PASCAL GARNIER

L’action de l’A26 est située dans le Nord, avec ses nuages qui tourbillonnent dans le ciel et dans la mémoire de certaines personnes, avec la pluie qui cingle et embue la mémoire des protagonistes, diluant les évènements qui se sont déroulés quelques décennies auparavant. Yolande a été tondue à la Libération. Depuis elle reste calfeutrée dans la maison où elle vit avec son frère qui vient de prendre sa retraite. Il était cheminot, regardait passer les trains. Elle, elle se contente de voir déambuler ses voisins, les passants, par un trou de la serrure, ou encore elle feuillette la Semaine de Suzette, une réminiscence de son enfance, découpe des images qu’elle assemble comme des puzzles. Lui, il se débat contre le cancer qui le ronge, contre l’emprise de sa sœur pour laquelle il a sacrifié sa vie, et dérape un soir dans la boue en liquidant une jeune fille qui ne demandait qu’à faire du stop. L’instinct a été plus fort que lui. Il a fallu qu’il la noie dans une flaque d’eau et l’enfouisse dans les tranchées proches du chantier de l’A86. Une cache en béton, pense-t-il. C’est sans compter sur les aléas, les bizarreries mentales de sa sœur ou la sollicitude d’une bistrotière, mariée avec un alcoolique, et qui ressent encore envers le cheminot une profonde tendresse.