personne n'en saura rien de Sylvie GRANOTIER


Personne N'en Saura Rien GRANOTIER248

SYLVIE GRANOTIER

Personne N'en Saura Rien


Aux éditions ALBIN MICHEL


Visitez leur site

1446

Lectures depuis
Le mercredi 5 Novembre 2014

fleche Soutenez RayonPolar en achetant
personne n'en saura rien
sur
Amazone


fleche
fleche

Sylvie GRANOTIER




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Quand se tient le procès de Jean Chardin, il est âgé de trente-neuf ans. Homme costaud, obèse et mollasson, il est accusé de viol sur mineure commis trois ans plus tôt. Isabelle Delcourt, sa victime, avait seize ans. Il ne l'a pas tuée, ce qui apparaît assez surprenant. L'étudiante indemne assiste au procès, prenant quantité de notes, au côté de son avocate. La famille Chardin a été durablement marquée par la déveine, en particulier à cause des déboires du père, boucher. Sa femme, sa fille, son fils, et lui ont vécu dans un trop petit logement, dans une promiscuité dérangeante. Enfant et ado, Jean Chardin n'était pas de ceux qui se font beaucoup de copains, ni qui plaisent illico aux filles. Sympa et serviable, il l'était pourtant. Il était plutôt gros, mais jamais agressif envers quiconque.

Outre le confinement familial, la solitude lui convenait aussi parfaitement. La preuve, c'est que quand il s'installa seul dans son studio à l'âge de vingt-sept ans, son ambition restait de vivre “peinard”. Bon mécanicien apprécié de son patron, il avait un job dans un garage. Jean Chardin donnait volontiers un coup de main à des copains ou à la famille pour des petits travaux de maçonnerie. Ayant acquis une camionnette blanche d'allure banale, il en prenait grand soin. À l'intérieur, un panneau équipé pour la pêche et un autre pour tout le bricolage, aménagés par lui-même. Plus un matelas pouvant lui servir de lit. Car, libre de ses loisirs puisque sans compagne, Jean Chardin aimait s'offrir de temps à autres un petit séjour en bord de mer. Un plaisir sans doute moins anodin qu'il ne semblait.

À l'âge de dix-neuf ans, Jean Chardin fit deux ans de prison pour attouchements sexuels sur mineure. Une accusation certainement exagérée. Il promit à son entourage de ne plus faire de bêtise. Néanmoins, au bord de la mer, les gamines largement dénudées sont fort attirantes sur leurs vélos. Paré de ses lunettes de soleil ocres, il ne les effraie pas malgré sa stature. Irène (fuguant avant son mariage), Mélusine (bientôt seize ans), Jeanne (dix-sept ans) l'ont croisé, pour leur malheur. Il y eut un précédent en Espagne, à San Sebastian, en 1998. Sa sexualité étant basée sur des films X, c'est la domination qui guide à chaque fois Jean Chardin. Ruses grossières pour les attirer, suivies de violences sexuelles.

La dernière fut donc Isabelle Delcourt. Dès l'enfance, elle se méfia des adultes, garda ses secrets. La séparation de ses parents, quand elle avait quatorze ans, affermit encore son caractère, elle qui se montrait déjà peu liante. Quand son amie Cécilia l'initia au théâtre, Isabelle s'ouvrit un peu plus. Elle adopta quand même Yann, le nouveau compagnon de sa mère. Il sera un allié, le moment venu. L'agression, sauvée par les mots qu'elle prononce. Le procès, qu'elle affronte avec une sérénité quelque peu étonnante. Si le père de Chardin est intransigeant, les témoignages de la défense plaident plutôt en faveur de l'accusé. Ce dernier voit en Isabelle “un petit sphinx” dont il convient de se méfier…

Sylvie Granotier est une des romancières les plus douées pour concocter des suspenses psychologiques. Avec “Personne n'en saura rien”, elle le démontre une fois de plus. Nous raconter in-extenso le procès d'un pervers pourrait être intéressant, mais n'aurait rien de novateur. Évoquer les crimes pédophiles, les disparitions d'enfants, c'est se souvenir des cas d'Estelle Mouzin, de Natascha Kampusch, ou même du procès fait à Michaël Jackson. Autant d'affaires complexes : voilà ce que Sylvie Granotier souligne à travers les portraits de l'accusé et de sa victime. La vérité ne suit pas un chemin linéaire dans ces dossiers-là.

Jean Chardin, un “prédateur sexuel” ? La formule est médiatique, trop floue. D'une bonne intelligence moyenne, possédant du sens pratique, se laissant rarement entraîner par ses pulsions, il n'est pas vraiment conscient de sa monstruosité. Il copie sa vie sexuelle d'après les films X par facilité, sans y réfléchir. Il récidive, juste parce que l'occasion s'en présente. Quant à Isabelle, victime plus “chanceuse” ? Pas exactement. Il faut observer l'évolution de sa vie si l'on veut comprendre son caractère. L'entourage mi-protecteur mi-distant de l'ogre, celui plus perturbé de la jeune fille : au final, ces univers ont un sens.

C'est avec une belle maestria que Sylvie Granotier dépasse l'intrigue classique, pour nous proposer un suspense remarquable.

Retrouvez
CLAUDE LE NOCHER
sur
action-suspense.over-blog.com
 
livrenpoche
Chercher sylvie granotier



 
 



Pour être informé des Mises à Jour, Abonnez-vous à l'Hebdo du RayonPolar
Indiquez votre Mail

Les réclames du RayonPolar

Pour votre publicité, contactez le site

Pub sur RayonPolar

Sur les 32200 pages du Site
chiffres Google Le jeudi 3 Novembre 2011







En accédant à ce site marchand par l'intermédiaire de ce lien vous soutenez financièrement le RayonPolar






Site dédié au Polar-Film-Série
Si vous entrez directement sur cette page,
Retrouvez ses nouvelles en ligne, ses critiques de polars, de films, de séries TV
Sa liste de revues et sa galerie de couvertures de polars anciens.
Visitez le Rayon Polar
Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les gros mensonges et les statistiques.
- Benjamin Disraeli (1804-1881), homme politique britannique















Pinterest
(C) Les textes n'engagent que leurs signataires
RayonPolar
Certaines illustrations de ce site sont des reprises des couvertures de la collection Néo et sont signées
Jean-Claude Claeys.

Reproduit ici avec son aimable autorisation
Pour visiter son Site
Pour acheter des originaux
Cliquez sur l'image
RayonPolar