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THEOPHILE GAUTIER |
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149Lectures depuisLe jeudi 18 Octobre 2018
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Lettre à la présidente. Préface d’André Lacaille. Collection Perle rose. Parution 01 novembre 2017. 3,99€. ISBN : 9791023406559 Envoyer une lettre coquine c’est bien, en recevoir, c’est mieux ! Dans cette lettre, datée du 19 octobre 1850, Théophile Gautier s’adresse à la Présidente. Une missive écrite à Rome et relatant son voyage en Suisse d’abord puis dans différentes villes de la péninsule italienne. La Présidente, est une charmante femme qui servit de modèle à des sculpteurs et des artistes peintres, recevant de nombreux écrivains, compositeurs ou statuaires à sa table ou dans son salon. Elle se montre à l’égal de ses hôtes et selon Ernest Feydeau (Souvenirs intimes de Théophile Gautier) elle se montrait supérieure aux autres femmes, d’abord en ce qu’elle était mieux faite, ensuite, parce que, contrairement aux habitudes des personnes de son sexe, elle n’exigeait point qu’on lui fit la cour, et permettait aux hommes de parler devant elle des choses les plus sérieuses et les plus abstraites. Ce courrier débute ainsi : Cette lettre ordurière, destinée à remplacer les saloperies dominicales, s’est bien fait attendre ; mais c’est la faute de l’ordure et non de l’auteur. Un peu plus loin, il continue en ces termes : J’ai le grand regret de ne pouvoir vous envoyer que des cochonneries breneuses et peu spermatiques. Une façon quelque peu familière d’écrire à une jeune femme qui n’est point offusquée et peut-être en redemande. Villon et Rabelais sont présents au-dessus de l’épaule de l’écrivain, et peut-être lui soufflent-il quelques expressions, tournures de phrases qui font les délices d’un amateur égrillard. Gautier s’attache plus à décrire les personnes du sexe, comme il était de bon goût à l’époque de dire lorsque l’on parlait de femmes, que les monuments et curiosités touristiques des villes dans lesquelles il musarde en compagnie de Louis. Je ne prélèverai que deux exemples, juste de quoi vous émoustiller et vous inciter à découvrir le texte en son entier. A Genève, le gouvernement vous recommande, à la porte de la ville, devoir ci-derrière ; ce qui est beaucoup dans une ville protestante, où, pour humilier les catholiques, et leur montrer qu’ils ne sont que des païens sensuels, les femmes se rabotent le cul et les tétons avec la varlope de la modestie, selon la méthode américaine. Une image qui traduit l’antagonisme entre l’austérité, affichée, des mœurs des pratiquants de la religion dite réformée, et la joyeuse paillardise dont les moines bedonnants et à la mine réjouie pouvaient se prévaloir. Au contraire, l’auteur s’extasie devant les rotondités des Romaines, débordantes de chair. Une description qui ne manque pas de saveur et l’on se prend à rêver devant L’histoire de la mère de Beatrice Cenci, à qui l’on ne pouvait couper la tête, parce que ses tétons, gros come des bombes, l’empêchaient d’appuyer son cou sur le billot... Théophile Gautier et son compagnon de voyage ne résistent pas aux bonnes fortunes qui leur sont prodiguées en cours de route, et cela est relaté d’une manière peu académique.
La préface signée André Lacaille est fort intéressante, notamment en ce qui concerne le style et les écrits de certains écrivains de l’époque, respectables et honorés, piedestalisés, quasiment panthéonisés, qui n’hésitaient pas à se fourvoyer dans des écrits gaulois, grivois, érotiques, voire plus. Je me permettrai juste de relever ce qui me semble une petite erreur. Il est écrit : il a 24 ans en 1830 lorsqu’il effectue sa première incursion (à sa passion italienne). Il voyage en compagnie de Louis de Cormenin, fils du fameux pamphlétaire du règne de Louis-Philippe. Or, à ma connaissance, Théophile Gautier est né le 31 août 1811. Et sans prendre de calculette, je puis affirmer que notre ami Théophile n’a dans ce cas que 19 ans, ce qui est plus logique par rapport au texte, à la forme de naïveté qui s’en dégage, et surtout à l’approche que l’auteur de la missive professes à l’encontre des femmes. Mais si ce voyage s’effectue en 1830, comment se fait-il que cette lettre soit datée du 19 octobre 1850 ! Les mystères des prosateurs qui peut-être ne se relisent pas ou qui cherchent à égarer le lecteur dans ce qui n’est après tout qu’un document privé. A moins que ceci ne soit qu’un aimable pastiche…
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