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MISHA GLENNY

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Misha GLENNY




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Au Brésil, Antônio Francisco Bonfim Lopes naît le 24 mai 1976, dans la favela de Rocinha, une des plus populeuse de Rio-de-Janeiro. Antônio est le fils de Dona Irene, employée de maison, et de Gerardo Lopes, barman. Il a un demi-frère, Carlos, premier fils d’Irene. À cette époque, entre un afflux de gens venus de régions pauvres du pays et une économie mal en point, les favelas sont de plus en plus touchées par les trafics de drogue. Les gangs sont issus de mouvements guérilleros, tel le Commando rouge. Dênis de Rocinha est le premier caïd à s’intituler "parrain" et à instituer une organisation basée sur le narcotrafic. Il est soutenu par des représentants des quartiers, élus. Malgré le climat violent et la drogue qui circule, une certaine stabilité règne dans la favela de Rocinha, qui grossit.

Antônio est âgé de douze ans au décès naturel de son père Gerardo, qu’il vénérait. Garçon intelligent, il ne va pas se mêler des affaires crapuleuses liées aux trafics, mais obtenir un bon emploi et se marier avec Vanessa quelques années plus tard. Hélas, âgée d’environ neuf fois, leur fille Eduarda est victime d’une maladie rare, histiocytose langerhansienne. Le traitement s’avérera efficace, mais horriblement coûteux. Âgé de vingt-quatre ans, Antônio est contraint d’abandonner son travail. Dans le même temps, l’incompétence du nouveau président brésilien provoque une catastrophe économique dans le pays. À Rocinha, le taux de mortalité violente est en forte hausse. Soixante pour cent de la consommation de cocaïne de Rio passe par cette favela. Dênis étant hors jeu, c’est le "parrain" Lulu qui dirige les activités mafieuses. Il est nettement mieux organisé que son prédécesseur.

Un tournant s’opère dans la vie d’Antônio, qu’il faudra maintenant appeler Nem. Lulu lui a accordé un prêt, et l’a fait entrer dans son gang, avec un rôle modeste. Face à la police corrompue et aux milices paramilitaires crées dans les années 1990, les trois factions de trafiquants sont néanmoins prospères. Avec un taux de plus de soixante-dix homicides pour cent mille habitants, Rio reste une des villes les plus criminelles du monde. C’est en partie dû à la guerre opposant les gangs rivaux. Le "parrain" Lulu va y remédier en partie, grâce à une bonne gestion de Rocinha. Fermeté, générosité, bizness rentable, charisme, autant de qualités qui font qu’on le respecte. Antônio-Nem fait bientôt la preuve qu’il est un des meilleurs lieutenants du "parrain" Lulu, gérant avec fluidité ses responsabilités.

Côté personnel, c’est un peu plus compliqué pour Nem. Vanessa est de nouveau enceinte, mais sa nouvelle "fiancée" Simone, aussi. Les deux femmes n’entendent pas que Nem se défile. Le truand Dudu, ex-caïd de Rocinha, et sa bande disputent sa suprématie à Lulu. En avril 2004, à Pâques, ils causent de sérieux troubles dans la favela, sous l’œil du BOPE, le service d’action commando de la police. Malgré les conseils de Nem, Lulu est assassiné. Une période d’instabilité va logiquement s’ensuivre : trop fêtard, le "parrain" Bem-te-vi n’a qu’un rôle provisoire dans la succession. C’est Nem qui, avec l’aide de son ami d’enfance Joca, devient le nouveau chef. Il reste dans la ligne voulue par Lulu, limitant même le port d’armes dans les rues afin de faire baisser la mortalité violente.

Exit Joca, trop impétueux. Nem s’allie avec Bibi-la-dangereuse, bénéficiant ainsi de l’aide du truand Saulo. Mais diriger sans faille l’organisation est un vraie casse-tête pour Nem. “Une entreprise stressante et complexe, certes, mais qui tourne du feu de Dieu.” En 2008, il va se remarier avec la belle Danúbia, vingt-et-un ans, et apparaître tel un notable de Rocinha. Tandis que la politique du président brésilien Lula porte ses fruits, Nem est cible d’une enquête menée par un trio de policiers : Barbara Lomba, Reinaldo Leal et Alexandre Estelita ne le lâcheront plus, même si son arrestation doit être désordonnée. Réaliste et fatigué par une vie trop dense, Nem entame un processus de reddition…

-“Depuis l’arrestation de Dênis de Rocinha en 1987, plusieurs parrains se sont succédé pour diriger le secteur au nom du Commando rouge. Leur espérance de vie moyenne, une fois au sommet, était de dix mois environ, leur carrière étant abrégée soit par une arrestation, soit la plupart du temps par un assassinat. Au cours de cette période, Rocinha a souvent été répartie entre deux ou trois chefs, tous désignés par Dênis depuis sa cellule.

Ce dernier divisait pour mieux régner, ce qui provoquait de sérieuses frictions entre les dirigeants du haut et ceux du bas, leur autorité découlant directement du stock d’armes constitué grâce aux bénéfices du trafic de drogue. C’étaient en général de jeunes hommes entre dix-sept et vingt-huit ans. Si certains se montraient raisonnables, d’autres étaient de quasi-psychopathes avec un goût très marqué pour la violence. Lorsque Dênis donne sa bénédiction à Lulu en 1998, l’ambiance s’améliore donc grandement.”

Ce livre ne raconte pas seulement l’histoire d’Antônio, dit Nem de Rocinha. Ce reportage nous décrit la société brésilienne, la vie à Rio de Janeiro, en particulier depuis la décennie 1980, à travers un quartier singulier. Quelle image avons-nous de ces favelas ? Violentes mais pittoresques, populaires et gangrenées par les trafics ? C’est bien trop parcellaire pour en comprendre le fonctionnement. Car le système socio-économique qui s’impose ici n’a pas d’équivalent exact dans les pays occidentaux. Il serait trop basique d’affirmer que c’est l’argent de la drogue qui fait vivre ces faubourgs de Rio. Vrai, mais l’organisation des favelas est largement plus complexe. Les habitants miséreux ne pouvant pas compter sur les autorités, il s’est créé une autonomie financière de quartiers.

Économie parallèle et mafieuse ? Oui. Toutefois, le système doit autant à l’attachement des Cariocas à leur favela : même employés dans les secteurs chics de Rio, ils y gardent un lien fort. Souvent, ils y habitent toujours, bien que hantés par la peur, la mort étant omniprésente à Rocinha ou dans les favelas autour. S’il est concret, avec les rivalités entre gangs que ça suppose, et un rapide turn-over des caïds locaux, le concept de Mafia est facteur d’équilibre. Certains "parrains", tel Lulu, sont avant tout des "juges de paix", durs avec les malfaisants, bienveillants envers la population. Il suffit de corrompre des policiers mal payés pour s’assurer qu’ils laisseront tranquille les gangs. C’est ainsi que la notion de "sécurité" prend un tout autre sens, bien plus meurtrier, dans les favelas.

À l’opposé de tant de sujets sur le Brésil, le reporter Misha Glenny ne se contente pas d’un regard superficiel sur l’évolution récente de ce pays. Avec lucidité, il transcrit l’atmosphère dans laquelle vit le peuple brésilien. Il souligne cette capacité d’adaptation : le principe mafieux apparaît le "moins mauvais" pour surmonter la pauvreté, on l’adopte. Pour des gens intelligents comme Antônio, ça peut devenir un moyen – risqué – de grimper dans l’échelle sociale. Une ascension rapide ne permettant guère de rester au sommet, on s’en doute, car les rouages du système mafieux sont viciés. Il arrive même que des forces de police fassent correctement leur métier, puis que la justice écarte du jeu les "parrains" en les plaçant dans des prisons hautement sécurisées.

Voilà un livre vivant, édifiant, puissant, fascinant, retraçant la vérité tumultueuse d’une favela, explorant au-delà d’un reportage ordinaire des réalités brésiliennes humaines, tourmentées et brutales. Remarquable !

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