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PASCAL GARNIER |
Trop Près Du BordAux éditions POINTSVisitez leur site |
1889Lectures depuisLe jeudi 28 Novembre 2013
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Une lecture de |
Éliette Vélard habite désormais à Saint-Vincent, village de l'Ardèche près de Montélimar. Âgée de soixante-quatre ans, veuve de Charles, Éliette a deux enfants adultes vivant en région parisienne. Elle a décidé de s'installer dans cette maison qu'ils retapèrent avec son défunt mari, où ils passèrent longtemps leurs vacances en famille. Ses seuls voisins sont Paul et Rose Jaubert, qui tiennent une ferme à quelques kilomètres. Ce n'est pas qu'Éliette s'ennuie vraiment ici, se trouvant des occupations, mais c'est un coin presque trop calme. Il lui arrive de gentiment fantasmer sur son voisin Paul, ou de délirer sur des légumes aux allures de sex-toys. Encore fort séduisante, Éliette manque de tendresse sexuelle. Petit incident avec sa voiturette, un pneu crevé. Un homme de passage vient en aide à Éliette. Âgé de quarante-cinq ans, Étienne Poilet semble avoir un problème, qui l'a conduit à échouer par ici. Éliette l'invite chez elle, lui proposant bientôt de l'héberger. Elle se sent revivre, grâce à cette belle parenthèse dans sa vie, même si elle doit être courte. Chez ses voisins, un drame s'est produit. Leur fils Patrick vient de trouver la mort dans un accident de voiture. Il est vrai que c'était un excité du volant. Il aurait été surpris par un obstacle, un véhicule mal garé au bord d'une route étroite. Éliette tente de réconforter Rose, tandis que Paul Jaubert abuse en solitaire du pastis pour calmer sa rage naturelle. Agnès, la fille d’Étienne, débarque chez Éliette. Cette jeune énervée de vingt ans traîne de longue date dans des milieux interlopes. Elle n'ignore pas qu’Étienne est passé par la case prison au Maroc, avant de revenir à Paris. Pour le compte d'un certain Théo, père et fille doivent fourguer deux kilos de drogue cachés dans une petite mallette. Avec l'accord de son père, Agnès va s'absenter afin de contacter un client potentiel sur la Côte. Chez les Jaubert, arrive leur second fils Serge et son compagnon allemand. Ce qui ne risque pas de calmer Paul, mécontent d'avoir un fils homosexuel. Bien qu'elle sente cette tension, Éliette entend profiter autant que possible de la tendresse câline que peut lui apporter Étienne. Pourtant, la situation va fatalement s'envenimer, entre Paul Jaubert et le voisinage, ainsi qu'entre Agnès et Éliette... Les romans du regretté Pascal Garnier (1949-2010) sont ponctuellement réédité, ce qui est une excellente initiative. Nul besoin d'écrire des pavés, de complexifier à outrance les intrigues, pour captiver les lecteurs. Telle pourrait être la leçon que donne cet auteur. Ça n'empêche pas une construction ciselée de l'histoire, au contraire. Si tout commence dans la paix, on va vers la fureur. À la base, des faits anodins et des personnes qui ne sont pas destinées à se croiser. Éliette ou Paul, des gens ordinaires. Étienne et Agnès, plutôt dans la délinquance. Puis monte un crescendo qui rappelle ces enchaînements de circonstances se terminant en faits divers. Comme dans certaines affaires dramatiques d'ex-conjoints qui n'ont plus à se rencontrer, et qui finissent mal. Si la vie quotidienne apparaît sans troubles particuliers, chacun porte son propre vécu, ses sentiments intimes. Pour traduire cela, Garnier ne manquait pas de finesse. D'humour ironique, non plus. “La rhinite d'Agnès n'avait pas l'air de s'arranger mais, curieusement, cela semblait lui donner une énergie qu'elle déployait sans compter.” En réalité, elle sniffe de temps à autres des rails de coke. Ce qu'une brave femme telle qu'Éliette ne saurait imaginer. Si le ton n'est jamais agressif, le récit est percutant. Bien que d'un format assez court, un roman riche et sombre. |
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