|
|
BOB GARCIA |
L’affaire Mina Marten. Sherlock Holmes Contre Conan DoyleAux éditions LA MECANIQUE GENERALE |
1059Lectures depuisLe mardi 16 Janvier 2018
|
Une lecture de |
Parution le 9 novembre 2017. 704 pages. 11,50€. Lorsque Watson joue le rôle de conciliateur entre Sherlock Holmes et Conan Doyle ! Alors que le bon docteur Watson attend la visite de son agent littéraire et ami Conan Doyle, et que Sherlock Holmes traînasse dans leur appartement, madame Hudson, leur logeuse, leur tend un billet qui vient de lui être remis. Conan Doyle présente ses excuses, car il vient d’être requis à Scotland Yard au bureau de Lestrade pour une affaire incroyable. Lorsqu’ils arrivent sur place, Sherlock Holmes ne pouvant faire l’impasse sur cet incident, Conan Doyle est déjà sur place en compagnie d’une spirite, une jeune femme fluette à la beauté fragile, du nom de Mina Marten. Une mère de famille lui a demandé de retrouver sa gamine qui s’est évaporée sur le chemin de l’école en rentrant chez elle. La mère éplorée a refait le chemin interrogeant des personnes susceptibles d’avoir aperçu l’enfant. Et elle a également découvert à terre une boucle, provenant probablement d’une sangle, dans une petite ruelle que la fillette devait emprunter pour rentrer chez elle. Un individu lui a conseillé de s’en remettre à un médium d’où ce recours à Mina Marten. La boucle en main, la spirite est atteinte de frissons et son regard devient vide, étrange. Elle a une vision, et aussitôt Lestrade et compères se lancent sur une piste d’après les indications fournies. La gamine est retrouvée saine et sauve, mais Sherlock Holmes, à l’esprit cartésien et qui ne partage pas l’inclination de Conan Doyle pour les manifestations médiumniques, penche pour une mascarade. Doyle n’en démord pas et il prétend que la spirite pourrait résoudre des enquêtes sur lesquelles Scotland Yard s’est cassé le nez. Ces réunions se dérouleraient au Cercle, devant un aréopage de scientifiques, d’aliénistes, un journaliste, un détective indépendant et quelques témoins. Reste à convaincre Sherlock Holmes à participer à ces soirées, auxquelles naturellement sont conviés Lestrade et Watson. Quelque temps plus tard, un ouvrier œuvrant à la démolition d’une maison remet à Lestrade un couteau. Un objet qui ne pourrait qu’être banal, sauf que l’immeuble en déconstruction fut le théâtre du meurtre de Jane Kelly, l’une des victimes de Jack l’Eventreur. Le couteau est de facture ancienne, porte une inscription difficilement déchiffrable et a été retrouvé dans le conduit de cheminée de la pièce où a été découvert le cadavre. L’objet est confié à Mina Marten et c’est ainsi qu’elle va reconstituer le parcours du couteau, sur lequel est inscrit Londinos, de la naissance de la ville de Londres jusqu’à l’affaire Jack l’Eventreur. Treize soirées, treize récits, et selon les mêmes mises en scène. Au début, Mina Marten avale le contenu d’une petite fiole, puis elle semble absente, mutique durant quelques minutes, et le flot de paroles s’échelonne sans interruption. Et à la fin elle est épuisée et s’affaisse. Toute l’assemblée est subjuguée sauf Sherlock Holmes. Et le lendemain Watson et le détective partent à la quête de renseignements afin de déterminer la part de véracité dans ce long monologue de la veille. Et ce qui intrigue le plus le détective, c’est que le récit ne semble pas pouvoir être remis en cause, et que la provenance des renseignements, des descriptions, des noms de personnes impliquées dans ce qui sont des visions, seuls quelques scientifiques, historiens, archivistes ne peuvent en avoir connaissance. Et son langage ne correspond guère à son éducation de cockney, de fille issue de la classe ouvrière et peu instruite.
Une histoire à tiroir, ou, pour un exemple plus concret, un roman narré façon Conte des Mille et une nuits, telle est la performance que Bob Garcia a réalisé en 700 pages hypnotiques. Les récits de Mina Marten s’imbriquent dans le cours du récit et ne font pas l’objet de chapitres spécifiques, et le tout est si bien entrelacé avec une constante, le parcours du couteau, qu’il est difficile de sortir du bouquin pour s’adonner à d’autres occupations primordiales, manger, boire et dormir, sans oublier quelques fonctions accessoires dont je vous laisse deviner le contenu. Un véritable tour de force d’après une histoire véridique, Mina Marten ayant réellement existé sous le nom de Mina Cranden, et les récits développés par la spirite sont vérifiables, tout au moins en partie. Bob Garcia même habilement fiction et réalité, et aux côtés de personnages dont la notoriété ne s’est pas démentie et d’événements qui se sont produits, comme par exemple la Grande Peste et l’incendie de Londres, d’autres épisodes sortent de l’imaginaire de l’auteur et l’on est surpris, non pas de voir l’auteur et sa créature, Conan Doyle et Sherlock Holmes évoluer ensemble, mais de retrouver par exemple le Professeur Challenger, toujours aussi bougon, irascible et misanthrope. Conan Doyle et Sherlock Holmes évoluer ensemble, oui, mais surtout se confronter, deux théories contradictoires les opposant. Mais qui a raison, qui a tort dans cet affrontement avec Watson pris entre deux feux, entre deux amis dont les opinions concernant Mina Marten ne peut que les placer dans un antagonisme néfaste à de bonnes relations ? A la fin du roman, Bob Garcia revient sur les treize récits, apportant certaines précisions historiques et propose une galerie des personnages principaux. |
Autres titres de |