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GUILLAUME GUERAUD |
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249Lectures depuisLe mercredi 14 Avril 2016
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Une lecture de |
Laurent (né le 9 mai 1976) et son frère William (né le 30 janvier 1978) ont été élevés par leur mère à Marseille. À peine adulte, l'aîné s'installa dans un cabanon en bord de mer. Où il faisait la fête avec des amis, se mêlant de trafics. En 2007, Laurent fut impliqué dans un vol de tableau, et fit un peu de prison. William, intermittent du spectacle, eut un parcours moins agité. Une de ses activités, c'était la photo de mariage. En 2009, à Manosque, alors qu'il préparait ses prises de vues, il repéra un inconnu suspect. Peu après, à l'heure de prendre les photos de groupe du mariage, des braqueurs s'attaquèrent au bureau de la Poste locale. Il y eut des blessés. Un des bandits fut abattu : Luciani, un ami de Laurent. L'affaire agaça quelque peu le truand Del Pappas, caïd pas antipathique, mais qui n'aimait pas que des amateurs troublent ses propres projets. Comme il l'avait annoncé à son cadet, Laurent partit vivre en Floride, à Naples. Leur amie Léa Kavitchek l'accompagnait. Mais c'est avec une certaine Linda Powers qu'il se maria. Il adressait ponctuellement des photos par mail à son frère William et à leur mère. Laurent claquait visiblement beaucoup d'argent. Sur un des clichés, il figure avec un certain Milan Franek, "l'inconnu suspect" de Manosque, qui échappa au carnage. Un amateur doublé d'un con dangereux, selon Del Pappas. En Floride, Laurent a aussi retrouvé Sol, un copain traficoteur marseillais. Le frère de William s'est lancé dans le bizness des œuvres d'art. On peut penser qu'il a débuté grâce à une toile de maître volée en France. La santé de leur mère déclinant sévèrement, et restant sans nouvelle de son frère depuis janvier, William part rechercher Laurent aux États-Unis en juillet 2014. William découvre l'ambiance de Miami et de ses environs. “Tant qu'il y a quelque part quelque chose à acheter, que ce soit des donuts ou de l'alcool ou des trucs que tu peux même pas imaginer, (...) mec, t'es à Miami et ici tu seras toujours et partout considéré comme un consommateur potentiel” lui explique-t-on. Il contacte l'ex-épouse de Laurent, et retrouve l'adresse de leur copain Sol. Il renoue avec Léa, D.J. dans un club, mariée à un riche et jaloux Cubain d'origine. C'est du côté de Key Biscayne qu'il espère faire évoluer ses investigations. Il y dénichera la trace de Milan Franek, mais pas celle de son frère. William est bientôt confronté à la police, le lieutenant Willeford (quinqua ressemblant à Alec Baldwin) et le sergent Breedan (sosie de Matt Damon). Le laid colosse Haïtien qui le file depuis plusieurs jours, c'est le détective privé Denis Couleuvre, dit Grand Denis. Il lui explique que Laurent – et ses amis Milan et Sol – ont commis la grave erreur de nuire aux intérêts d'une communauté puissante en Floride, les Cubains anti-Castro. Si la prêtresse Marie-Louise a quelques compétences vaudoues, pas certain que ça mette William à l'abri de dangers à venir. Willeford et Breedan n'ont aucune raison de le protéger, non plus. Son périple risque de finir à l'hôpital, non sans avoir récupéré ce qui appartenait à son frère… Auteur d'une quarantaine de livres, Guillaume Guéraud est très connu pour ses romans destinés aux adolescents. C'est bien une histoire visant un public adulte, qu'il a concoctée ici pour la collection La Brune, des Éditions du Rouergue. Un scénario dans la tradition des "pièces du dossier", qui permet de cerner un sujet sans être purement linéaire. William, son héros, nous présente son "carnet de route" illustré par des photographies. Celles qui datent des années passées, plus celles de son voyage en Floride sur la piste de son frère. Sauf qu'il reste plus aucune photo, seulement leurs légendes (c'est le mot qui correspond idéalement, en effet). Est-ce à cause de “Damballa, le dieu serpent, l'esprit de la connaissance” qui n'aime pas que subsistent de mauvaises images ? Polar ou un roman classique ? Cela n'a guère d'importance. Néanmoins, on notera que Guillaume Guéraud fait ici et là référence à la mythologie polardeuse : n'est-on pas dans le fief de “Deux flics à Miami" ? Un policier nommé Willeford (écrivain publié chez Rivages/Noir) et un truand appelé Del Pappas (“Cheveux gris et barbe grise… Il a les rides du rire et un visage de gamin que sa barbe ne parvient jamais à camoufler”, beau portrait de cet auteur méridional de polars). En Floride, on n'est pas loin de Cuba, ni d'Haïti, on le vérifiera dans cette intrigue palpitante, où le "carnet de voyage" ne tarde pas à évoluer vers une aventure mouvementée. Un suspense très excitant ! |