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MAURICE GOUIRAN |
La Peur BleueAux éditions JIGALVisitez leur site |
687Lectures depuisLe mardi 7 Septembre 2021
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Une lecture de |
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Marseille : Le 5 novembre 2018 aux environs de 9 heures, rue d'Aubagne, deux immeubles vétustes s’effondrent causant la mort de huit personnes. Les services de la ville ainsi que six élus LR, qui louent ou ont vendu des logements insalubres, sont immédiatement montrés du doigt et ceci d’autant plus que de nombreux experts avaient alerté du danger à de nombreuses reprises et depuis de nombreuses années. Jean-Claude Gaudin, maire depuis 1995, se défend en rejetant la responsabilité de l'accident sur les fortes pluies qui l’ont précédé... (1) La capitaine Emma Govgaline tente de mener l’enquête à son terme, mais elle est vite dessaisie au profit d’un obscur laquais qui la boucle comme attendu. Et c’est dans ce contexte que le corps d’un vieil homme est découvert au milieu d’un bosquet. Il est nu, égorgé et pendu à un arbre comme du bétail et c’est son fils qui est dépêché sur les lieux. Que faire ? L’enquête ne peut que lui être retirée ! Alors par manque de moyen elle est confiée à Emma Govgaline, un élément certes efficace, mais totalement incontrôlable ! Victime d’un accident de circulation provoqué par un inconnu, Emma dirigera l’enquête depuis son lit d’hôpital, distribuant à son adjoint les tâches et confiant à Clovis Narigou quelques missions officieuses. Très vite, l’un et l’autre parviennent à une certitude : le meurtre de ce vieil harki n’est qu’un meurtre parmi une longue liste de meurtre de vieux harkis ; autant dire que le mobile se terre dans le passé (2). Pour son nouvel opus, Maurice Gouiran plonge son lectorat dans un épisode particulièrement refoulé de l’Histoire de l’hexagone, pudiquement désigné d’événements d'Algérie et il l’aborde sous un angle oublié, celui de ces gens devenus indésirables en Algérie et malvenus dans une France qu'ils ont servie ; sous un angle ignoré, celui de la guerre psychologique dont l’opération La Bleuite (3) constitue un élément central. Fidèle à sa gouille « méridionale », à sa légèreté d’écriture, il immerge le lecteur dans un double drame, celui qui s’est noué dans un passé lointain, celui qui se noue dans un présent proche. Une fois de plus et avec le talent des grands il fait œuvre de mémoire et plus précisément, il la ressuscite (4). 1- https://fr.wikipedia.org/wiki/Effondrement_des_immeubles_rue_d%27Aubagne_%C3%A0_Marseille 2- https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d'Alg%C3%A9rie 3- https://www.harkisdordogne.com/la-bleuite-l-autre-guerre-d-algerie-documentaire 4- « La guerre d’Algérie n’a été que rarement relatée par l’écrit et l’image, même si les quelques films et romans qui lui furent consacrés restent dans nos mémoires. Elle est toujours l’objet d’interminables polémiques, d’interprétations et de clichés partisans, voire volontairement déformés. Soixante ans plus tard, ses plaies tardent toujours à se refermer. Même si je n’y ai jamais participé personnellement, elle reste un conflit majeur qui a marqué mon enfance. Abordé dans Les vrais durs meurent aussi, j’ai toujours pensé que ce conflit méritait un plus grand développement, à condition bien entendu de trouver un angle de vision novateur. L’opération menée à partir de 1958 sous le nom de « bleuite » (qui donne son nom au roman) m’a paru assez significative à ce sujet. Elle me permettait, en outre, d’aborder le problème des harkis. Quelle que soit l’opinion qu’on peut avoir sur l’engagement des harkis, force est de reconnaître que le sort que la France leur a réservé est assez indigne. Le second angle d’accroche de cette histoire est le scandale des logements indignes et des immeubles effondrés qui secoue la ville depuis plus de deux ans. J’ai déjà abordé le problème de la pression immobilière à Marseille (dans Train bleu, Train noir ou Putains de pauvres ! notamment) mais en novembre 2018, les choses avaient empiré : l’appât du gain de quelques-uns avait tué et l’indigence des projets municipaux dans ce domaine, porté au regard de tous, était flagrante. » Maurice Gouiran. |
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