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JOHN GARDNER |
Le Retour De MoriartyAux éditions NEO |
832Lectures depuisLe vendredi 21 Aout 2015
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Une lecture de |
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Réjouissez-vous, coupe-jarrets, surineurs, prostituées, nervis et pickpocket, il est de retour ! Tremblez, bourgeois, traitres, policiers et princes ! Le Professeur est revenu ! Et il était plus que temps. Pensez donc : Le Bancal et son acolyte Lord Peter, profitant lâchement des trois ans d'absence du « Génie du crime», avaient échafaudé le projet de mettre à bas « La Famille ! Et ils y étaient presque parvenus. Certes, ce 5 avril 1894, le Professeur Moriarty ne revient pas seul à Londres. Mr Holmes refait, lui aussi, son apparition. Mais le brillant détective d’antan n'est plus que l'ombre de lui-même. Lui qui avait jusque-là consacré son existence à combattre le Napoléon du Crime, se terre Baker Street. Lui qui est le seul à avoir vu le Professeur Moriarty, ne va pas lever le petit doigt pour s'opposer à ses funestes projets. Autant dire que pendant les 23 fours qu'il passera à Londres, le Professeur ne trouvera personne sur son chemin, et qu’il pourra régler tous les problèmes de « La Famille », réussissant même à mettre sur pieds un réseau international du crime. Sherlock Holmes est un homme fini, mais d'autres prennent la relève… Avec « Le retour de Monriarty », John Gardner, remet en scène le célèbre couple antinomique, crée par Sir Arthur Conan Doyle. Couple détonant où l'intelligence de la déduction trouve un digne partenaire dans le génie du crime. Couple symbole de la lutte éternelle du Bien et du Mal. Mais comme l'indique le titre du livre, John Gardner abandonne le schéma quelque peu manichéiste de la tradition : c'est le mal qui l'intéresse, sa superbe, son arrogance, mais aussi sa fraternité, son quotidien qui nous le rendent parfois un peu trop sympathique. A ce glissement correspond une autre approche littéraire. Gardner n’offre pas uniquement aux lecteurs un pur roman d'intrigue, son livre constitue aussi un document des plus sordides sur la pègre de l'Ere Victorienne (la douce époque de Jack l'Eventreur), et il n’est pas rare de croiser, au détour d’une page, une pauvre fille éparpillée aux quatre coins : « Sur la table de nuit, on avait posé les seins, le cœur et les reins de la malheureuse. Au-dessus du lit, suspendus à un clou, pendaient ses intestins ». Un livre qui ne vous échappe pas, qui ne vous laisse pas voir le temps passé. Un livre où « Les minutes défilent sur la pointe des pieds, un doigt sur les lèvres ».
Septembre 1984 |