespoir. Ich bin malade ! Ich te donne alle meine différences ! Alles ces défauts qui sont autant de Chancen !»

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