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OLIVIER GAY |
Mais Je Fais Quoi Du Corps ?Aux éditions LE MASQUEVisitez leur site |
1833Lectures depuisLe vendredi 27 Decembre 2013
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Une lecture de |
Il se nomme John-Fitzgerald Dumont, mais on l'appelle Fitz. C'est un Parisien pur jus, âgé de trente ans en cette année 2013. Si son frère aîné Howard est un cador de la finance, Fitz a eu d'autres ambitions. C'est-à-dire, faire la fête plusieurs nuits par semaine, draguer des jeunes femmes consentantes, s'alcooliser à outrance, et dealer de la drogue de bonne qualité pour vivre cette vie. Certes, comme avec l'avocate Daniela, il arrive à Fitz d'oublier comment il arrive dans le lit d'une de ses conquêtes. En général, il maîtrise les problèmes, même s'il a déjà été mêlé à deux affaires agitées. Ce qui explique que ses relations avec son ex Jessica, commissaire de police, sont moyennement au beau fixe. Au besoin, il peut compter sur ses amis, l'agent de sécurité Moussah, et la jeune prof de lycée Déborah. Si ses parents veulent une fiancée présentable, cette dernière peut faire illusion. Ce dimanche-là va s'avérer un brin contrariant. Un client VIP, le député Georges Venard, valeur montante de la République, a besoin d'être livré en drogue. Quand Fitz arrive au domicile de Venard, celui-ci vient de se suicider. Ou d'être trucidé par l'homme qu'il vient de croiser dans l'escalier. Rien qui concerne Fitz, donc il n'est pas utile de s'y attarder. Sauf qu'un visiteur inconnu l'attend dans son appartement, avec l'intention de l'éliminer. Il vaut mieux appeler Moussah à la rescousse. Malgré l'agilité du Noir agent de sécurité, le tueur s'enfuit. Il est fort probable que la menace qui plane soit en rapport avec la mort de Georges Venard, et que ses proches amis soient autant pistés que Fitz. Il se réfugie chez Moussah, à Châtillon, où Déborah rapplique bientôt. Ce ne sont pas les hypothèses qui manquent au trio, même s'ils ne comprennent guère qui veut la peau de Fitz. Quand l'adresse de Moussah est repérée par leurs adversaires, il est prudent que les trois amis se cachent dans une chambre d'hôtel. Grâce au hacker Bob, qui joue quelque peu les anges gardiens pour Fitz, ce dernier fait le portrait-robot de l'inconnu vu dans l'escalier de Venard. Grâce à une manipulation scandaleusement illégale, on parviendra à identifier cet homme. Jérôme Sultan, un ponte d'un grand groupe industriel, semble bien n'avoir rien à se reprocher. Par contre, suite à ladite manipulation, Fitz est recherché par les flics. Il assomme même l'adjoint de Jessica, venu fouiller son appartement. Être traqué, ça ne peut pas durer plus longtemps. Aussi Fitz décide-t-il de glaner suffisamment d'infos, en partie via le hacker Bob, afin de contre-attaquer. Son ennemi n'est pas un amateur, il va donc falloir ruser et bluffer pour s'en sortir... Cette troisième aventure de Fitz peut aisément se lire sans avoir suivi les précédentes, car on cerne vite l'univers du personnage central. À la base, c'est un de ces frimeurs hantant les nuits festives, des semi-oisifs dealant sans en faire un gros bizness : “Mais je n'étais pas un citoyen lambda. Je m'approvisionnais une fois tous les deux mois auprès de narcotrafiquants russes, afin de fournir en cocaïne la jeunesse dorée parisienne.” Que des embrouilles lui tombent ponctuellement sur le nez apparaît assez légitime. Entraîné dans une virevoltante course-poursuite n'autorisant que peu de sommeil, il acquiert bientôt la sympathie du lecteur. La narration ne peut se faire que par le héros, pour la vivacité du récit, et pour transmettre les inévitables questionnements de celui-ci. Le scénario se veut à l'image de notre époque immédiate. Entre portables et divers appareils informatiques, la technologie numérique est fort sollicitée. Encore qu'une bonne vieille cabine téléphonique permette d'être moins vite “tracé” par l'adversaire, on le verra. On frise parfois un peu la description GPS Paris-proche-banlieue, mais ce défaut reste limité. Les tribulations de Fitz, Moussah et Déborah, sont mouvementées à souhaits, baignant dans un certain mystère quant aux motifs réels de cette traque. Il est important de glisser une dose d'humour dans ces situations tendues : “Je me retrouvai rapidement devant une forteresse de béton, aussi lisse et laide qu'une chanson de Christophe Maé.” Cette histoire répond parfaitement à la définition du roman d'action et de suspense. Ce qui ne manquera pas de séduire les amateurs de polars trépidants.
La question qui tue... Je ne dealais que trois soirs par semaine, sans courir après le profit. Tant que je parvenais à payer le loyer, quelques verres en soirée et le pressing de mes costumes, tout allait bien. Fitz, de son vrai nom John-Fitzgerald Dumont, n'a pas pour ambition de devenir un trafiquant de drogue prospère entouré d'une bande de petits revendeurs, juste de quoi assumer le quotidien. Il a pour amis Deborah, professeur d'histoire dans une ZEP de banlieue, et Moussah, agent de sécurité et videur. Et aujourd'hui dimanche, il va déjeuner chez ses parents, une réunion hebdomadaire immuable, leur présenter Deborah comme sa petite amie afin de les rassurer sur sa sexualité et son envie d'enfin se poser. Ils croient, les malheureux, que Fitz est commercial dans une boîte de jeux vidéos, un paravent social. La veille il s'est largement décrasser les papilles avec de nombreux mélanges alcoolisés et au petit matin il s'est réveillé dans un environnement inhabituel. Il n'est pas dans son lit. A côté de lui, une femme. Il y a pire comme réveil. Mais il ne se souvient pas de ce qu'il s'est passé. Alors, ils font à nouveau connaissance. Sa partenaire se prénomme Daniela et elle est avocate. Elle n'aime pas trop son prénom. Peut-être à cause de la chanson d'Elmer Foot Beat mais sûrement pas en référence à celle des Chaussettes Noires, ils sont trop jeunes. Une aventure sans lendemain comme souvent. Donc déjeuner chez les parents de Fitz (je reprends le fil de l'histoire) en compagnie de Déborah. Et les retrouvailles avec son frère Howard, que Fitz n'a pas vu depuis quelques mois, pour ne pas dire quelques années. Faut expliquer qu'entre les deux frangins, les valeurs sociales et professionnelles ne vont pas dans la même direction. Il est alors dérangé par une appel intempestif : Georges Venard, jeune député pas dépité mais ambitieux, ayant déjà quelques propositions de loi, controversées, à son actif, a besoin de soleil. En langage codé, il s'agit ni plus ni moins qu'il est en manque. Fitz en général n'effectue pas de livraisons le dimanche mais la promesse d'une récompense alléchante l'incite à déroger à ses principes. Dans le hall de l'immeuble du député, il rencontre un homme qui descend les escaliers. Rien de particulier, sauf que l'inconnu a l'air surpris. Tout comme Fitz d'ailleurs qui s'étonne légèrement de l'attitude du personnage. Il se toisent puis chacun va de son côté. Seulement Venard ne daigne pas ouvrir lorsque Fitz sonne à sa porte. Dépité notre revendeur de drogue rentre chez lui, dort tout son saoul et le lendemain il apprend par les journaux que Venard a été retrouvé mort dans son appartement. Selon toutes vraisemblances il s'est suicidé. Fitz se renseigne sur Internet afin de mieux connaître les antécédents de son défunt client. C'est à ce moment que Bob, un hacker dont il a fait la connaissance lors d'une précédente aventure s'immisce via son écran interposé. Fitz dont les habitudes alimentaires sortent de l'ordinaire, il mange à pas d'heure, se rend dans une échoppe de restauration rapide. Bob le contacte sur son téléphone pour lui signaler que quelqu'un s'est introduit chez lui. Comme quoi, il vaut mieux laisser son ordinateur allumé, Bob a pu entendre une conversation entre l'intrus et un correspondant téléphonique. La dernière phrase se résume en ces quelques mots : Mais je fais quoi du corps ? Fitz se rend compte que devant chez lui deux hommes l'attendent et ce n'est surement pas pour lui offrir des fleurs. Commence alors une course poursuite et il est obligé de requérir les services de Déborah et de Moussah ainsi que d'une autre connaissance rencontrée dans une précédente aventure qui l'aidera à établir le portrait robot de l'inconnu dans l'escalier de chez Venard. Fitz est traqué, et il ne peut compter que sur ces deux fidèles amis, peut-être éventuellement sur son ex, Jessica, commissaire de police, mais il traîne trop de casseroles derrière lui qu'il vaut mieux éviter de la contacter. Et il possède encore sur lui une somme d'argent conséquente ainsi que quelques sachets de drogue qui ne lui serviront pas de passeport s'il est arrêté par les policiers. Traqué par des hyènes, le chaton se transforme peu à peu en tigre. Mais un tigre qu'une cohorte de tueurs poursuivent, comme s'il avait une balise accrochée autour du cou. Fitz, c'est un peu comme un voisin de palier dont on a fait la connaissance entre deux portes. On se dit bonjour, bonsoir, on échange quelques mots, il s'épanche parfois sur des incidents qui lui sont arrivés. Mais ce voisin devient à la longue plus présent et on arrive à mieux le connaître, le définir, le situer dans l'échelle sociale. C'est quelqu'un portant beau sur lui, toujours propre, soigné, affable, un peu naïf, aux horaires décalés, et un beau jour, une nouvelle facette remplace la précédente, et l'on se demande si l'on doit continuer à le fréquenter ou non. On se pose la question de savoir si vraiment c'est une personne de bon aloi, s'il ne nous manipulerait pas, si cet homme propre sur lui ne cacherait pas une âme et un esprit diaboliques. Et lorsqu'il se confie entièrement, qu'il vous narre ses pérégrinations, on se demande si l'on doit s'apitoyer sur son sort ou se révulser. Il se dévoile sans manichéisme, sans fard. Mais en y réfléchissant bien on se demande si quelle serait notre réaction si on était confronté à ce genre de problèmes. Car un jour, qui sait, même si on n'est pas revendeur de drogue, on peut se trouver embarqué dans la même galère, et si on possède de bons amis, des vrais, peut-être qu'on n'irait pas trouver la police pour dénouer ce genre de problème. C'est également une réflexion sur les méfaits des technologies nouvelles, téléphones portables dernière génération, réseaux sociaux et autres. Soyons honnêtes, parfois ils ont du bon, mais c'est l'addiction et la dépendance qui sont la plupart du temps néfastes. Personnellement j'ai été plus convaincu par Olivier Gay et l'histoire qu'il nous raconte avec une pointe d'humour et d'angoisse que par des auteurs qui furent de véritables truands, drogués et fourgueurs de drogue, casseurs et même tueurs, tels que Donald Goines dont quelques romans furent traduits en Série Noire. |
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