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EMMANUEL GRAND |
Pavillon Rouge à La BauleAux éditions PETITS POLARS DU MONDE |
884Lectures depuisLe vendredi 3 Juillet 2015
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Une lecture de |
La Baule, mardi 28 juillet. Le cadavre d'un quinquagénaire vient d'être découvert sur la plage, au petit matin. Capitaine de police, Guillaume Féval arrive sur les lieux. Il s'agit du corps de Jean-Philippe Gleizes, un promoteur immobilier important de La Baule. Marié à Agathe de la Trébaudière, il a des fils âgés de quatorze et seize ans. Ce sont des habitués du restaurant du très chic hôtel L'Hermitage. La mort de Gleizes ne ressemble pas à un suicide : on a lui serré une corde autour de l'abdomen, et on l'a lesté d'un lourd poids. Avec les rochers de la côte environnante, le polyester de la corde s'est vite tailladé. C'est l'œuvre d'un amateur, très certainement. Le policier Féval commence par interroger les moniteurs saisonniers du club de voile voisin, qui connaissaient fort bien la victime. Un meurtre en plein cœur de la saison estivale, à l'heure où le tourisme apporte l'essentiel des revenus de la ville, ce n'est pas fait pour plaire à Gilbert Becquerel, maire de La Baule. Il ne veut aucune publicité autour de cette noyade sur la plage, et il espère une enquête rapide. Ce qui le navre, c'est que le décès de Gleizes risque fort de mettre un coup d'arrêt à un projet immobilier auquel lui aussi tenait. Le promoteur voulait créer un bel ensemble résidentiel dans les marais de Guérande. Une sorte de "Port-Grimaud de l'Atlantique", une marina qui aurait ajouté du prestige à une station balnéaire comme La Baule. Associé de la victime, Michel Bosco est un administratif qui n'a pas la fougue des affaires, autant que Gleizes. La mort de son partenaire n'est pas vraiment une bonne chose pour lui. Il restait une parcelle non négligeable à acquérir pour le projet des marais de Guérande. Elle appartient à un sexagénaire de la région nommé Fabrice Daviaud, un saunier trouvant de bons prétextes pour faire monter les enchères. Féval le rencontre dans les marais salants, lui apprenant la mort de Gleizes. Dans tout projet de cet ordre, il est inévitable que des écologistes s'opposent. Ne cachant pas leur hostilité, on peut considérer qu'Éric Bottereau et Marc Salles se sont même montrés menaçants envers Jean-Philippe Gleizes. La presse locale n'est guère favorable à leur association de défense des marais, pas plus que le maire Becquerel. Finalement, chacun des camps s'accuse mutuellement. Guillaume Féval va devoir définir qui haïssait le plus le promoteur immobilier… Publié en 2014, “Terminus Belz” d'Emmanuel Grand a été récompensé par le Prix polar du festival de Lens, et aussi par le Prix Tenebris 2015 du meilleur roman policier francophone diffusé au Québec. S'il situait alors son intrigue en face de Lorient, dans le Morbihan, c'est un peu plus au sud que se place l'action du présent Petit polar. Enquête traditionnelle avec son lot de suspects, et son enquêteur consciencieux. Il convient de garder en tête que La Baule, une de nos plus anciennes stations balnéaires, toujours très prisée des touristes, est un bel exemple du contexte bourgeois. De Pornichet jusqu'au Croisic en passant par Le Pouliguen et jusqu'à Guérande, une opulence plus ou moins discrète règne en ces lieux. Le raffinement de la haute société va de pair avec ses larges moyens financiers. Irait-on jusqu'à tuer pour un projet immobilier controversé ? Telle est la question. Illustrée par Pierre Place, cette nouvelle est complétée (nouveauté de cette 4e saison des Petits polars du Monde) par un mini-guide signé Jean-Michel Boissier. Dans “Échappées à La Baule”, le journaliste retrace la longue et belle histoire de cette agglomération côtière, avec sa “plus belle plage d'Europe” de sable fin, et les multiples célébrités ayant fréquenté ces villas aujourd'hui classées. Très proche de Saint-Nazaire, la ville connut également des périodes plus sombres. Il faut l'avouer, La Baule ne se destine pas à accueillir les jeunes : “Transformer cet endroit aussi merveilleux en une sorte de maison de retraite géante, c'est désolant” estime le consultant sportif Pierre Ménès. “Échappées à La Baule” nous fait découvrir d'autres atouts locaux, quand même. |
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