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MAXIME GILLIO |
Anvers Et DamnationAux éditions ATELIER MOSESUVisitez leur site |
1420Lectures depuisLe lundi 29 Septembre 2014
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Une lecture de |
L'Embaumeur N°5. Parution le 13 septembre 2013. 256 pages. 9,95€. Anvers et contre toutes... et même tout contre... ! Disons-le tout de suite, toute ressemblance avec des événements qui se seraient déroulés à New-York dans une suite hôtelière serait fortuite, quoi que... En effet Hubert Molas (vous pouvez prononcer intérieurement Molasse !) la soixantaine gaillarde, vise le rôle très prisé de Président de la République Française. Ce qui ne l'empêche pas de succomber à quelques débordements charnels, souvent tarifés, histoire d'entretenir sa libido et de penser à l'érection au sommet du pouvoir. Il a commandé auprès de son fournisseur habituel, un certain Dominique (suivez mon regard...), lorsqu'il est en déplacement dans cette région, la possibilité de lui envoyer une jeune femme qui saura le dérider. Seulement, sa petite affaire réglée au mieux, malgré son aversion pour la couleur de peau de sa partenaire, une ravissante Black qui lui démontre que la valeur n'attend pas le nombre des préjugés, il se met en colère lorsqu'il s'aperçoit que celle-ci a subtilisé le condom protecteur. Il lui administre une correction qui dégénère car la jeune femme extirpe de son sac une longue tige métallique qu'elle plante dans le cœur de son ex-partenaire d'un soir. Alors qu'il rêve tout en buvant son café, le téléphone de Luc Mandoline l'interrompt dans ses pensées. Il ne s'agit pas d'Elisa, sa chère Elisa, mais de son pote Maxime Claeneboo, copain d'enfance devenu flic ce qui n'est pas incompatible, qui lui demande un tout petit service. Et voilà le repos de Luc est gâché car il lui faut rejoindre Anvers de toute urgence, si possible en compagnie de Sullivan, pour procéder à une intervention en toute discrétion. Luc râle mais Luc obtempère. Sullivan et Luc ont longtemps baroudé ensemble comme mercenaires puis ils se sont installés comme thanatopracteurs indépendants, effectuant des remplacements mais là cela promet quelques ennuis en perspective. D'abord parce que Sullivan et Claeneboo ne sont pas vraiment en bons termes, ensuite parce que ce genre de travail qui demande doigté et mutisme sent louche. En effet, munis des sacrosaints papiers qui leur permettent d'exercer leur art en Belgique, ils se rendent à Anvers. Le commissaire Joos Van der Kuyp les accompagne jusqu'à la chambre froide où les attendent déjà Claeneboo et le cadavre. Les premières réparations peuvent enfin être effectuées. Officiellement Molas est décédé d'un infarctus, mais les deux experts raccommodeurs de cadavres se rendent immédiatement compte qu'un objet violent non identifié mais pointu a été enfoncé entre les côtes et de plus le cœur est manquant parmi les organes internes. Affirmer que Molas n'avait pas de cœur serait présomptueux mais force est de constater que celui-ci manque à l'appel. Dans un petit café Van der Kuyp met les choses au point. La Belgique et la France exigent que l'affaire soit étouffée. Et d'autres hommes influents ont connu le même sort quelques semaines auparavant. Si Mandoline et son ami pouvaient s'investir dans la résolution de ces énigmes, cela l'arrangerait car lui-même est trop pris par son enquête sur un réseau international de prostitution. Il leur présente son adjoint qui pourra éventuellement les aider dans leurs recherches, une jeune femme qui semble toute dévouée à son chef, peut-être même en être amoureuse. Et voilà Mandoline et Sullivan au cœur d'un imbroglio qui sera ponctué de batifolages, de découverte sanglante dans un zoo et d'une sombre histoire de sorcellerie venue tout droit d'une ancienne possession belge en Afrique. Maxime Gillio manie l'humour et l'horreur avec un plaisir évident. Certes il n'est guère aisé de mettre en scène un réseau de prostitution, constitué ou non de jeunes femmes Noires, sans tomber dans le graveleux, ni des séances de sorcellerie africaine sans abuser du sanguinolent. Alors l'un compense l'autre. Je reproche tout au plus certains dialogues dans lesquels, surtout Sullivan, se montre un peu raciste ou fait preuve d'ostracisme envers (fallait bien que le place celui-là !) une partie de la population dont l'appétit charnel va à l'encontre de ses préférences sexuelles. Traiter par exemple quelqu'un de tarlouze, même dans un roman, ne fait pas bon effet et ne fait pas honneur à celui qui prononce ce mot. A moins que je fasse partie des vieux qu'on de l'âge (vous notez la subtilité?) que des déviances sémantiques dérangent. Il faut donc opérer quelques abstractions dans le texte et ne s'en tenir qu'à l'histoire, souvent loufoque, parfois émouvante, surtout lorsqu'il s'agit des travaux... d'insertion et de réinsertion de la part de jeunes femmes malmenées, bousculées, abaissées et qui sont contraintes à exécuter leur petite besogne, ou corvée, par besoin matériel, sous la pression d'êtres malsains ou par vengeance. Mais Maxime Gillio a écrit, malgré mes quelques petites réserves, un roman plus profond qu'il y parait tout en l'entourant d'humour caustique, tout comme le faisait Frédéric Dard lorsqu'il signait San-Antonio, un romancier que Maxime Gillio vénère tout particulièrement. Dans cette même collection L'Embaumeur vous pouvez découvrir : Harpicide de Michel Vigneron Ainsi fut-il d'Hervé Sard (mon préféré) Le label N de Jess Kaan. |
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